Étienne Dubuis
Décodage. Les principaux pays de destination se situent toujours au Proche et Moyen-Orient, ainsi qu’en Afrique orientale et centrale. Mais des Etats européens se sont replacés ces derniers mois dans deux «top 10».
Un fiasco. Il n’existe pas d’autre mot pour qualifier l’issue de la conférence internationale organisée le 30 mars à Genève par le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). La réunion avait pour objectif de relocaliser d’ici à fin 2018 les plus vulnérables des quelque 4 millions de réfugiés syriens établis en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Egypte et en Irak. Soit de trouver des pays développés prêts à accueillir 480 000 personnes; 179 000 places avaient été promises avant la rencontre, 6000 seulement l’ont été pendant.
L’essentiel du fardeau
Le fardeau des réfugiés est essentiellement porté par les voisins des pays en guerre. A savoir, aujourd’hui, ceux de la Syrie, qui est devenue, mi-2014, le principal «pays de départ», et ceux de l’Afghanistan, qui avait tenu ce rang précédemment pendant... une trentaine d’années. Deux voisins de la Syrie, la Turquie et le Liban, accaparent ainsi les première et troisième places du classement publié fin 2015 par le HCR, tandis que deux voisins de l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran, occupent les deuxième et quatrième rangs.
Ruée vers le nord de l’Europe
Cette logique a été bousculée l’an dernier cependant, avec une multiplication soudaine des réfugiés décidés à recommencer leur vie bien au-delà du premier abri venu. Et à gagner, en l’occurrence, le nord de l’Europe. Le nombre de primo-demandeurs d’asile a ainsi plus que doublé au sein de l’Union européenne entre 2014 et 2015, pour passer de 562 680 à 1 255 640. Ce qui a propulsé en quelques mois l’Allemagne parmi les dix premiers pays d’accueil en chiffre absolu et placé la Hongrie à côté de la Suède et de Malte dans le «top 10» mondial en proportion du nombre d’habitants.
Les chiffres du HCR (ci-dessus) et ceux d’Eurostat (ci-dessous) ne doivent pas être confondus. Les premiers traitent du nombre de réfugiés accumulés ces dernières années dans le monde et en donnent le total mi-2015. Les seconds désignent les demandes d’asile déposées dans l’Union européenne, en Norvège et en Suisse au cours de la seule année 2015. Il n’empêche: pris ensemble, ils permettent de saisir l’importance de la vague de réfugiés qui a balayé en 2015 le Vieux Continent.