C’est une chose de le lire ou de l’entendre des experts, c’en est une autre de le vivre en direct: l’Europe va au-devant d’une décennie de terreur où elle sera régulièrement frappée par le terrorisme djihadiste. On apprend une explosion à l’aéroport de Bruxelles, et déjà on redoute une nouvelle alerte signalant une seconde attaque ailleurs dans la ville. On ne s’habitue pas à ce fracas du réel. On ne s’habituera pas. Nous allons être souvent sidérés, mais aussitôt indignés et solidaires.
La traque de ceux qui s’imaginent un destin dans l’horreur va durer. Ce n’est hélas pas parce que l’on en capture un que l’histoire serait enfin terminée. Il y aura toujours des failles, même si les services de sécurité et de renseignement collaborent et travaillent mieux ensemble. La fin de cette barbarie, qui aurait fait 30 morts et 230 blessés à Bruxelles (selon un bilan provisoire à l’heure où nous mettons sous presse, ce mardi noir), requiert l’engagement et la vigilance de tous. Des gouvernements comme des simples citoyens. Des policiers comme des voisins. Des autorités religieuses comme des familles. Il ne peut y avoir de neutralité quand ce sont nos valeurs de liberté, nos valeurs d’Européens, nos idéaux humanistes, qui sont attaqués, hier à Paris, à Istanbul, aujourd’hui à Bruxelles, demain peut-être à Rome ou à Berlin, ailleurs encore.
Guérir le nihilisme islamiste, éradiquer ses causes, est le défi de nos générations, qui ont longtemps cru que la violence meurtrière des guerres ne viendrait plus les bousculer, les obliger à s’insurger, à s’engager, et à se défendre avec détermination.