Ce texte de l’écrivain suisse Daniel de Roulet est à la fois un document et la suite d’une œuvre. Il s’agissait au départ pour l’auteur de répondre cet hiver à une invitation: celle de Friedrich Christian «Mick» Flick, grand amateur d’art fortuné d’origine allemande, à la tête d’une des plus formidables collections modernes et contemporaines du monde. Mick Flick entendait faire lire à de Roulet, dans son chalet des alentours de Gstaad, un extrait d’Un dimanche à la montagne, ouvrage que l’écrivain a publié en 2006. Ce texte émouvant fit alors polémique: l’auteur y confessait avoir brûlé dans sa jeunesse le chalet bernois d’Axel Springer, éditeur allemand qu’il suspectait faussement d’avoir eu durant la guerre des sympathies nazies.
Mick Flick vient d’une famille où le passé est fait d’ombres: son grand-père, industriel allemand ami de Heinrich Himmler, fut jugé à Nuremberg et condamné à sept ans de prison pour avoir participé à l’effort de guerre hitlérien en utilisant notamment des prisonniers esclavagisés dans ses usines. Une fois libéré, il continua à développer sa fortune: celle dont son petit-fils Mick Flick est aujourd’hui un héritier.
Jusqu’à quelle génération est-on responsable des crimes de sa famille? De Roulet, se demandant s’il devait accepter l’invitation de Mick Flick, s’interroge et interroge la mémoire et son vertige. CP
Daniel De Roulet
Cher Monsieur,
J’ai reçu ce matin de mon ami Christian A. un courriel où il m’enjoignait de ne pas me rendre dans votre chalet près de Gstaad où je suis invité pour lire Un dimanche à la montagne. Mon ami habite une clairière dans l’une des plus grandes forêts de France, il a exercé plusieurs métiers; aujourd’hui, il est bûcheron et organise chaque mois un café philosophique, rencontre à laquelle participent une centaine de riverains de la clairière. L’autre soir, à table, quand j’ai dit que j’allais me rendre chez le petit-fils d’un ancien nazi condamné au procès de Nuremberg, j’ai fait valoir que chacun porte un nom qu’il n’a pas choisi. Christian est resté ferme sur les principes: celui qui, comme vous, M. Flick, accepte en héritage une fortune faite dans des conditions indignes participe de cette indignité et doit être boycotté. Autour de la table, nous étions six, chacun y est allé de sa condamnation. Un autre a dit que si j’allais chez vous, je ferais bien d’emmener des allumettes pour mettre le feu à votre chalet. Puis la discussion a continué à propos de la fonction de l’art qui devrait être produit dans des conditions éthiques: on ne peut faire une œuvre avec la peau tatouée arrachée à un prisonnier d’Auschwitz. Au-delà du cas particulier, nous nous demandions jusqu’à combien de générations doit porter l’opprobre. Les victimes de la traite des Noirs doivent-elles être indemnisées après quatre cents ans? Autour de la table, quelqu’un a raconté le cas d’une amie dont le père a été interné en 1940 et qui, soixante ans plus tard, a reçu pour la première fois une modeste pension dont elle n’a plus besoin. Mais le geste l’a réconciliée avec la vie.
Seul avec sa conscience. Mes amis français, en politique comme en amitié, n’aiment pas les compromis; je me suis retrouvé seul à essayer de raisonner sereinement sur le «cas» Flick. J’ai pourtant moi-même assez à faire avec ma propre conscience, bonne ou mauvaise. J’ai donc cherché à tout remettre à plat, c’est l’objet de cette lettre que je vous envoie, avec copie à mon ami Christian. Je vais devoir y parler aussi bien de ce que je sais de vous que de ce que vous savez ou pas de moi; c’est un exercice périlleux, autant le faire devant témoins.
