INITIATIVE. Des aires de jeux destinées à favoriser l’exercice physique chez les aînés ont été installées à Genève. Un concept avant-gardiste qui vient du Nord, et qui ne convainc pas tout le monde.
Stéphanie Casarin
Les séniors, de plus en plus décomplexés, s’adonnent désormais volontiers au sport en plein air au sein de places de jeux aménagées spécialement pour eux. Pédalier accroché au sol faisant face à un banc, rampe équipée de barrières ou encore roue mobile pour faire travailler les articulations des épaules sont autant d’engins adaptés aux capacités physiques des personnes âgées.
«Nous venons faire travailler nos muscles pour éviter qu’ils ne rouillent pendant l’été», s’amuse Fernande Mettan, 86 ans, occupée à faire monter et descendre des pièces en bois le long d’une épaisse tige métallique en forme de ressort. Son acolyte, Florentina Oranci, 83 ans, lui lance entre deux flexions de genoux: «Tu viens, on va pédaler!» Pendant que l’une explique à une petite fille blonde comment se servir du pédalier, l’autre, canne en main, marche sur des barres parallèles fixées à 2 centimètres du sol.
Des deux côtés de l’installation, des enfants font le cochon pendu sur les barres de sécurité. Ils vont et viennent à mesure que la vieille dame avance. «Nous avons placé cet espace à proximité d’une place de jeux pour enfants dans le but de créer des échanges entre générations», explique Christine Luzzatto, responsable du Service des aînés de la ville de Meyrin.
Concept décrié. Originaire de Scandinavie, le concept commence à séduire les autorités communales suisses. L’installation d’un espace destiné aux aînés est prévue d’ici à 2014 à Loèche-les-Bains (VS). La commune de Meyrin (GE), pionnière de la démarche, a conçu une place de jeux pour aînés en 2009 déjà. Depuis son inauguration, des cours de gym bimensuels d’une dizaine de participants y sont donnés par un professeur spécialisé dans la gym du troisième âge.
Le concept de place de jeux pour séniors ne fait pas l’unanimité: «L’intention est bonne, mais aménager des engins destinés spécifiquement aux aînés constitue une manière de les mettre à l’écart, estime Cornelia Hummel, maître d’enseignement au département de sociologie de l’Université de Genève, spécialisée de la gérontologie. Il vaut mieux promouvoir des appareils utilisables par tout le monde.»
Développer des espaces de fitness en plein air ouverts à tous, c’est d’ailleurs le projet favorisé par plusieurs communes en Suisse romande. «Ce marché se développe rapidement, explique Thierry Gal-ladé, directeur de Publicplaces, une entreprise genevoise qui fournit des appareils de fitness urbain. En ce moment, notre société s’occupe d’une quinzaine de projets en Suisse romande.»
Corps et esprit. Les machines destinées à tous les publics sont-elles adaptées aux sportifs du troisième âge? Pour apprendre aux séniors à utiliser les installations sans se blesser, des initiatives sont mises en place, comme les cours hebdomadaires organisés par l’association Gymnastique Séniors de Genève, à l’Urban Fitness du parc de Trembley, qui vient d’être inauguré.
«Le but de ces engins soft, dont l’idée vient de Chine, consiste à maintenir la santé du corps et de l’esprit, pas à faire du sport intensif, explique Blaise Parel, patron de la société Lactell Play and Sport basée à La Chaux-de-Fonds. Un système de contrepoids permet aux machines de s’adapter à leurs utilisateurs. D’ailleurs, partout en Europe, ce sont les retraités qui utilisent le plus ces places de jeux.»