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Monde: les explorateurs du XXIe siècle

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Jeudi, 23 Juillet, 2015 - 05:55

Zoom. Le Club des explorateurs représente les aventuriers de la terre entière depuis 1904. Ses héros du moment? Bertrand Piccard et André Borschberg.

Le manoir de style jacobéen est dissimulé dans un recoin du quartier huppé de l’Upper East Side, à Manhattan. Ses deux lourdes portes ressemblent à celle d’un monastère. Un ours polaire empaillé accueille les visiteurs. Les murs sont ornés de tableaux de maître européens des XVe et XVIe siècles. La cheminée est sertie de défenses d’éléphants. Une table a été fabriquée avec le bois de l’USS Explorer, un des sept navires de guerre rescapés de l’attaque de Pearl Harbor. A l’étage, dans la «salle de trophées», se trouve une série d’animaux empaillés: un pingouin, des lions, un léopard, un élan.

Le quartier général du Club des explorateurs respire les aventures du siècle passé. On imagine aisément ses membres fumer des cigares et boire du whisky dans les fauteuils du vieux manoir, en parlant de leurs dernières expéditions dans la savane africaine ou sur les sommets alpins.

Le Club des explorateurs a pour but de promouvoir et de réunir les aventuriers du monde entier. «Il a été fondé en 1904 par sept explorateurs de l’Arctique, en tête desquels se trouvait Henry Collins Walsh, un journaliste fasciné par le pôle Nord, pour rencontrer d’autres aventuriers», explique Lacey Flint, l’historienne officielle de l’association. Sa devise: «Explorer la terre, la mer, l’air et l’espace.»

Parmi ses membres les plus illustres figurent Sir Edmund Hillary et Tenzing Norgay, les premiers alpinistes à atteindre le sommet de l’Everest, Robert E. Peary et Matthew Henson, les premiers explorateurs à gagner le pôle Nord, et l’astronaute Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la Lune. Le club n’est pas non plus en manque de citoyens helvétiques: Auguste, Jacques et Bertrand Piccard, Mike Horn ou encore Philippe Baertschi en sont tous membres.

Aujourd’hui, le club compte 3000 adhérents tout autour du globe, organise des conférences sur leurs hauts faits et accorde des bourses à des projets d’expédition. Mais, à une époque où n’importe qui peut se balader dans les rues de Buenos Aires ou de Pékin à l’aide de Google Streetview, que signifie «partir à l’aventure»? L’époque des grands explorateurs serait-elle révolue?
Pour Christine Dennison, les explorations d’aujourd’hui sont simplement différentes. Cette petite brune en talons, un sac Louis Vuitton sur l’épaule, n’a pas le profil de l’aventurière type. Elle enchaîne pourtant les expéditions au pôle Nord depuis des années. L’une de ses passions: la plongée sous-marine sous la glace. Elle sort son iPhone et montre les photos et les vidéos de sa dernière expédition: on y voit une étendue de glace qui flirte avec l’horizon. «C’est tellement silencieux, dit-elle. J’adore.»

La technologie a transformé les grandes expéditions.«Nous pouvons récolter bien plus de données scientifiques que nos ancêtres, explique-t-elle, adossée au bureau sur lequel Theodore Roosevelt (également membre, ndlr) écrivait ses lettres. Nous pouvons utiliser des drones pour explorer des zones sous-marines auxquelles nous n’avions pas accès autrefois ou utiliser des sonars extrêmement puissants pour mieux comprendre la vie sous-marine.»

Selon David Concannon, le vice-président du club, les expéditions du XXIe siècle n’ont plus les mêmes objectifs. «Etre le premier à accomplir un exploit ne compte plus aujourd’hui, explique-t-il. Les aventures qui valent quelque chose sont celles qui ont du sens.» Lui-même est parti à la recherche de la fusée Apollo F-1, qui a fini au fond de l’océan après avoir propulsé Neil Armstrong dans les airs, en compagnie de Jeff Bezos, le CEO d’Amazon. «Nous voulions garder une trace de cet exploit historique et permettre aux historiens d’analyser cet objet», détaille-t-il.

Pour les membres du Club des explorateurs, l’une des aventures modernes les plus impressionnantes est celle des deux irréductibles Helvètes à bord de l’avion Solar Impulse: «Bertrand Piccard et André Borschberg sont fascinants, souligne Ted Janulis, le président du club. Réaliser un tour du monde en avion solaire est une prouesse remarquable. Et cela livre un message unique: que nous pouvons voyager sans utiliser une once d’énergie fossile.» Les pingouins et autres lions empaillés peuvent dormir tranquilles. Le Club des explorateurs continuera à accueillir les aventuriers longtemps encore.

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Clément Bürge
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