Il y a bientôt quarante ans, j’ai mis le feu à un chalet dans la montagne au-dessus de Gstaad. Il appartenait à Axel César Springer, fondateur d’un empire médiatique. Je l’accusais d’être un ancien nazi, ce qui s’est révélé inexact. Mon éditrice, qui possède elle aussi un chalet à Gstaad, a courageusement publié Un dimanche à la montagne en 2006. J’y raconte dans quelles circonstances, comment et pourquoi j’ai incendié ce nid d’aigle. Pendant tout le temps où j’ai gardé pour moi ce secret, je n’ai eu affaire qu’à ma propre conscience et elle ne m’a pas trop tourmenté. Mais, après la publication du livre, je me suis retrouvé confronté à toutes sortes de réactions haineuses qui m’ont bien plus affecté. J’ai connu le lynchage médiatique (vous savez ce que c’est), l’ostracisme de la scène littéraire (plus de prix ni d’invitations), la condamnation publique par tous ceux qui, sans avoir lu mon livre, proposaient de brûler ma maison ou même, comme quarante parlementaires nationaux, de voter une loi rétroactive pour me jeter en prison puisque le crime était prescrit.
Un «terroriste». J’ai eu aussi quelques satisfactions. Mon père, pasteur en France pendant la guerre, avait été témoin des rafles d’enfants juifs. Il s’est dit fier que son fils soit appelé «terroriste» puisque c’était le nom que les nazis donnaient aux résistants. Et l’autre satisfaction: le repas que m’a offert l’armailli qui vivait l’été à côté du chalet incendié. Lui non plus n’a pas lu mon livre, mais s’est dit soulagé que j’avoue mon forfait. Ainsi dans le village, après tant d’années, on n’accuserait plus personne à tort. J’avais mis fin aux rumeurs, il m’en était si reconnaissant qu’il m’a couvert de cadeaux.
Depuis cet aveu, ma vie a changé. Je continue de recevoir des lettres anonymes, dont certaines sont des descriptions précises des chalets autour de Gstaad auxquels je devrais mettre le feu. Ainsi on me souffle que le patron déchu de l’UBS a fait rénover un alpage au mépris des lois. Tel exilé fiscal, rockeur ou baron du sucre, aurait un bunker souterrain. Ou bien tel autre armateur grec, ou princesse répudiée, aurait ajouté un étage à son chalet qui n’en serait plus un. Il est vrai qu’autour de Gstaad, les «cas» douteux ne manquent pas pour un éventuel justicier. Pas mon genre.
Vous aussi avez là votre chalet et même, en plus du vôtre, celui où habitent vos enfants, qui a brûlé en 2011, sans compter celui qui se trouve au-dessus de l’Arnensee, perdu près de ce lac de montagne. En hiver, on n’y accède qu’à skis ou à raquettes. C’est là que je devrais lire l’aveu concernant un autre chalet, tout aussi isolé, où Axel César Springer emmenait la bonne de ses enfants avant qu’elle devienne sa cinquième femme.
De l’industrie à l’art. A propos de votre fortune, différentes versions existent dans des biographies plus ou moins autorisées. Voici ce que j’en ai retenu. Vous savez tout cela, mais je l’écris aussi pour Christian afin de parler non pas de principes, mais d’un exemple précis, le vôtre.
Votre grand-père, Friedrich Flick, dit FF, a vécu de 1883 à 1972. Il a construit un empire industriel dès la Première Guerre mondiale et, en 1933, grâce à ses bonnes relations avec le pouvoir, il a fait tourner toutes ses usines pour alimenter la machine de guerre nazie. Après la défaite de l’Allemagne, il a été jugé à Nuremberg pour avoir exploité le travail forcé de milliers de prisonniers prélevés notamment dans les camps. Il a été condamné à sept ans de prison. Ressorti après trois ans, il a repris ses activités industrielles et les a fait fructifier jusqu’à sa mort, à 89 ans.
