Nouveauté.Simplicité, économie, ingéniosité: la marque tente de revenir à ses valeurs d’origine avec la C4 Cactus. Il était temps.
Comme le groupe auquel elle appartient (PSA), la marque Citroën n’est pas au mieux. Elle a perdu des parts de marché en Europe, où elle ne vend plus que 600 000 véhicules par an, contre 900 000 en 2005. Elle en gagne en revanche en Chine, notamment grâce à sa gamme premium DS, qui est même une marque à part entière dans le premier marché automobile de la planète. Estimée également en Europe, la ligne DS a toutefois eu un effet négatif: «Elle a terni le reste de notre offre», concède le directeur de Citroën, Frédéric Banzet. L’autre offre? La gamme C plus simple, des C3 ou C4 toutes concurrencées par des modèles DS bien plus séduisants.
La situation est problématique pour l’image de marque du constructeur. Citroën a certes toujours proposé, comme le rappelle le responsable des produits Thomas d’Haussy, des voitures très différentes les unes des autres: «Nous sommes tout de même les seuls à avoir proposé dans le même espace de vente des 2 CV et des DS. Ou des Berlingo et des C4 Picasso. De l’extérieur, on peut avoir l’impression que nous avons aujourd’hui deux marques au lieu d’une. Ce n’est pas pour nous déplaire.»
Marquer sa différence. Reste que Citroën opère un retour à ses origines avec le dévoilement, l’autre soir à Paris, de sa C4 Cactus. Comme si le constructeur s’était rendu compte qu’il était allé trop loin dans le premium et qu’il fallait en revenir, pour marquer sa différence, à l’esprit pionnier de la 2 CV. C’est-à-dire un véhicule léger, efficient, pratique, non agressif, peu puissant, doté d’un petit moteur économique, offrant le nécessaire au détriment du superflu. Une voiture pour période de crise au coût d’achat et d’usage réduit. Un modèle qui préfère des banquettes plutôt que des sièges. Et propose des solutions ingénieuses, rappelant qu’André Citroën, le fondateur, était un polytechnicien qui privilégiait toujours l’audace.
Ce retour aux valeurs historiques de la marque aux chevrons, qui devrait se confirmer dans les prochaines années, s’incarne dans la C4 Cactus. Mi-berline, mi-SUV, ce véhicule compact d’un peu plus de 4 mètres de longueur multiplie les originalités. Il est caparaçonné sur ses flancs, sa poupe et sa proue d’un revêtement souple en thermoplastique uréthane. Ces «airbumps» gonflés d’air affirment la personnalité graphique de la voiture tout en la protégeant des petits chocs, supprimant d’éventuels coûts de réparation. En logeant l’airbag passager dans le pavillon, au-dessus du pare-brise, les concepteurs de la Cactus ont dégagé un espace de rangement généreux dans la planche de bord.
La voiture pèse 200 kilos de moins qu’une C4 conventionnelle, passant en dessous de la barre de la tonne. L’absence de lève-vitres électriques à l’arrière, au profit de vitres entrebâillantes, permet de gagner 11 kilos. La banquette arrière monobloc? Moins 6 kilos. L’absence d’un rideau qui occulterait le toit en verre, dont le filtre anti-UV est équivalent à des lunettes de soleil de catégorie 4? Moins 6 kilos aussi. Les diffuseurs de lave-glace intégrés à l’extrémité des balais d’essuie-vitres? Moins 1,5 kilo. Et ainsi de suite grâce à l’emploi d’aluminium et d’aciers légers haute résistance. Ou du petit moteur à essence 3 cylindres de 82 chevaux à moins de 100 grammes de CO2 par kilomètre.
Attention au poids, mais aussi au coût et à la connectivité. La C4 proposera en France (mais pas en Suisse dans un premier temps) des solutions d’achat au forfait mensuel ou au kilomètre. Un site de partage du type TripAdvisor permettra aux clients de donner leur avis en ligne. Les commandes de bord ont été réduites grâce au recours à une tablette tactile de 7 pouces disposée sur le tableau de bord. Toutes les fonctionnalités seront offertes sur l’écran, y compris, selon le niveau de finition, un guide vers la station-service la plus proche ou la moins chère, ou la recherche d’un restaurant.
Sans doute proposée à un peu moins de 20 000 francs lorsqu’elle arrivera en Suisse au printemps, la C4 Cactus présente un design lisse, simple, calme, sans affirmation de puissance ni de sportivité. Incorrigible, Citroën dévoilait lors de la même soirée parisienne un autre véhicule de sa gamme C: la voiture de course WTCC de 400 chevaux, un bolide superagressif. Brouillant du même coup le message de la nouvelle sagesse de la marque…