C’était le 15 septembre 2008. La crise financière mondiale éclatait après la mise en faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Une crise dont les effets sont en train de se faire ressentir sur le marché du travail: en Suisse, les étudiants en sciences économiques sont de moins en moins attirés par l’industrie bancaire. Plus question de se dévouer corps et âme pour des professions régulièrement ternies par des scandales, constate Sergio Rossi. «Il est vrai que la rémunération des collaborateurs d’une banque demeure intéressante lorsqu’on la compare aux rétributions versées dans beaucoup d’autres branches d’activité. (…) Mais il est tout aussi vrai que la rémunération ne doit pas être le seul moment de bonheur de celui-ci durant son activité professionnelle, a fortiori si, comme cela semblerait être le cas des jeunes générations, un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle est plus important que le salaire pour les choix d’une carrière. (…)»
Le domaine bancaire n’est pas le seul à souffrir d’un déficit de jeunes. Aux Chambres fédérales aussi, les moins de 30 ans sont largement sous-représentés. Pour y remédier, le conseiller national socialiste Andy Tschümperlin propose que tous les mandats expirent à l’âge de la retraite, ce qui agace Jacques Neirynck au plus haut point. «L’aimable Tschümperlin prétend que, s’il y avait moins de vieux, il y aurait davantage de jeunes. C’est ignorer le mécanisme qui sous-tend la représentation déficitaire des deux extrémités de la population. Les jeunes sont trop occupés par leurs études et le difficile début de leur carrière pour gaspiller la moitié de leur temps (en étant optimiste) à Berne. Les soixantenaires renoncent en principe au Parlement dès qu’ils comprennent qu’ils ne deviendront jamais conseillers fédéraux. (…)»
Le Parlement, justement, a élu, en fin de semaine dernière, Didier Burkhalter à la présidence de la Confédération. Un vote qui n’a pas vraiment soulevé les passions, se désole François Cherix. «Il aurait au moins pu entraîner un début de réflexion politique sur les orientations du Conseil fédéral. Mais la question des choix programmatiques de l’exécutif suisse ne peut jamais être posée ni traitée. (…) Sept personnes issues de partis concurrents, additionnées sans négociations préalables (…) ne peuvent faire mieux que gérer leur département, sans se fâcher avec les six autres. (…)»
A entendre Oskar Freysinger, on se dit que les ministres cantonaux ont quand même plus de liberté que nos conseillers
fédéraux, souvent en quête de la juste mesure. Selon les observations du chef de l’Education valaisanne, le divorce expliquerait l’échec scolaire des enfants et des jeunes. Un raccourci aberrant pour Stéphane Rossini. «Lorsqu’on consulte la littérature scientifique, le divorce n’apparaît jamais énoncé comme cause d’échec scolaire. (…) Stigmatiser les diverses catégories de la population et désigner des coupables est une pratique usuelle pour les élus UDC. Ici les parents séparés ou divorcés, là les bénéficiaires
de prestations sociales, là encore les étrangers qui font notre richesse. Seuls les tricheurs du fisc semblent épargnés.»
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L’avocat du Diable
Le droit au pétard?
Ce qui empêche nos jeunes de se droguer, c’est la prévention mais sûrement pas la peur du gendarme.