Ce grand-père a eu trois fils. Le premier est votre père qui ne s’est pas entendu du tout avec son père, et est mort jeune peu de temps après lui. Le deuxième fils a été tué sur le front d’Ukraine en 1941. Le troisième, votre oncle, a repris la conduite des usines.
Votre père a eu une fille et deux garçons surnommés Muck et Mick. Vous êtes né la même année que moi, en 1944, à la fin d’une guerre que vous n’avez pas connue. Muck et Mick ont fait des études puis ont travaillé dans les usines de leur oncle avec lequel ils ne se sont pas entendus de sorte qu’à 30 ans, grâce à une partie de la fortune familiale, vous vous lancez dans les affaires: des fermes aux Etats-Unis, des gisements pétrolifères par là-bas aussi. Vous y consolidez votre fortune. A 40 ans, établi à Gstaad, retiré des affaires, vous vous passionnez pour l’art contemporain. Vous achetez des milliers d’objets, installations, tableaux, vous amassez rapidement une magnifique collection. Vous rencontrez de nombreux artistes à propos desquels vous dites qu’ils ont changé votre manière de juger le monde.
En somme, vous avez eu trois vies: celle que vous avez passée dans le giron familial, celle de l’homme d’affaires indépendant et celle du collectionneur d’art. Au début de ce siècle, vous décidez de faire construire à Zurich un musée pour abriter votre collection. Rem Koolhaas accepte d’en être l’architecte. Mais des voix s’élèvent contre ce projet, disant que votre collection a été acquise avec de l’argent hérité d’un grand-père nazi, que le nom de Flick, ensanglanté par le travail forcé, ne saurait être blanchi par l’art. Vous hésitez, refusez de participer à un fonds de réparation des crimes de votre grand-père. En revanche, vous créez une Fondation Flick contre le racisme et l’intolérance et vous proposez votre collection au Hamburger Bahnhof de Berlin. Les protestations recommencent. Vous répondez: «Je n’accepte pas d’être traité en coupable. Je me déclare en revanche responsable de l’histoire familiale dont j’hérite.» Mais ça ne suffit pas pour calmer le jeu. Ces jours-là, comme vous le racontez, chaque matin en ouvrant le journal, vous vous attendez à de nouvelles attaques. Entre-temps, l’exposition renouvelée de votre collection attire les visiteurs du monde entier. Si vous en étiez resté là, mon ami Christian aurait raison: se dire responsable sans que des actes suivent est un peu court. Christian m’écrit: «Si l’on accepte un héritage constitué sur des faits de guerre dont l’ignominie est reconnue, on endosse alors une part de responsabilité des actes à l’origine de cette fortune. On les cautionne en quelque sorte…»
Les années passent et, en 2011, à l’occasion du dixième anniversaire de votre fondation, vous clarifiez enfin votre position. L’idéologie nazie n’est pas une affaire passée mais très présente, dites-vous, surtout dans l’ancienne Allemagne de l’Est. Vous ajoutez: «Nous sommes tous concernés par l’extrémisme de droite et la terreur nazie. Ces gens-là sont très actifs, proposent leur aide pour trouver du travail, s’occupent des enfants, offrent des repas aux pauvres, tout en diffusant leur poison idéologique. Nous ne devons pas leur abandonner ce terrain-là. D’où ma fondation qui propose près de 200 projets qui s’adressent à 80 000 jeunes en difficulté. Il s’agit d’empêcher la naissance d’une haine aveugle. Je suis pour l’interdiction sans condition des partis néonazis. Je soutiens l’école Rosa Luxemburg à Potsdam et je vois les progrès.» Quand on vous demande pourquoi vous avez donné votre nom à cette fondation, vous dites que, oui, justement, vous assumez ce nom qui fait partie de votre vie.
