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Eveline Widmer-Schlumpf: la femme clé des élections

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Jeudi, 17 Septembre, 2015 - 05:57

Récit. Elue en 2007 comme candidate UDC pour remplacer Christoph Blocher, la conseillère fédérale grisonne s’est révélée une remarquable femme d’Etat. Mais l’UDC et le PLR veulent la peau de celle qui symbolise, selon eux, un gouvernement de centre gauche.

S’en ira-t-elle? Ou briguera-t-elle un nouveau mandat de quatre ans au Conseil fédéral? Eveline Widmer-Schlumpf entretient le suspense quant à son avenir politique. Elle élude toujours cette question, répétant telle une litanie qu’elle y répondra «lorsque le moment sera venu», soit après les élections parlementaires du 18 octobre.

Rarement la Suisse politique aura dépendu de la décision d’une seule personnalité. Si la ministre des Finances rempile, le Conseil fédéral pourra travailler dans la continuité. Si elle renonce, elle ouvrira la porte à un gouvernement penchant nettement plus à droite, avec deux membres UDC et deux PLR.

Une chose frappe. La conseillère fédérale est plus souriante et détendue que jamais. Avec ce nouveau look plus soigné qu’elle arbore depuis un an – notamment une coiffure plus claire qui adoucit ses traits –, elle semble même avoir rajeuni. Si elle n’a assurément pas encore pris sa décision concernant le Conseil fédéral, elle donne l’impression de pouvoir vivre sans problème avec les deux termes de l’alternative. Portrait en cinq tableaux.

21 juin Fête fédérale de chant Meiringen (BE)

Cet après-midi-là n’est que du bonheur pour Eveline Widmer-Schlumpf. Bien sûr, c’est en tant que conseillère fédérale que les organisateurs l’ont invitée à tenir un petit discours pour clore la Fête fédérale de chant à Meiringen, dans l’Oberland bernois. Mais aujourd’hui, elle oublie sa fonction. Les choristes, c’est sa famille. Toute sa vie durant, elle a chanté dans diverses formations, du moins jusqu’au moment où elle a été élue au Conseil fédéral à Berne.

Dans le décor à la fois majestueux et sauvage de l’Oberland bernois, Eveline Widmer-Schlumpf monte à la tribune, son inévitable bouteille d’eau minérale Valser à la main. «Aux Chambres, j’entends beaucoup de barytons et de ténors jouant leur propre partition, beaucoup de dissonances et de fausses notes. Alors qu’ici, vos chœurs sont harmonieux.»

Dans sa tête trottent des centaines de mélodies. Elle écoute tous les styles musicaux, avec une préférence pour Edith Piaf dans la chanson française. «A une époque, je connaissais tout son répertoire», sourit-elle. Aujourd’hui, son petit-fils de 3 ans et demi, auquel elle vient d’offrir un harmonica, lui réclame le staccato de Padam... Padam... Mais elle reste marquée par Je ne regrette rien, un texte dont elle dit avoir fait sa philosophie de vie.

«Non, rien de rien, non, je ne regrette rien, ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal, tout ça m’est bien égal…» Alors que le crépuscule tombe sur Meiringen, on devine sa vie qui défile en accéléré: Eveline, la fille modèle à l’école, l’étudiante éprise de justice qui devient avocate puis première femme juge au Tribunal de district de Trin (GR), la conseillère d’Etat influente qui dirige la Conférence des directeurs de finances, et enfin la candidate de dernière heure qui éjecte Christoph Blocher du Conseil fédéral, un collège qu’elle occupe vingt ans après que son père Leon l’a quitté. Les épreuves n’ont pas manqué: le décès d’une de ses sœurs dans un accident, les menaces de mort lorsque son propre parti – l’UDC – la répudie, les accusations de traîtrise lorsqu’elle enterre le secret bancaire. Mais de tout cela, elle ne veut plus parler. «Il ne sert à rien de se demander ce qu’on aurait pu faire mieux dans sa vie. C’est du passé et il faut vivre au présent.»

