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La chronique de Peter Bodenmann: il y a quelque chose qui cloche chez nous

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Mercredi, 9 Septembre, 2015 - 05:51

A l’aide de leurs alliés, les américains ont envahi deux fois l’Irak. Après avoir clairement menti au monde entier. L’Afghanistan, la Syrie, la Libye: partout on a bombardé et strictement rien construit. De Tripoli à Kaboul en passant par Damas et Beyrouth, les Etats et leurs populations sombrent dans le chaos. En prétendant lutter contre la terreur, on a créé de la terreur. L’Etat islamique est un rejeton de l’impérialisme, mais les décapités ne sont plus là pour en témoigner.

Soixante millions d’êtres humains sont en fuite sur la planète. Le Liban compte beaucoup moins d’habitants que la Suisse mais, dans ce petit pays de 10 000 km2, un million de réfugiés ont trouvé protection contre la terreur de la guerre. Et c’est en Suisse qu’on se lamente.

Les victimes commencent à se déplacer en direction de l’Europe. La faute aux passeurs criminels, si l’on en croit les politiques et leurs médias. Une fois de plus, la vérité est le contraire: la faute aux politiques criminels. Et les passeurs, petits criminels, sont hélas souvent le dernier espoir de bon nombre de ceux qui fuient.

En Suisse, en matière d’asile, c’est l’hystérie. Pourtant les faits disent tout autre chose. Les länder allemands tablent sur le fait que, d’ici à la fin de l’année, un million de réfugiés seront arrivés. La Suisse ne s’attend qu’à 30 000 réfugiés. Cela signifie que l’Allemagne accueillera un réfugié pour 80 habitants et la Suisse un réfugié pour 360 habitants.

Pourquoi les réfugiés sont-ils quatre fois plus à se rendre en Allemagne? La politique trop stricte de Simonetta Sommaruga a-t-elle détourné de la Suisse – du moins à court terme – les flux de réfugiés? Quel rôle joue la route des Balkans? La Suisse est-elle trop chère pour les réfugiés? Notre pays leur offre-t-il trop peu de perspectives? Ou la xénophobie toujours plus répandue chez nous les décourage-t-elle?

Nous en savons sacrément peu pour l’instant. Mais nous ne sommes manifestement qu’au début d’un massif déplacement de populations. Aussi longtemps que ces personnes n’auront pas de paix ni de perspectives économiques entre Tripoli et Beyrouth.

Il faut un Plan Marshall pour les personnes concernées de la région. Un seul exemple: au Proche et au Moyen-Orient, il est possible de produire de l’électricité à des prix ridicules grâce au soleil et à un vent généreux. Pour les besoins autochtones mais aussi pour l’exportation vers l’Europe. Car grâce aux lignes de courant continu, les kilowattheures peuvent désormais être transportés sur des milliers de kilomètres, à moindre prix et avec des pertes moindres que le gaz et le pétrole acheminés par pipelines.

En lieu et place, les plus anciennes centrales nucléaires du monde continuent à désécuriser la Suisse. Il y a quelque chose qui cloche chez nous.

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