Confrontation avec le passé. Souvent, les œuvres contemporaines que vous achetez ont pour thème la période nazie. Ce sont elles, dites-vous, qui vous ont permis d’aborder pour la première fois le sombre passé de votre famille. Cette confrontation avec les artistes, avec le refus de certains d’entre eux d’accepter votre démarche, vous a irrité, blessé, mais aussi obligé à comprendre ce que d’autres ressentaient en voyant le nom de Flick apparaître dans le champ de l’art contemporain. Vous dites qu’il vous a fallu préciser le détail de votre histoire familiale, un tabou jusque-là. Au début, vous ne vouliez pas savoir, vous bottiez en touche, mais il y avait les faits: vous avez donc payé une recherche pour tout connaître de votre famille jusqu’aux détails les plus sordides. L’Université de Munich l’a publiée.
Vous avez une fille infirme et deux fils. L’un travaille comme journaliste dans un journal de gauche israélien, l’autre fait des films documentaires. Pour eux, vous avez brisé la chaîne du silence et des mensonges, vous voilà lentement au clair sur votre passé, même si, comme vous l’avouez pudiquement, les comportements de votre clan vous collent à la peau. Vous pensiez un peu vite faire l’impasse sur votre nom, le scandale vous a rattrapé. Depuis lors, vous vous sentez le droit de reconstruire une biographie que vous déterminez librement. Est-ce le contact avec les artistes qui vous a fait entrevoir une autre échelle de valeurs?
Finalement, vous avez reconnu que vous auriez dû vous engager aussi dans la fondation qui dédommage les victimes du travail forcé, vous y avez versé 5 millions d’euros. Mes amis et moi nous demandions jusqu’à quelle génération il faut porter la honte des actes de nos ancêtres. La réponse que vous donnez: jusqu’au moment où, par un acte volontaire, de préférence individuel, l’histoire est assumée.
Mais tout le monde n’a pas votre clairvoyance tardive. Vous dites qu’il vous a fallu du temps. Il me semble qu’il y a chez vous, propriétaire de chalets à Gstaad, une retenue semblable à celle qui habitait un autre propriétaire de chalets de la région, Axel César Springer. Alors que tout le monde, journalistes et écrivains, l’accusait d’être un ancien nazi, il n’a jamais démenti, préférant assumer sans doute le fait que sa responsabilité avait tout de même été impliquée au moment où il avait divorcé d’une femme juive en 1938 – pas le meilleur moment. C’était une coïncidence entre son histoire privée et l’histoire, mais il ne pouvait l’ignorer. Plus tard, son fils s’est suicidé, à quelques jours de la mort de Rudi Dutschke. Cette nouvelle coïncidence a fait de lui un être tourmenté jusqu’à en perdre la raison. Ainsi donc, il faut parfois toute une jeunesse et un âge mûr pour en finir avec un passé, une histoire à laquelle on refuse de s’identifier. Ce n’est pas une rédemption, juste le début d’un savoir-vivre.
Un rite de passage final. Mes amis de la clairière, si vite emportés pour une juste cause, ne vous laissent pas le temps de dérouler votre histoire que vous voilà condamné. Comme une partie de ma famille est allemande, je comprends mieux cette macération dont la mémoire a besoin pour vivre en paix. J’aime cette phrase de Fritz Teufel devant un tribunal allemand: «Mieux vaut un courage intermittent que pas de courage du tout.»
Quand j’ai reçu l’invitation à venir lire dans un chalet perdu dans les neiges, sans public, de la part d’un commissaire new-yorkais, Gianni Jetzer, je me suis dit que c’était là comme une parodie de l’art d’aujourd’hui qui se fait sans trop de public, éventuellement à huis clos. Et cette parodie en elle-même (quel que soit le propriétaire du chalet) m’est apparue comme un rite de passage final dans le parcours qui va pour moi de l’acte d’incendiaire à son aveu public. Je vais finalement confier au silence des neiges éternelles ce texte, Un dimanche à la montagne, dont personne n’a vraiment voulu.