Si elle a pu supporter tout cela, c’est grâce à sa famille, qu’on sent très soudée derrière elle tout au long de sa carrière. Malgré ses multiples engagements, elle n’a jamais eu recours à des aides extrafamiliales pour élever ses trois enfants. Pas par idéologie, mais parce que ses parents et grands-parents l’ont beaucoup soutenue. «Mes enfants ont eu la chance d’avoir une grand-mère.» Là, elle parle de sa maman, Trudi, le pôle stabilisateur de la tribu. «Sans elle, je ne serais pas devenue conseillère fédérale», confie-t-elle.

Féministe dans l’âme même si elle ne le revendique pas, Eveline Widmer-Schlumpf s’est toujours battue pour que les femmes puissent concilier carrière professionnelle et vie de famille. Lors du dernier séminaire des cadres de son département à Wislikofen (AG), elle a invité l’une de ses plus illustres employées, la garde-frontière Selina Gasparin, pour raconter comment elle gérait sa vie de fonctionnaire, de sportive de haut niveau et de maman. La vice-championne olympique de biathlon aux JO de Sotchi est arrivée avec son bébé de 6 mois dans les bras!

29 juin Swiss International Finance Forum Berne

Dans l’une des salles les plus cossues de l’Hôtel Bellevue, le salon Royal, le gratin de la finance l’attend de pied ferme ce matin-là. Pour la plupart de ces banquiers en complet sombre, Eveline Widmer-Schlumpf est un «chiffon rouge», comme se plaisent à dire les Alémaniques. En décembre 2012, elle a mis fin à l’exercice Rubik d’accords bilatéraux pour protéger l’anonymat des clients indélicats du fisc en annonçant qu’un groupe d’experts allait plancher sur l’échange automatique des données. Trois ans plus tard, le secret bancaire est enterré.

Dans cet environnement hostile, la ministre est moins sûre qu’à l’ordinaire, mais elle affronte l’adversité. «Avec la réforme sur le blanchiment d’argent sale et l’adaptation aux nouveaux standards internationaux de l’OCDE pour la place financière, la Suisse a fait un grand pas pour améliorer sa réputation dans le monde», souligne-t-elle.

A l’heure de la «collation riche», les banquiers les plus critiques ne sont guère convaincus, mais ils ne confient leurs craintes que sous couvert d’anonymat. «Il y a trop de régulation dans le secteur financier, et Mme Widmer-Schlumpf en est coresponsable. Il faudra certainement délocaliser certains emplois à l’étranger», regrette l’un d’eux. «Elle va trop dans les détails. A force de voir tous les arbres, elle en oublie la forêt», ajoute un autre.

Pourtant, d’autres participants au forum reconnaissent implicitement qu’Eveline Widmer-Schlumpf a été plus visionnaire qu’eux, comme l’ex-CEO de HSBC Alexandre Zeller, désormais président de SIX, la société exploitant la bourse suisse. «Je n’étais pas un partisan de l’échange automatique des données. Aujourd’hui, je reconnais qu’il n’y avait pas d’autre solution pour éviter l’isolement de la Suisse.»

Défenseur de la solution Rubik lorsqu’il est élu à la tête de l’Association suisse des banquiers (ASB), Patrick Odier a adhéré à l’échange automatique en avril 2013 lorsque cette norme est devenue le standard international. «Eveline Widmer-Schlumpf est compétente et engagée, elle a une conception claire de la défense des intérêts du pays. Le problème, c’est qu’elle est parfois obligée de concilier sa vision technique d’un sujet et les contraintes politiques dues à sa position minoritaire», note-t-il. Mais aujourd’hui, quel constat fait-il pour la place financière? «Il était juste de ne pas avoir livré de combat d’arrière-garde», conclut-il.

Eveline Widmer-Schlumpf a suivi sa ligne: la Suisse doit s’adapter, mais sans jouer les premières de classe. En février dernier, elle est allée en Chine et à Singapour, justement pour s’assurer que leurs places financières avancent au même rythme que la Suisse dans ce dossier. «A Singapour, j’ai rencontré mon homologue Tharman Shanmugaratnam, avec qui la relation est excellente. Nous sommes concurrents, mais nous nous rejoignons sur la nécessité d’harmoniser les règles du jeu. En tant que petits pays, nous y avons tout intérêt.»

