Analyse.Le nouveau site de production lausannois de la RTS sur le campus de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne devrait concerner l’ensemble de la presse.
Dans deux ans, la première pierre sera posée. Et, à l’horizon 2020, la RTS aura définitivement quitté la Sallaz, sur les hauteurs de Lausanne, pour s’installer à proximité de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de l’Université de Lausanne (UNIL). Adieu donc, pour les collaborateurs d’une radio qui émet depuis plus de nonante ans, à la neige en hiver quand il pleut sur les rives du lac Léman. Et bonjour, pour les acteurs d’une désormais radio-télévision-multimédia en Suisse romande, à un espace de savoirs et d’innovations au rayonnement international.
Le nouveau site, habillé par les architectes belges Kersten Geers et David Van Severen, sera «original» et «agréable à vivre, favorisant rencontres et échanges, à l’exact contraire de toute tentation d’esbroufe ou d’effet gadget», promet sur son site Gilles Marchand, directeur de la RTS. Au prix d’un investissement de 35 millions de francs amortis sur cinquante ans (90 millions, le coût total du projet, auquel il faut déduire 55 millions, le montant de la vente du bâtiment de la Sallaz à l’Etat de Vaud), c’est à espérer. Mais fallait-il vraiment créer ce nouvel écrin?
Le moins que l’on puisse dire est que la droite et la gauche ne s’entredéchirent pas sur le sujet. «Ce rapprochement d’un grand média comme la RTS de l’EPFL est salutaire. Il aurait dû se faire depuis longtemps», insiste le conseiller national libéral-radical vaudois Fathi Derder. «Symboliquement, ce nouveau site est très intéressant. La RTS va s’installer dans une zone en plein essor, bien desservie par les transports en commun, enchaîne le député socialiste vaudois Jean Christophe Schwab. On reproche assez aux chercheurs d’être confinés dans leur coin et de ne pas parler au grand public!»
Percer le mystère des algorithmes
Pour les journalistes et l’ensemble des collaborateurs de la RTS, ce nouvel emplacement serait aussi profitable. Faisant référence à Marc Andreessen, fondateur de Netscape, gourou de la Silicon Valley et auteur de l’ouvrage Le numérique dévore le monde, Fathi Derder observe que «l’avenir des médias est conçu par des ingénieurs qui développent des algorithmes, mais les
journalistes ne comprennent rien au traitement de ces derniers».
Un journaliste n’est certes pas un ingénieur. Mais s’il souhaite enquêter sur ces boîtes noires que sont les algorithmes échappant de plus en plus à tout contrôle, notamment dans la haute finance, mieux vaut bien les connaître. Or, l’EPFL comme les universités de Lausanne et de Genève disposent de laboratoires à la pointe des technologies de l’information.
Associer les éditeurs privés
S’il semble assez logique que des institutions de service public comme l’EPFL, les universités et la SSR apprennent à mieux se connaître, pourquoi ne pas associer les éditeurs privés comme Ringier, Tamedia ou les autres médias indépendants? «Face à Google ou Facebook, leur ouvrir une porte, ce serait souhaitable, insiste Fathi Derder. Les éditeurs privés sont les bienvenus.» Le message est de Barbara Stutz, porte-parole de la RTS, qui précise que plusieurs projets sont à l’étude avec les hautes écoles et les universités. Dont un projet d’incubateur de start-up media qui sera ouvert à tous les acteurs de la branche. Nous en saurons plus dans six mois. Par ailleurs, il est question de mettre à disposition des archives audiovisuelles de la RTS, comme celles du Montreux Jazz et d’autres fonds de Suisse romande. «Les archives des journaux seraient également les bienvenues dans ce projet.» Le service au public n’est-il pas la principale mission de tous les médias, quels qu’ils soient?
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