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Nos maisons sont en passe de devenir vraiment intelligentes

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Jeudi, 13 Octobre, 2016 - 05:47

Sylvie Ulmann

Jusqu’à la fin du XXe siècle, on se contentait de rêver. Un jour, notre maison deviendrait intelligente. Elle assumerait une foule de petites tâches à notre place. Elle nous réveillerait avec une tasse de café chaud, elle nous tendrait la tenue idéale pour la journée après avoir scanné notre emploi du temps gribouillé dans un agenda papier. Elle augmenterait la température du radiateur et du séchoir à linge à la salle de bain de façon que nous ne claquions pas des dents sous la douche et que nous nous séchions avec une serviette tiède.

Or, depuis que nos agendas, ainsi qu’une foule de ces objets qui alourdissaient nos sacs à main ou à dos, se sont transformés en applications embarquées dans nos smartphones ou tablettes, tout cela est devenu possible.

Nespresso a lancé cet hiver Prodigio, une machine connectée à un smartphone qui permet de préparer le café à distance. Hélas, elle ne nous l’apporte pas (encore) au lit, mais nous avertit quand on va manquer de capsules, par exemple.

Bref, nos maisons – ou du moins les objets qu’elles abritent – sont en passe de devenir vraiment intelligentes. Elles sont capables «de s’adapter aux besoins de la personne ou de son environnement», résume Charles Dauman, directeur général de l’entreprise française Shiva, leader du ménage et du repassage au domicile des particuliers. L’homme en connaît un rayon sur la question, car il a lancé une serrure connectée en partenariat avec Somfy et B’dom.

Un système tout simple qui se fixe sur le canon de la serrure existante et permet de décider, via une application, quand et à qui l’on ouvre, évitant ainsi de multiplier les doubles des clés et le risque de les égarer. On entre ensuite au moyen d’un bracelet, d’un téléphone, d’un chip ou d’un code SMS. Pratique pour gérer l’arrivée et le départ de la femme de ménage, mais aussi le retour des enfants de l’école, la livraison d’un colis, le passage du réparateur du lave-vaisselle ou encore prêter son chalet ou son chez-soi à des amis.

Cuisine maline

Une nouveauté qui facilite le quotidien, mais se heurte à des résistances chez les usagers. «Les gens craignent que des pirates ne puissent craquer le code et entrer chez eux, mais ce risque n’est pas plus important que d’égarer une clé, car le niveau de sécurité du boîtier correspond aux exigences de l’armée américaine», précise-t-il. Non, le problème, c’est que la clé est du domaine de l’intime, et que l’idée de la confier à des tiers suffit à freiner les plus enthousiastes.

Quant à la dématérialiser, à peine ose-t-on y penser. Charles Dauman ne désespère pas pour autant, rappelant que, il n’y a pas si longtemps, on se méfiait de ces clés électroniques que nous délivrent les hôtels. Or, aujourd’hui, la plupart en sont désormais équipés.

De la porte qui s’ouvre toute seule au frigo capable de se remplir de lui-même ou presque, il n’y a qu’un pas. Samsung vient de le franchir en lançant un réfrigérateur connecté lors du dernier salon IFA qui s’est déroulé à Berlin fin août. Ultradesign, le Familiy Hub est équipé de trois caméras qui photographient le contenu de l’appareil à chaque fois que la porte se referme. Une application permet ensuite à tous les utilisateurs de voir ce qu’il renferme depuis leur smartphone.

Exit les questions type «Zut, est-ce qu’il faut acheter des œufs?» ou «Qui a fini le lait sans prévenir?». L’engin est par ailleurs capable de repérer les aliments en fin de vie, à condition que les utilisateurs prennent le temps d’entrer le nombre de jours restants avant leur date d’expiration au moment de les ranger. Via son écran tactile, on peut aussi faire directement ses courses en ligne, trouver des recettes et partager photos, agendas et post-it virtuels avec les autres membres de la famille, regarder la télé ou écouter de la musique.

Cet appareil n’est qu’une tête de pont, la marque coréenne ayant créé toute une gamme d’électroménagers connectés.

Toujours à la cuisine, mais au rayon traque du gaspillage, les déchets et leur corollaire, la corvée du tri. Qui n’a jamais rêvé d’une poubelle qui ferait le boulot toute seule? A vrai dire, cela existe déjà. L’invention est française et s’appelle R3D3.

