Anaelle Vallat
Zoom. Fuir la canicule estivale, retrouver le vrai hiver de neige et de glace, affronter la nature, les raisons sont nombreuses pour s’envoler vers le Grand Nord, hiver comme été. Une chose est sûre, ces destinations sont de plus en plus prisées.
Des étendues immaculées à perte de vue, un calme assourdissant entre les forêts de pins, des journées rythmées par les différentes teintes du ciel, l’obscurité qui s’imprègne de rose, de vert et de bleu. Après le fort engouement pour les auteurs scandinaves de ces dernières années, ce sont à présent les paysages des territoires nordiques qui ont le vent en poupe.
«On note une claire augmentation des demandes, affirme Philipp Jordi, directeur de Glur, une agence spécialisée dans les voyages en Scandinavie. «Depuis les événements à Paris et en Turquie, les gens préfèrent le Nord, devenu synonyme de sécurité.» On connaissait la Norvège et la Suède, s’ajoutent désormais au tableau la Finlande et l’Islande. La Laponie, vaste territoire qui s’étend sur quatre pays du nord de la Norvège à la Russie, est particulièrement prisée.
Les pays du Grand Nord offrent aux voyageurs un nouveau genre de destination, loin du tourisme de masse. «Il y a très peu de grandes villes ou complexes hôteliers. Pour vous donner un exemple, la plus grande station de ski en Laponie finlandaise n’atteint même pas la taille de Villars. Les autres ressembleraient plutôt aux Paccots», note Kathleen Deubelbeiss, responsable pour la Romandie de Kontiki Voyages, autre agence spécialisée dans les séjours en Scandinavie.
Longtemps réservées au troisième âge ou aux gens fortunés, ces destinations s’ouvrent aujourd’hui à toutes les tranches d’âge et à toutes les bourses. Elles sont intéressantes aussi pour les familles, qui peuvent par exemple y louer un petit cottage en rondins avec son indispensable sauna au feu de bois, typiquement finlandais.
L’été, avec son soleil de minuit, semble de prime abord la saison la plus propice pour visiter ces contrées. Mais l’hiver offre lui aussi une panoplie d’activités insolites, comme la pêche sur la glace, la découverte d’un élevage de rennes, les chiens de traîneau. Et même la rencontre avec le père Noël, le vrai, en Laponie. Cette saison est également appréciée par les jeunes adultes. «Beaucoup veulent aller là-bas, car le Nord et le froid sont devenus cools. Les sports d’hiver sont attractifs et les villes se développent dans un style easy et trendy qui plaît aux jeunes», explique Philipp Jordi, qui note une augmentation particulière de la demande chez les 18 à 30 ans.
À la recherche des Aurores Boréales
Pour certains, c’est l’occasion de vivre l’hiver comme il n’existe plus chez nous, voire comme il n’a jamais existé. Marcher sur la glace, enfourcher une trottinette à neige pour aller faire ses courses, se balader en motoneige ou en traîneau, s’essayer au ski de fond, dont la Norvège détient le plus grand réseau européen. D’autres recherchent le calme, le repos, les grandes étendues, les paysages imposants.
L’observation d’aurores boréales représente souvent l’un des moments les plus marquants du périple. «Ces phénomènes sont sur la bucket list de la plupart de nos voyageurs. C’est à voir au moins une fois dans sa vie», explique Kathleen Deubelbeiss. L’agence Kontiki a même développé un service qui envoie un message aux clients lorsqu’une aurore boréale est détectée par un satellite, afin d’être sûrs qu’ils n’en ratent pas une miette. «Nous avons été réveillés en pleine nuit par les SMS. On s’est habillés immédiatement pour aller voir le ciel. C’est d’une beauté indescriptible de voir ce ciel illuminé de vert», se rappelle Anne Frei, partie en Laponie après Noël avec ses deux enfants et son mari.
Et le froid, dans tout ça? «Dans l’imaginaire des voyageurs, le Nord est invivable, sauf pour les aventuriers ou les Inuits. Ce n’est pas vrai. Il peut facilement faire jusqu’à – 30 °C en Laponie ou en Islande, mais l’air sec rend cela plus supportable que – 2 °C en Suisse avec l’humidité et la bise», défend Kathleen Deubelbeiss. Propos appuyés par Fabienne, 30 ans, qui a choisi la Finlande pour terminer son tour du monde. «Je m’en suis sortie avec une veste à 10 euro. J’avais un peu froid, mais aucun de mes membres n’a gelé!»
Cinq heures de jour
Autre particularité de ces contrées en hiver: l’obscurité quasi constante. Le soleil se lève à 10 heures et se couche à 15 heures, ce qui laisse peu de temps aux activités en plein jour. Là aussi, chacun y trouve son bénéfice: grasse matinée sans culpabilité, lecture au coin du feu pendant des heures, excursions sous la lune. «Tout est équipé pour les activités de nuit. Et puis il ne fait jamais totalement nuit, car la lune se reflète sur la neige, c’est très lumineux», rapporte Anne. Fabienne en a encore des étoiles plein les yeux. «J’ai trouvé que ça donnait une ambiance totalement différente au voyage. On en a profité pour se faire un plein de levers de soleil sans avoir à se réveiller à 6 heures du matin. C’était magique!»
Sauna finlandais au feu de bois, chiens de traîneau islandais, ski de fond norvégien ou balade sur les lacs gelés de Laponie, qui a dit qu’il fallait revenir bronzé des vacances pour avoir quelque chose à raconter?