1er août Fête nationale Titterten (BL)

Il pleut des cordes lorsque la conseillère fédérale arrive dans cette petite localité de 400 habitants de la campagne bâloise, dont les autorités ont déplacé la cérémonie dans la salle des fêtes. Un village au tissu social fort. Lors des votations, il peut se montrer progressiste, ayant par exemple soutenu l’adhésion de la Suisse à l’ONU. Mais lors des élections, il est un fief UDC: son politicien le plus connu est le conseiller national Christian Miesch, un grand fan de la ligne blochérienne qui a soigneusement évité d’être présent ce soir.

Heureusement pour lui. Eveline Widmer-Schlumpf se lance dans un discours qui est une dénonciation en règle du style UDC. Elle l’a écrit seule, à la main, en partie dans le wagon «silence» des CFF dans lequel elle voyage souvent. Elle commence doucement, avec cette voix fluette – et un peu monocorde – qui oblige son auditoire à tendre l’oreille. Elle fait d’abord l’éloge de la Suisse, de ses libertés, de son système de formation, de son génie à trouver des équilibres entre les régions et les cultures. «Je suis non seulement contente de penser et de croire librement, mais aussi de me déplacer en sécurité, avec aujourd’hui mon mari comme chauffeur et garde du corps.»

Puis elle en appelle au respect et à la tolérance, des valeurs qu’elle a déjà affichées lorsqu’elle a accepté son élection le 13 décembre 2007. Mais cette fois, le ton est beaucoup plus assuré, plus combatif aussi. «Ces derniers temps, nous – ou plutôt certains d’entre nous – remettons en question cette culture des équilibres. Ce sont ceux qui pratiquent la politique des extrêmes, sans volonté de compromis; ceux qui se mettent en scène, sans chercher le bien commun; ceux qui ostracisent leurs adversaires politiques en en faisant des ennemis, des suspects, voire des médiocres; ceux qui disent que les autres ne sont pas de vrais Suisses. Or, c’est justement cet esprit-là qui n’est pas suisse, car c’est sa diversité qui fait notre pays.»

C’est fini. Une seconde, on se demande comment va réagir le public en ce fief de l’UDC. La réponse tombe vite. Les gens se lèvent et l’ovationnent durant deux minutes. N’est-elle pas surprise du bon accueil qu’on lui a réservé? «Pas du tout! Cela montre qu’à l’UDC il reste encore des gens qui ne pensent pas qu’en noir ou blanc», rétorque-t-elle.

On la dit «femme de pouvoir», «maîtresse d’école», «distante» ou encore «incapable d’émotions». Ce soir, elle montre qu’elle est tout le contraire. Elle prend le temps d’écouter les gens dans cette attitude qui la caractérise: la tête légèrement penchée en avant, les mains croisées devant sa poitrine. «Elle travaille bien, en plus elle est simple et accessible», s’extasie une maman de deux enfants avant de constater: «Oui, elle nous ressemble.»

21 août Repas de soutien et débat électoral Pully (VD)

Eveline Widmer-Schlumpf a pris le train pour se rendre dans un magnifique bâtiment historique au centre de Pully, où la Plateforme des partis du centre vaudois organise un débat consacré à la troisième réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III). Cette coalition, qui regroupe le PBD, le PDC, les Vert’libéraux, le Parti évangélique et même l’UDF, a pour but de gagner un siège le 18 octobre prochain. La conseillère fédérale espère bien sûr qu’il reviendra à son parti, que ce soit à Yves Pellaux, l’ancien directeur de Prométerre, ou à Christine Bussat, fondatrice de la Marche blanche.

Dans son discours, Eveline Widmer-Schlumpf rappelle le lien entre cette réforme et l’Europe. Depuis 2007, l’UE réclame que la Suisse supprime les régimes fiscaux cantonaux accordant aux entreprises des allégements créant des distorsions de concurrence. Mais la ministre des Finances refuse d’en faire une ennemie. «Trop souvent, nous jugeons l’UE à l’aune de ses performances économiques. N’oublions pas les bienfaits de la stabilité politique qu’elle a apportés depuis soixante ans. La Suisse n’est pas une forteresse isolée au milieu de l’Europe.»

