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De l’art de porter la casquette (en été)

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Jeudi, 11 Juillet, 2013 - 05:54

ACCESSOIRE. Visière plate ou bombée: tendances, témoignages et conseils pour bien se couvrir le chef sans ridicule.

Tous les matins, Sacha Mertes choisit la casquette qu’il va porter. Il ne sort jamais sans. Il adapte son habillement en fonction. A 35 ans, il est vendeur au magasin Escape, à Lausanne, spécialisé dans les vêtements pour les skateurs et les snowboardeurs. Chez lui, il possède près de 180 couvre-chefs à visière, en majorité de la marque New Era, leader dans le secteur. «C’est devenu pour les hommes ce que le sac à main est pour les femmes.» A cela près qu’aujour-d’hui, les filles portent aussi des casquettes, et les garçons des sacs. Mais c’est une autre histoire

Accessoire primordial. L’objet dérive du képi militaire. C’était plutôt le couvre-chef du pauvre (l’employé, le chauffeur, l’ouvrier), avant qu’il transcende les classes sociales dans les Etats-Unis des années 20, grâce au sport. «Il y a d’abord eu les casquettes des équipes de baseball, précise Sacha. Ont suivi celles des équipes de hockey, de football américain, de basket… Aujourd’hui, toutes les marques branchées de vêtements en veulent à leur logo.» Sur la visière des fameuses New Era, une pastille dorée indique la taille (fixe, elle ne s’adapte pas). Les connaisseurs ne les décollent jamais. D’ailleurs, une casquette doit toujours avoir l’air neuve (raison pour laquelle on peut la transporter dans des étuis rigides).

Chez Escape, seules quelques rares survivantes ont encore la visière arrondie. Sacha n’aime plus les porter. «Cela fait l’effet d’avoir des ornières. Tandis qu’avec la visière plate, on a une vision panoramique.»

Dans l’arrière-boutique, les nouveaux arrivages: la saison prochaine s’annonce chamarrée, les tissus évoqueront des boubous africains ou des tapisseries chatoyantes. Ce sont des «five panel» de la marque T. W. O Face (à savoir des coiffes fabriquées avec cinq morceaux de tissus assemblés, et non six). La structure du «six panel» est haute, rigide, ronde. Celle des «five panel» plus molle, s’ajuste au crâne. Les visières sont toujours plates, mais, d’après Sacha, on peut les incurver légèrement.

Le style hip-hop est mieux représenté chez Exclusive Shop, à Genève. Yvan Kamatari, son gérant, reçoit des nouveautés tous les quinze jours. Par exemple, les récents motifs python ou panthère. «Chacun crée son propre style, il n’y a pas de mode, on trouve de tout, explique-t-il. Chaque marque de vêtements, comme Rocawear ou Crooks & Castles, crée ses casquettes. Parce que c’est devenu l’accessoire incontournable, surtout pour les garçons, qui vont marier les couleurs de leur habillement d’après leur casquette.» Elle se porterait avec tout, même le costume cravate.

A l’envers? Oui, mais comment la porter? A l’envers ou de côté (une mode des années 90)? Juste posée en équilibre, ou, pourquoi pas, carrément enfoncée sur le crâne? Jean Liermier, directeur du Théâtre de Carouge, 43 ans, arbore différemment ses casquettes selon son humeur. «La couleur traduit mon état d’esprit. La façon dont je la porte aussi. Si elle est à l’envers, cela veut dire que je suis disponible. A l’endroit, enfoncée sur la tête, cela veut dire que je brave la tempête.» L’accessoire en déconcerte plus d’un. Lors de la présentation de sa première saison à Carouge, il s’est fait «alpaguer» par des abonnés. «Ils m’ont reproché d’avoir gardé ma casquette. D’après eux, c’était impoli de ma part. Je leur ai expliqué que porter une casquette m’aide à faire chauffer ma matière grise, à me concentrer. Dans le but de mieux servir le public!»

Sur son bureau, le directeur a posé une coiffe bleu ciel de la marque Atlantis USA. «J’ai besoin de l’avoir près de moi.» Il y aurait une autre raison à cette lubie, devenue marque de fabrique: des cheveux frisés indisciplinés, qu’il préfère cacher. Il courbe les visières, et choisit des tissus unis, sans logo. Il ne collectionne pas, mais use les casquettes jusqu’à la corde. «Pour moi, c’est un doudou, dont j’espère guérir un jour!» Car elles véhiculeraient un côté «gamin» qu’il n’aime pas. (Aujourd’hui, ses enfants, de 2 et 4 ans, adorent les lui piquer.) «Mais l’habit ne fait pas le moine et il faut porter ce qui nous plaît», conclut l’homme. Poli, Jean Liermier soulève sa casquette pour prendre congé, comme il le ferait avec un haut-de-forme.

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Matthias Rihs
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Darrin Vanselow
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