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Retraite: témoignages de Georges Maeder et de Nicolas Babey

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Jeudi, 14 Novembre, 2013 - 06:01

Sommaire:
Edito: les inégalités devant la retraite
Retraite des fonctionnaires: privilégiés, mais jusqu’à quand?
Tout sur les retraites des fonctionnaires romands
Témoignages de Georges Maeder (ex-professeur) et de Nicolas Babey (prof au lycée de Porrentruy)
Röstigraben jusque dans le 2ème pilier

Georges Maeder, 65 ans, Delémont, ex-professeur à l’Ecole de commerce
«J’ai mérité ma retraite»
Caisse de pensions: 5437,40 francs par mois, AVS (rente de couple): 2340  francs par mois.

Georges Maeder est chanceux. Et il le sait. A 65 ans, cet ancien professeur de français et d’allemand à l’Ecole de commerce de Delémont, père de trois adultes, a pris sa retraite en juillet dernier. Alors que la caisse de pensions du canton du Jura va passer du régime de primauté des prestations à celui des cotisations en janvier 2014 – et que des fonctionnaires pourraient perdre jusqu’à 25% de leur rente –, le Jurassien, lui, n’a pas de souci à se faire, sa rente est assurée jusqu’à la fin de ses jours. «J’ai eu de la chance d’être au bon moment au bon endroit. Par rapport aux collègues plus jeunes que je viens de quitter, je n’ai pas mauvaise conscience. J’ai plutôt un sentiment de reconnaissance pour l’époque dans laquelle je vis. C’est comme lorsque l’on est en bonne santé: il s’agit d’un privilège dont il faut être conscient.» Plaint-il ses ex-collègues? «Non, quand même pas. Il faut avoir confiance. Peut-être qu’ils pourront trouver un petit job d’appoint, une fois à la retraite. 

Il faut dire que maintenant, il y a deux salaires dans un couple. Mais si l’on me demandait d’échanger ma place contre la leur, je garderais la mienne.» Georges Maeder fait partie de cette génération dont le niveau de vie s’est beaucoup amélioré, grâce aux études. Le Jurassien aurait pu s’arrêter à 62 ans, après 35 ans de carrière. Il a préféré continuer encore trois ans – sa fille cadette finit ses études et son épouse travaille encore – mais en réduisant son temps de travail, à 75% la première année, puis à 50% les deux dernières années. «J’ai pu quitter mon poste avec sérénité, sans être épuisé.» Mal lui en a pris, car il a perdu des plumes pour sa retraite. Certes, ce ne sont que 40 francs mensuels – sa retraite étant calculée sur un salaire moins élevé les dernières années – mais cette légère pénalisation est démotivante. «A une époque où l’on prône l’allongement du temps de travail, une telle diminution n’est pas motivante. Autour de moi, je connais beaucoup de personnes qui sont parties après 35 ans d’activité.»


Nicolas Babey, 43 ans, prof au lycée de Porrentruy
«Je fais des économies pour ma retraite»
Salaire net mensuel: 10 946 francs. Rente (2e pilier) projetée* à 62 ans: de 2742 à 3442  francs.

«A 40 ans, certains de mes collègues aimeraient déjà savoir à quelle sauce ils seront mangés à la retraite. Ceux de 58-60 ans regardent comment perdre le moins possible, même si certains continuent d’aller en vacances trois fois l’an. Nous savons tous que ça va mal tourner financièrement. Mais cela m’est égal. Je ne parlerais pas ainsi s’il me manquait 20 000 francs par mois.»

L’an prochain, la Caisse de pensions de la République et Canton du Jura va passer du système de primauté des prestations à celui des cotisations. Les fonctionnaires de 40-50 ans pourraient voir leur retraite fondre de 10 à 25%. Comment ses collègues réagissent-ils à son indifférence? «Il y en a qui rigolent et qui me disent que je suis fou; d’autres écoutent ma position.» Elle est simple: il apprend à vivre avec moins. «Vivre mieux, ce n’est pas avoir toujours plus d’argent. Notre budget vacances annuel est de 1500 francs, nous avons une très vieille Renault, pas de télévision, pas de téléphone portable, mais avons une maison. A mes yeux, la vraie richesse, c’est la famille, la santé et des valeurs de partage. Alors pourquoi me prendre la tête avec des histoires comme celle-là? Je ne veux pas me rendre malheureux et gâcher mes vingt prochaines années avec ces questions. Je laisse les professionnels faire leur métier.» S’il fait bouillir la marmite pour son épouse au foyer et ses trois enfants, il aide également ses parents, à raison de 500 francs par mois, car leur retraite est minuscule. Il a également retiré 90 000 francs de son 2e pilier pour acquérir sa maison.

N’empêche, même s’il s’en remet aux professionnels, le Jurassien a tout de même pris des précautions: il fait des économies et continue de renflouer son 3e pilier, à raison de 3000 francs par année. «Si la caisse replonge dans six ans, je ne serai pas surpris. Mais j’aurai économisé. Je ne fais plus confiance au système.» Ce qui le rendrait vraiment furieux? Que l’argent des rentes parte dans les poches des financiers. «Mais mon sentiment actuel est que je participe à l’effort collectif; je suis d’accord de payer si c’est pour le bien général.»

* Calculs faits par la Caisse de pensions de la République et Canton du Jura

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Thierry Porchet / image21.ch
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