Quant à la réforme RIE III, elle souligne surtout le coût qu’elle aurait si elle ne se faisait pas. «Nous nous exposerions à des risques de sanctions et créerions une instabilité juridique qui nuirait aux investissements.» Après la votation de 2008, qui avait vu Hans-Rudolf Merz minimiser de manière fantaisiste la perte des recettes fiscales pour la Confédération, Eveline Widmer-Schlumpf promet la plus grande transparence concernant les chiffres. Mais jamais elle ne critique son ancien collègue.

Lors du repas de soutien du PBD, Eveline Widmer-Schlumpf ne fait pas trop honneur aux mets qu’on lui sert dans cette demeure du Prieuré qui a toujours abrité – prétendent les historiens – moins de moines que de vin. Elle est végétarienne et se contente de «faire santé», le vin lui donnant la migraine. Mais une fois de plus, elle emporte la sympathie des gens par son naturel et sa simplicité.

Elle parle de tout. De politique et de la votation sur l’immigration de masse: «Les gens ont voulu donner un signal, mais la démocratie directe n’est pas faite pour cela.» De son rapport à la population: elle raconte que la veille à minuit, alors qu’elle rentrait chez elle à Berne, des jeunes d’une vingtaine d’années l’ont interpellée par son prénom – ils ne se souvenaient plus de son nom – pour bavarder une dizaine de minutes. Elle aborde aussi la question de ses convictions écologiques, qui ne datent pas de l’accident nucléaire de Fukushima.

Rien n’irrite davantage Eveline Widmer-Schlumpf que ce reproche d’«éternelle opportuniste» dont ses détracteurs l’affublent. A les en croire, elle n’aurait contribué à la sortie de l’atome, en mai 2011, que pour s’attirer le soutien de la gauche et ainsi assurer sa réélection au Conseil fédéral. «En fait, j’ai pris conscience du problème après l’accident de Tchernobyl en 1986 en Ukraine. Fukushima n’a fait que confirmer qu’une telle catastrophe provoquant d’immenses dégâts était aussi possible dans un Etat moderne», corrige-t-elle.

De là date aussi son admiration pour le cabarettiste alémanique Franz Hohler, même si ce dernier, dans l’une de ses chansons, cloue son papa Leon au pilori, lui qui incarne alors le lobby nucléaire au Conseil fédéral où il siège de 1979 à 1987. Ce n’est pas la seule fois d’ailleurs qu’elle se sent déchirée entre l’amour de ses proches et ses convictions écologiques. Dans les années 90, elle s’oppose avec un groupe de femmes à l’exploitation d’une carrière pour la fabrication de ciment, contre l’avis de son mari, responsable du dossier à la commune de Felsberg, et de son père.

5 septembre Assemblée générale des délégués du PBD Aarau

Aujourd’hui, c’est la reine des abeilles, Eveline Widmer-Schlumpf. Son parti a choisi cet insecte jaune et noir – les couleurs du PBD – pour incarner son action sur la scène politique suisse. Parce que l’abeille est «efficace, travailleuse et indispensable au système», précise-t-on au PBD, soit tout à l’image de sa conseillère fédérale. «Je ne suis pas la reine des abeilles, mais plutôt une ouvrière de la ruche PBD», précise l’intéressée.

Ce matin, la conseillère fédérale parle d’Europe, mais l’actualité la plus brûlante, c’est l’asile et l’image insoutenable d’Aylan Kurdi, cet enfant syrien de 3 ans retrouvé mort sur une plage turque. «Un drame qui m’a bouleversée, comme tout le monde, d’autant plus que j’ai un petit-fils qui a son âge», confie-t-elle en aparté à L’Hebdo. Mais en public, elle n’étale pas ses émotions. «N’oublions pas que ces migrants sont des hommes et des femmes qui fuient la guerre et que notre tradition humanitaire nous impose de relever le défi de les accueillir, nous aussi.»

