Suisse-Ue.Les relations commerciales entre la Suisse et ses régions frontalières dépassent de loin celles avec les pays émergents.
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La bataille des chiffres
L’argument a plus de vingt ans, mais il est peut-être séculaire: la Suisse gagne 1 franc sur 2 grâce à son commerce extérieur. Lors de la campagne pour l’Espace économique européen, Jean-Pascal Delamuraz l’avait beaucoup utilisé pour convaincre les Suisses de l’intérêt d’avoir les meilleures relations possibles avec l’Union européenne (UE).
Face à l’échéance du 9 février, l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse, Didier Burkhalter, chef du Département des affaires étrangères, a décidé d’être encore plus précis: les échanges commerciaux avec le seul land du Bade-Wurtemberg se situent au niveau de ceux avec les Etats-Unis, ou des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
De même, la Bavière pèse autant que le Japon; l’Alsace et Rhône-Alpes, prises séparément, beaucoup plus que l’Inde; la Franche-Comté plus que l’Afrique du Sud; les quatre régions frontalières italiennes bien plus que la Chine; le Tyrol supplante la Russie. Les marchés émergents doivent être soignés, ils sont un appoint mais pas un substitut. Près de 56% des exportations suisses vont vers l’UE, alors que 75% des importations en proviennent. Le volume de nos transactions commerciales avec les 28 s’élève à 1 milliard de francs par jour ouvrable.
L’acceptation du texte de l’UDC mettrait en danger à terme la fluidité et le volume de ces échanges. La récusation de la libre circulation des personnes aurait un effet de couperet sur les autres accords signés dans le cadre des Bilatérales 1 en 1999, comme celui sur la reconnaissance des normes qui permet aux entreprises d’économiser de 200 à 500 millions de francs par an. Les initiants ordonnent au Conseil fédéral de renégocier, mais qui peut sérieusement croire que le résultat, si l’UE accepte d’entrer en matière, sera meilleur?
«Renégocier des exceptions est un leurre, prévient Didier Burkhalter. L’initiative de l’UDC repêche une série de problèmes résolus par les accords bilatéraux en vigueur.»
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