Mobilité.Tesla installe en Europe des bornes qui permettent de recharger ses voitures électriques en quelques minutes. Expérience sur le trajet Genève-Zurich, à Lully (FR).
Genève-Zurich en voiture à essence revient à passer trois heures sur l’autoroute. En voiture électrique, c’était jusqu’ici une aventure rarement tentée. La plupart des modèles permettent à peine de rallier le restoroute Rose de la Broye, à Lully, à plus de 100 km de Genève. Les batteries s’épuisent trop vite sur les voies rapides. La station de la Broye est certes équipée de deux stations de recharge électrique. Mais même avec la plus puissante d’entre elles, il faut longuement patienter sur place pour espérer atteindre Zurich, une fois reparti.
La donne change avec une Tesla, la voiture électrique haut de gamme fabriquée en Californie. La marque de l’entrepreneur Elon Musk ouvre actuellement en Europe des superchargeurs, des bornes de recharge très rapides. Deux de ces stations de 120 kilowatts viennent d’être ouvertes sur le parking du restoroute de la Broye. Quatre autres seront bientôt disponibles. En vingt minutes, la voiture gagne de quoi parcourir 250 km, la moitié du rayon d’action de la version la plus performante de la berline américaine.
De puissantes stations. Pour remplir la batterie lithium-ion à 80%, il faut quarante minutes. La charge est gratuite. L’autre jour, au volant d’une Tesla sur le trajet Genève-Zurich, je me suis contenté d’un quart d’heure de charge sur l’aire d’autoroute. En arrivant dans le centre de Zurich, j’avais encore plus de 200 km d’autonomie. Un autre monde.
«En effet. Nous avons ici une évolution si rapide qu’elle représente un vrai défi pour nous, note Urban Achermann, responsable des ventes et du marketing du Groupe E, l’entreprise qui a installé les superchargeurs à Lully. Lorsqu’on a commencé à mettre en place des bornes électriques en Suisse, il y a trois ans, il fallait attendre de quatre à six heures pour espérer parcourir 100 km. Avec une Tesla, quelques minutes suffisent. Ces stations de recharge sont tellement puissantes qu’elles nous contraignent à poser des transformateurs pour éviter qu’elles ne perturbent le réseau.»
Tesla a commencé à installer ses superchargeurs fin 2012, d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe. Elle en a implanté une demi-douzaine en Norvège, où les voitures électriques sont populaires. Le réseau s’étend désormais à l’Allemagne (4 points de recharge), aux Pays-Bas (2), à l’Autriche (1) et à la Suisse. Il est ainsi possible de faire le trajet autoroutier Genève- Amsterdam avec une Tesla. Toute l’Europe de l’Ouest devrait être couverte d’ici à deux ans. En Suisse, d’autres stations seront installées, en particulier au Tessin et sur la route des stations chics de l’Engadine. Comme celles déjà en place, elles ne sont destinées qu’aux voitures de la marque. Tesla, comme son voisin Apple dans la Silicon Valley, fonctionne en système fermé. Vous êtes de la concurrence? Circulez!
Une production à la hausse. Vendue entre 80 000 et 120 000 francs selon la puissance de la batterie et les options, la marque vise une clientèle aisée. En quatre mois, la marque a vendu 250 voitures en Suisse. Son unique magasin est situé près de la Bahnhof-
strasse à Zurich. Un centre d’entretien ouvrira bientôt à Genève. Désormais profitable, cotée avec succès en Bourse, sur le point de doubler sa production de 500 à 1000 voitures par semaine, Tesla reste une exception sur le marché encore timoré de l’auto électrique. L’an prochain, le constructeur de la Silicon Valley lancera un 4 x 4 avant de viser les gros volumes avec son modèle E, bien plus économique.