A cinq semaines des élections aux Chambres, Eveline Widmer-Schlumpf dégage une grande sérénité. On la sent beaucoup plus détendue que lors de la précédente campagne, lorsqu’elle venait de passer de Justice et Police (DFJP) aux Finances (DFF). Lors de sa première législature, elle n’a cessé de devoir éteindre des incendies. Il lui a fallu gérer son exclusion de l’UDC – conduisant à la création du Parti bourgeois-démocratique (PBD) –, se séparer de quelques fidèles lieutenants de Christoph Blocher au sein du département, puis suppléer Hans-Rudolf Merz à la suite de son malaise cardiaque. Autant d’exercices de pompier qui l’avaient rendue «méfiante, distante, parfois cassante» selon divers témoignages.

«Mère courage»

Ce n’est qu’en passant aux Finances qu’elle s’épanouit vraiment, car elle peut jouer là tous ses atouts: sa formation de juriste, son expérience de conseillère d’Etat qui a assaini les finances cantonales et sa connaissance de la BNS, où elle a siégé au Conseil de banque. Au fil des votations populaires qu’elle gagne toutes (onze sur onze, presque aussi bien que le FC Sion en Coupe de Suisse!), elle prend de l’assurance et s’affirme en femme d’Etat qui n’hésite pas à décréter l’aggiornamento de la place financière et la sortie du nucléaire.

A l’heure du bilan, les éloges pleuvent chez ceux qui l’ont élue: «Elle a réalisé la plus grande réforme depuis 80 ans pour la place financière suisse en adoptant les standards internationaux à l’instar des autres places mondiales. C’est un gage de succès», note le président du PDC, Christophe Darbellay. Roger Nordmann (PS/VD) n’est pas moins admiratif: «Son bilan est remarquable. Avec l’indépendance d’esprit qui la caractérise, elle a démontré son sens de l’Etat et du bien commun.»

De son côté, Luc Recordon (Les Verts/VD) ne cache pas qu’il s’est pas mal disputé avec elle, notamment sur la politique d’asile et la fiscalité immobilière agricole. Mais le positif l’emporte nettement: «Elle a eu le courage de l’impopularité, ce qui est rare chez les politiques», déclare-t-il. Lorsqu’il la compare à Hans-Rudolf Merz – qui lui a un jour avoué que la Suisse devrait céder sur le secret bancaire mais que «politiquement il ne pouvait personnellement rien faire» –, le sénateur vaudois distille cette jolie formule: «C’est mère courage contre papi trouillard!»

Evidemment, la droite fera tout pour la détrôner de son poste. L’UDC bien sûr, mais aussi le PLR, dont le vice-président, Christian Lüscher, assure qu’il ne se trouvera pas un élu de son parti pour voter pour elle. Le Genevois semble pourtant avoir édulcoré son jugement à son égard. En 2013, il la parodiait encore férocement lors de la revue libérale genevoise dans le pastiche d’une chanson de Francis Cabrel: «Elle a dû perdre toutes les guerres pour être si faible aujourd’hui.» Aujourd’hui, il précise: «Je ne l’ai jamais qualifiée de «traîtresse». Mes critiques ne sont pas liées à la personne d’Eveline Widmer-Schlumpf, mais à la présence au sein du Conseil fédéral d’une représentante du PBD qui déséquilibre les institutions et fait pencher sa majorité au centre gauche, car elle doit donner des gages à ceux qui l’ont élue.»

Aujourd’hui, nul ne sait si Eveline Widmer-Schlumpf rempilera pour quatre ans ou si elle démissionnera. Sa combativité de ces derniers mois ne laisse planer aucun doute: elle aimerait poursuivre l’avancement des chantiers entamés. Mais tout dépendra des résultats du 18 octobre, dont elle espère ne pas ressortir affaiblie.

Et à l’entendre parler si souvent de ses trois petits-fils, on peut l’imaginer tout aussi heureuse dans un rôle de grand-maman. En fredonnant la chanson de Piaf: «Non, je ne regrette rien, c’est payé, balayé, oublié, je me fous du passé.» En huit ans, elle a déjà fait bouger bien des choses et pourrait partir avec le sentiment du devoir accompli.

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Florian Bärtschiger
Markus Hubacher / Keystone
Lukas Lehmann
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