Un clin d’œil au petit robot serviable et futé de La guerre des étoiles, auquel elle ressemble, en version épurée et plus silencieuse. On dépose gobelet, bouteille ou canette au sommet de l’engin, qui les reconnaît et les glisse dans le bac ad hoc après les avoir écrasés, histoire de gagner un maximum de place. Un petit miracle qui a son prix (4000 euros pièce tout de même), ce qui le destine davantage aux bureaux et espaces publics, type hall de gare ou d’aéroport, qui remportent haut la main un bonnet d’âne en matière de tri. Mais sait-on jamais…

Traquer le gaspillage

Cette invention met aussi le doigt là où ça fait mal: la crise énergétique nous invite à trier nos déchets, certes, mais surtout à repenser notre façon de consommer dans son ensemble. Sachant qu’un tiers de la consommation mondiale d’énergie est imputable à la climatisation et au chauffage des bâtiments, on est tenté de se dire qu’une maison futée pourrait bien être une maison capable de régler le chauffage en fonction de l’usage et de la présence de ses habitants.

Elle baisserait par exemple la température lorsque tout le monde est sorti. L’entreprise allemande Tado l’a imaginé. Ses Smart Radiator Valves s’installent sur les vannes et permettent de contrôler chaque radiateur de façon indépendante. Un vrai bond en avant comparé à nombre de ses concurrents, qui se posent directement sur la chaudière et sont donc réservés aux propriétaires. Le système, compatible avec l’application Home d’Apple et l’Echo d’Amazon, est lié à une application pour smartphone qui détecte la présence ou l’absence des habitants par GPS.

Quand le dernier occupant quitte les lieux, l’information est communiquée par internet au boîtier central, qui baisse alors le chauffage. A l’inverse, en fin de journée, quand ceux-ci se remettent en route vers leur sweet home, le dispositif en est averti par le même biais et se charge de faire remonter la température. «La présence ou l’absence des habitants dans le logis prime. Si personne n’est là, le système ne rallumera pas les radiateurs le matin, par exemple», explique-t-on chez Tado.

Voilà ce qui rend ces appareils encore plus performants que ceux qui se contentent d’apprendre les habitudes des usagers mais ont du mal à gérer des imprévus comme un retour tardif ou un départ en week-end. Tado cumule les deux, tenant compte, en outre, des variations de température dues à la météo et à la manière dont le bâtiment emmagasine et restaure la chaleur ambiante. A la clé, des économies qui peuvent atteindre les 21%.

Etape suivante en matière de gaspillage énergétique: l’eau. «La consommation d’eau chaude à la douche constitue la deuxième plus grosse source de dépense énergétique après le chauffage, et malheureusement peu de gens en sont conscients», résume-t-on chez Amphiro. Cette jeune pousse, spin-off de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, a mis au point une nouvelle approche pour économiser eau et énergie: Amphiro B1, un compteur qui permet de suivre en temps réel la quantité d’eau et d’énergie dépensée pendant une douche.

Facile à installer, il est utilisable par les particuliers. «L’idée est de sensibiliser les gens sur leur consommation en eau et de développer une utilisation plus efficace de l’énergie au quotidien», explique-t-on chez le fabricant. Avec son animation montrant un ours polaire dont l’iceberg fond à mesure qu’on se douche, l’entreprise vise aussi à mobiliser les enfants.

Cet outil, relié à un smartphone via Bluetooth, permet de suivre ses dépenses et celles de toute la famille. On peut désormais se fixer des objectifs et se lancer des défis! Cerise (bio) sur le gâteau, cet outil est alimenté par le flux d’eau. On serait donc tenté de se dire qu’il ne plombera pas notre bilan CO2. Mais ce serait trop simple…

Qui dit smart ne dit pas toujours techno. Thomas Jusselme, chercheur à l’EPFL Fribourg au sein du Smart Living Lab, nous invite à voir plus loin que cette dimension technophile (lire en page 53): «Souvent, le côté ludique et technique d’un objet nous intéresse davantage que les économies d’énergie qu’il permet, souligne-t-il. A quoi bon mettre une tablette au mur pour économiser une toute petite quantité de CO2, sachant que sa fabrication est très énergivore?»

Quand nous nous interrogeons sur l’(in)utilité de tel ou tel instrument susceptible de nous amener à faire des économies, mieux vaudrait donc inclure dans notre réflexion l’article en question, de sa fabrication à son élimination. «Tout investissement doit être mesuré à l’aune du potentiel d’économie qu’il permet. Si vous vous chauffez avec une chaudière à bois alimentée par des bûches de la forêt voisine que vous sciez à la main, vous n’avez pas besoin d’un thermostat intelligent, dont la fabrication, l’installation et la maintenance exigeront énormément d’énergie grise. En revanche, si la même maison est chauffée au fioul, cet appareil peut être un excellent investissement.»

Tout dépend donc du contexte. Etant donné la complexité du sujet, le bon sens et l’intuition, bien que garantis sans émission de CO2, sont hélas rarement d’une grande aide. 

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