Depuis sa parution il y a huit ans, je n’ai été invité que trois fois à le lire. La première fois à Téhéran devant une grande salle remplie d’intellectuels. On m’avait prié de ne pas lire mes diatribes contre le nucléaire et de les remplacer par un texte qui parle du terrorisme chez les Occidentaux. J’ai donc lu avec émotion quelques pages que je destinais à d’autres qui refusaient d’en prendre connaissance.
La deuxième fois, c’était cet été à New York dans une galerie d’art de SoHo qui exposait Tinguely, Gianni Motti, Hirschorn et d’autres. Ça se passait lors d’un brunch du dimanche. Après la lecture, une dame m’a signalé que la veuve de Kandinsky avait été assassinée dans son chalet à Gstaad. Depuis trente-cinq ans, on attend que le meurtrier se dénonce, a-t-elle ajouté. Je n’ai pas tout de suite compris le rapport avec ma situation.
La troisième fois, c’est par ruse que j’ai réussi à placer mon texte. J’étais invité cet automne par le maire de Lugano qui s’affiche volontiers en compagnie des ultraconservateurs. Quand j’ai lu Un dimanche à la montagne, il n’a pas protesté, il s’est même trouvé très tolérant de ne pas m’interrompre. Et maintenant pour la première fois, officiellement en Suisse, dans un chalet solitaire, invité par le même commissaire qu’à New York, assigné à résidence à la manière de Polanski, je jetterai au vent d’hiver une brassée de phrases évanescentes.
Ces dégâts collatéraux. Pour nous autres Suisses, le chalet, le «Swiss chalet» comme disent les anglophones, est la matrice de toute habitation. Du latin «cara» qui signifie «l’endroit où l’on s’abrite», je retiens ce sens primitif. Les pauvres ont des cabanes, les riches ont des palais, mais le chalet, lui, est un abri pour le passant, un bien commun qu’il n’est pas convenable d’accaparer. Construction de bois, toit à deux pans dont la ligne de faîte est perpendiculaire aux courbes de niveau, ce modèle a été popularisé par Jean-Jacques Rousseau dans La Nouvelle Héloïse, reproduit ensuite à foison dans les banlieues, en plaine, au bord des lacs. Flaubert trouve les chalets laids, Proust s’en moque (chalet d’aisance), mais nous autres savons les dessiner depuis l’enfance. C’est la maison de Heidi, de Guillaume Tell, symbole univoque d’une tradition alpestre. Lire à voix haute dans un chalet sans public sera pour moi l’aboutissement de la longue macération d’un aveu.
J’ai eu jadis besoin de l’écrire mais pas de le rendre public. Si je n’avais pas promis à mon amie de le publier à sa mort, je n’aurais jamais eu à affronter la haine blanche de mes lecteurs, les pompiers vaudois n’auraient pas reçu les droits d’auteur que je leur ai versés, et dans le village, on s’accuserait encore d’avoir perpétré mon forfait. Comme vous, quand vous refusiez de voir ce qu’avait de provocant une collection d’art au nom de Flick, j’ai sous-estimé les dégâts collatéraux: voilà pourquoi je n’ai jamais été invité à lire ce texte dans mon propre pays. Je me réjouis de pouvoir le faire bientôt.
Peut-être aussi que, pour faire bon poids, pour vous remercier d’avoir prêté vos quatre murs et la chaleur d’un feu de cheminée, je relirai cette lettre que j’écris d’un trait pour vous et pour Christian. D’ici là, j’espère avoir convaincu mes amis de la clairière que je ne trahis ni l’art ni la politique en me prêtant à cet exercice.
Avec mes salutations.
Daniel De Roulet
Né le 4 février 1944, Daniel de Roulet a suivi une formation d’architecte et travaillé dans l’informatique avant de plonger dans l’écriture à plein temps, en 1997. Il est l’auteur d’une dizaine de romans et de plusieurs essais et chroniques.