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Les héros de votre canton: Maurice Barman, créateur du Valais moderne

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Jeudi, 21 Juillet, 2016 - 05:46

Politicien (1808-1878). Au milieu du XIXe siècle, le canton était une contrée pauvre, dirigée par un gouvernement conservateur. En quinze ans et une guerre civile, il bascule dans l’ère contemporaine.

On a largement oublié aujourd’hui la violence des affrontements entre conservateurs et libéraux dans la Suisse du XIXe siècle. La Gazette de Lausanne n’écrivait-elle pas le 22 mai 1844: «La terreur est dans le Bas-Valais. De longues files de chariots et de fugitifs couvrent toutes les routes […]. L’un de ces convois […] a été pillé par les troupes de la Vieille Suisse.»

Une Vieille Suisse rassemblant les conservateurs au pouvoir à Sion, soutenus par les Haut-Valaisans, qui pourchassait les libéraux-radicaux du Bas, qui s’intitulaient, eux, la «Jeune Suisse». Les armes parlaient. Quelques jours avant la parution de l’article de la Gazette, une bataille opposant les deux camps à proximité du pont sur le Trient avait fait une soixantaine de morts et s’était conclue par la cuisante défaite des libéraux. A la tête de ces derniers: Maurice Barman. Cet avocat-notaire de formation, installé à Saillon, présidait le Comité de Martigny, qui rassemblait les réformateurs du bas du canton.

De l’exil au retour triomphant

«Il maniait mieux le sécateur que la plume. Mais son éloquence valait tous les manifestes, tous les pamphlets», a écrit, laudateur, le journal radical martignerain Le Confédéré, dans un article paru en 1952. Le vaincu est contraint de s’exiler… à Bex, dans le Chablais vaudois, avant de revenir triomphalement en Valais à la fin 1847 après la victoire des radicaux lors de la guerre du Sonderbund. Il devient aussitôt le président du Conseil d’Etat.

«Il est le créateur du Valais moderne. C’est lui qui a jeté les bases du développement du canton», expose l’historien valaisan Benjamin Roduit, auteur de la fiche consacrée à Maurice Barman dans le Dictionnaire historique de la Suisse.

A la tête du gouvernement de la fin 1847 à 1857, il endigue le Rhône, construit des routes, développe l’agriculture, améliore la formation des paysans (en publiant un manuel, Le livre du village), fonde une première banque cantonale en 1858 (elle sera emportée par une faillite en 1870) et attire le chemin de fer dans le canton (la première ligne est ouverte entre Le Bouveret et Martigny en 1859) dans l’optique de lui faire traverser les Alpes (le tunnel du Simplon sera ouvert en 1906). A Saillon, son village, il fait creuser le bisse vertigineux qui permet d’irriguer la partie supérieure du vignoble grâce à une conduite creusée dans une falaise verticale.

Les méchantes langues affirment qu’il ne s’est pas totalement oublié au passage. Président du Conseil d’Etat, il était aussi préfet de Martigny et président de Saillon, sans peur aucune de cumuler les mandats. Ses terres ont été soigneusement épargnées par la correction du Rhône à la hauteur de Saillon, le fleuve faisant opportunément un détour… Benjamin Roduit résume: «Il était très entreprenant. Il était marqué par l’esprit du radicalisme, tourné vers le progrès. Mais il était aussi le descendant d’une famille de notables, d’où une certaine modération.» 


En savoir plus

➤ C’est à Saillon que sa trace est la plus visible: un bisse, qu’il a fait creuser dans le ravin de la Salentse, porte toujours son nom. Son buste se dresse toujours face à l’église du village.

➤ Sa mémoire est cultivée avant tout dans les milieux radicaux du Bas-Valais, dont le journal «Le Confédéré» publie régulièrement des articles à sa mémoire.

➤ Il existe bien une rue Barman à Saint-Maurice, sa ville natale. Mais elle remémore son frère aîné Joseph-Hyacinthe, diplomate.

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