Charles Poncet
(...) Il y a en Suisse environ 170 000 consommateurs réguliers et un tiers des Suisses ont fumé un joint une fois ou l’autre, pour un marché de 1 milliard de francs environ de ce qui reste une drogue illicite – sa consommation est punie d’une contravention – selon le programme Monitoring Cannabis en Suisse de l’Office fédéral compétent. Bâle et Zurich verraient d’un bon œil une légalisation et un groupe de députés genevois propose une «expérience pilote» pour la création à Genève d’associations où l’on pourrait aller se fournir librement, afin de tordre le cou au trafic de rue. L’idée est sympathique, mais elle passe à côté du vrai problème et elle présente de sérieux inconvénients. Ces «mouvements associatifs» d’abord, postulés «clean», seraient bien vite infestés de dealers (…). On pourrait aussi voir le reste de la Suisse – sans parler de la France et de la Navarre – défiler à Genève pour profiter de l’aubaine. (…) Enfin et surtout, le vrai problème n’est pas posé. Il faut oser dire que la répression pénale de la consommation et du trafic de drogue est un échec planétaire. (…) La vraie question est donc: faut-il légaliser l’usage de stupéfiants pour tordre le cou aux mafias qui s’y engraissent? Vaut-il mieux admettre qu’il s’agit exclusivement d’un problème de santé publique et que le droit pénal n’a rien à y faire? (…) Je n’ai pas plus envie que d’autres de voir un jour nos adolescents se fournir en pétards à l’épicerie, mais le fait est qu’aujourd’hui en Suisse la drogue est de facto en vente libre. Il n’y a pas de soirée où un jeune Suisse ne puisse se droguer si l’envie lui en prend, sauf peut-être les goûters de la Fraternité d’Ecône, et encore. Ce qui empêche notre progéniture de se droguer, c’est l’éducation que nous lui donnons, l’information de l’école, les conseils du médecin, la pratique du sport (…) , mais sûrement pas la peur du gendarme. Quand une loi est tellement violée qu’elle ne sert plus à rien, il faut avoir le courage d’envisager son abrogation, faute de quoi c’est le principe même du respect de la loi qu’on tourne en dérision.
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Une Suisse en mouvement
David Cameron, ou quand la Suisse hurle avec les loups
L’UDC devrait se méfier avant d’emboîter le pas au premier ministre britannique sur les questions migratoires.
Johan Rochel
L’article publié la semaine passée par David Cameron, premier ministre britannique, dans les colonnes du Financial Times a provoqué un tollé à travers l’Europe. (…) Il y offre une critique en règle de certains effets de la libre circulation, se focalisant principalement sur les demandes formulées par les immigrants européens à l’Etat social anglais. Alors que la campagne pour la votation du 9 février sur l’initiative contre l’immigration de masse débute, l’UDC a dû croire à une avance du père Noël (…). Le parti s’est servi à pleines mains et nombre de défenseurs de la libre circulation à moitié convaincus ont baissé les bras. Si même les Anglais veulent en finir, pourquoi pas nous? (…) On pense à tort que la libre circulation au sein de l’UE et entre la Suisse et l’UE relève de la même logique. C’est inexact dans la mesure où le système au sein de l’UE a connu, depuis le tournant des années 2000, un développement fulgurant. En une formule, l’UE est passée d’une libre circulation des travailleurs à une libre circulation des citoyens. La différence est colossale dans le principe fondamental de ce système et dans ses implications. (…) Les réactions suisses apparaissent pour le moins étranges. Entre la Suisse et l’UE, c’est justement le «vieux» modèle de la libre circulation des travailleurs qui prévaut. Nous n’avons pas de citoyenneté commune et la libre circulation se fait sur la base d’un contrat de travail. (…) Cette libre circulation des travailleurs n’est pas du tout remise en question par Cameron. L’UE la développe depuis des décennies, et même Cameron, loin d’être un europhile, sait que la libre circulation des travailleurs profite à son économie, à son Etat social et à ses finances publiques. (…) Son propos se concentre sur les citoyens de l’UE qui seraient «chez lui» à des fins non professionnelles. L’UDC devrait se méfier avant de crier avec les loups: il se pourrait que le loup qu’ils croient ami soit en fait un vieux loup, habitué aux bergeries.
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HEAD - Genève
L’art de la médiation
Le master TRANS de la HEAD Genève était présent au festival lausannois Les Urbaines.
Claude-Hubert Tatot
Le partenariat engagé depuis 2009 entre le festival Les Urbaines, à Lausanne, et le master en arts visuels TRANS (enseignement, médiation) de la HEAD Genève atteste du désir de proposer des projets de médiation innovants. (…) Pour l’édition 2014, les étudiants du master TRANS proposaient, dans les anciennes halles CFF accueillant l’exposition HOT JAM, un espace d’accueil et d’information du public qui rassemble des documents et des vidéos. (…) Chacun et chacune a pris en charge quelques artistes et a fait sa propre mise en page. Les concepteurs de l’exposition, souhaitant favoriser la diversité, ont préféré assembler ces différentes feuilles plutôt que d’unifier la proposition. Cet objet hybride fait office de cartel autant que de livret souvenir, de table d’orientation et de mémo. Il n’a pas l’autorité du guide ni du catalogue mais, nous le souhaitons, ouvre au dialogue entre les œuvres, les artistes et les regardeurs.