Eclairage. La Suisse compte la plus grande communauté de Français hors Hexagone, avec près de 200 000 ressortissants. Un terrain de chasse privilégié pour les candidats.
«La force de notre combat pour la France dépend de votre soutien.» L’objet du tout-ménage électronique de François Fillon est sans équivoque. L’ex-premier ministre français mène une campagne acharnée pour la primaire de la droite et du centre qui se déroulera les 20 et 27 novembre prochains. L’envoi de newsletters politiques pour grappiller des voix est un procédé très répandu. Mais ce qui intrigue dans la drague électorale de François Fillon, c’est qu’elle s’adresse aux Français de Suisse (binationaux compris).
La Suisse est devenue le terrain de jeu des candidats, dans l’espoir de briguer l’Elysée en mai 2017. Comme François Fillon, les six autres concurrents de la primaire multiplient les envois électroniques, les conférences et les meetings à Genève ou Zurich. Dernier en date? Jean-François Copé est venu présenter les atouts de son programme le 31 octobre au Swisshôtel de Genève.
Avant lui, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Alain Juppé et François Fillon ont tous défendu leur candidature en terres helvétiques. Tous, sauf Jean-Frédéric Poisson et Nicolas Sarkozy.
La primaire, une première
Avec 200 000 ressortissants, dont 120 000 inscrits sur les listes du consulat de France, la Suisse accueille la plus grande communauté de Français hors Hexagone. On comprend mieux le zèle des candidats à la primaire pour séduire ces électeurs. Ces derniers avaient jusqu’au 16 octobre pour s’enregistrer afin de pouvoir voter lors de cette primaire.
Une échéance qui a mobilisé les équipes de campagne des sept candidats, car «trop d’électeurs de l’étranger se focalisent sur la date du scrutin et pensent pouvoir voter à ce moment-là», explique Claudine Schmid, députée des Français de Suisse et du Liechtenstein à l’Assemblée nationale.
La primaire de la droite et du centre est une première. «Il a fallu s’activer pour expliquer les modalités de participation aux électeurs», souligne Claudine Schmid, qui réside à Zurich. Lesquelles? Tous les Français de Suisse qui se sont inscrits jusqu’au 16 octobre dernier recevront un code par SMS. Ils ont dû préalablement signer une déclaration sur l’honneur: «J’adhère aux valeurs de la droite et du centre. Je m’engage pour l’alternance et pour le redressement de la France.»
Et de s’acquitter des 2 euros pour voter (par tour de scrutin) en prouvant qu’ils sont bien inscrits sur les listes électorales. Le code SMS leur permettra de voter par l’internet du samedi 19 novembre à 19 heures au dimanche 20 novembre à 19 heures. C’est une autorité extérieure qui organise le bon déroulé du scrutin.
Plus tôt dans la campagne, les modalités du vote électronique pour les Français de l’étranger ont suscité une vive polémique. En effet, Nicolas Sarkozy ne cachait pas ses préférences pour le choix exclusif d’un vote à l’isoloir, qui aurait dû avoir lieu dans l’un des trois bureaux de vote physique installés à Genève, Bruxelles et Londres. Ce système limite le nombre de votants et avantage Nicolas Sarkozy. Finalement, les Français de Suisse voteront uniquement par voie électronique. Point. Mais combien seront-ils?
Deux semaines après la clôture des enregistrements, seuls 6500 électeurs se sont inscrits en Suisse pour participer à la primaire. «Ce chiffre peut paraître faible, mais nous sommes très contents, commente Claudine Schmid. C’est plus que pour les législatives de 2012», qui avaient été le premier scrutin ouvert au vote électronique. La députée des Français de Suisse rappelle que la primaire de la gauche ne se fera que par un vote à l’urne.
En tant que déléguée des républicains, Claudine Schmid ne voulait pas plébisciter un candidat plutôt qu’un autre. Mais en tant que députée, la Franco-Suisse ne cache pas son soutien à Alain Juppé. Elle travaille d’ailleurs à la rédaction de son programme pour les Français de Suisse.