Reportage. Le photographe bernois était à Washington lors de l’investiture du 45e président des Etats-Unis et de la contre-manifestation massive dans la capitale.
A 59 ans, Michael von Graffenried n’a rien perdu de son mauvais esprit. Souvenez-vous des années 1980-1990, lorsque les politiciens suisses se plaignaient de cet insolent, issu pourtant de la grande bourgeoisie bernoise. Il les photographiait distraits, en train de bâiller, pas à leur affaire, comme plus tard il s’ingéniera à montrer les travers des «Swiss people». Dans son pays, en Algérie, en Somalie, à Rio, aux Etats-Unis, Michael von Graffenried gratte toujours où cela fait mal.
Il s’est rendu l’autre jour sur le National Mall de Washington pour l’investiture de Donald Trump, retournant le lendemain dans le centre-ville pour la manifestation monstre qui a suivi le sacre. Un photographe doit provoquer la chance: Michael von Graffenried s’est posté, avant l’investiture, sur Pennsylvania Avenue, devant le Trump Hotel. Il était sûr que le matamore ne résisterait pas à la tentation de sortir par la grande porte de l’hôtel, histoire d’assurer la promotion de son propre établissement.
C’est bien sûr ce qui s’est passé. Clic. En plus, dans le cadre, derrière Trump triomphant, un malicieux drapeau russe… Le type même d’ironie qui leste les images du photographe, depuis plus de trente ans. Une ambiguïté à l’œuvre également lorsque les costumières du 45e président des Etats-Unis testent leur dextérité sur un Trump de cire, un fake Trump!
Michael von Graffenried a également suivi les manifestants présents le jour de l’investiture. «C’est la première fois que je vois ce genre de black blocs à l’action aux Etats-Unis: on a plus l’habitude d’eux à Berne ou à Zurich!» Et de poursuivre: «Ce qui était aussi étonnant le 20 janvier, c’est que les partisans de Trump côtoyaient sans violence les manifestants. Tout était très discipliné, à l’américaine. En Allemagne ou en France, il y aurait immanquablement eu de la bagarre!»
