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Des riders au pays des Mollahs

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Jeudi, 6 Mars, 2014 - 05:50

Récit.Dans ce pays, il y a du pétrole, bien sûr. Mais il y a aussi des montagnes, de la neige et des adeptes de sports de glisse. Une aventure pas comme les autres pour deux Suisses.

Sou’al Hemma

Décembre 2013, Arnaud Cottet et Benoît Goncerut quittent la Suisse, direction l’Iran. Où ils ont été appelés à diriger un vaste projet visant à revitaliser une station de ski. Un projet pour le moins inattendu dans un pays qui semble si loin de la pratique des sports d’hiver. Ce défi, les deux Vaudois de 28 ans le doivent aux rencontres qu’ils ont faites neuf mois plus tôt à Dizin, une sorte de Verbier à deux heures de route de la capitale, Téhéran.

Les prémices. Sortis de la Haute école de gestion de Fribourg avec un master, passés par Swiss-Ski pour obtenir le titre de juge de ski et snowboard, les deux amis se lancent immédiatement dans la création d’une association qui leur tient à cœur: Cause. Grâce au soutien de ce collectif romand, ouvert à toutes formes d’initiatives, et de deux équipementiers suisses, ils peuvent prendre la route. Dans leur «berline», leur envie de rencontrer des populations de montagne, leurs bagages et bien sûr leur matériel de ski. Première étape en ce mois de janvier 2013, la Croatie. Puis la Macédoine, la Grèce, la Turquie. Et enfin l’Iran. C’est là, en mars, après avoir parcouru plus de 5000 kilomètres, qu’ils posent leurs spatules sur les pistes de la station qui allait bientôt devenir leur résidence secondaire.

«L’Iran ne devait être que le but de notre voyage, raconte Arnaud Cottet. Mais les liens que nous avons tissés avec ceux qui sont devenus nos “frères”, nos dadash comme ils disent là-bas, ont été si forts que nous avons décidé d’y rester.» Leur statut de sportifs semi-professionnels, sponsorisés par des marques telles que Nidecker et Salewa, facilite les contacts. Non seulement avec les acteurs de la scène des sports de glisse de la région, mais aussi avec les dirigeants de Dizin. Très vite, la Fédération iranienne de ski confie aux deux acolytes l’organisation d’une compétition de snowboard. Un succès qui va les mener ensuite à collaborer avec la communauté locale et à affiner leur concept baptisé We Ride in Iran.

Les piliers.«Coaching et formation des futurs juges de ski et snowboard de la place: tels sont les deux premiers axes que nous nous sommes fixés.» Six mois plus tard, l’affaire roule. Au programme, trois compétitions, des entraînements plus intensifs et des sessions pour enseigner l’art de noter les figures afin que les riders plus âgés puissent, à terme, prendre le relais et entraîner les plus jeunes. «Notre but principal est d’apporter les outils nécessaires pour qu’ils puissent ensuite se débrouiller seuls», note Benoît Goncerut.

Dernier point au cahier des charges: l’amélioration des infrastructures destinées aux riders. Et là, la patience est de mise. «Si Dizin est la plus grande station de ski du pays et l’une des vingt plus hautes du monde avec ses 2650 mètres d’altitude, il n’en reste pas moins qu’elle a pris un train de retard dans sa modernisation.» Et de montrer des photos sur lesquelles apparaissent des télécabines à l’allure vieillotte, flanquées de publicité Milka. Et de parler de l’état des remontées mécaniques, qui n’ont jamais été retouchées depuis les années 70. Mais la persévérance finit par l’emporter. Depuis décembre dernier, la station peut se vanter d’offrir à ses usagers un snowpark flambant neuf. Un atout qui attire toujours plus de monde. Non sans raison.

«Le pays vit actuellement un engouement intense pour les sports de glisse et la montagne.» Du moins pour la frange de la population dont les moyens financiers le permettent: seule la bourgeoisie de Téhéran, soit les résidents des quartiers nord de la ville, connaît Dizin. «En Iran, le ski est un sport à contre-courant. Il incarne l’Occident et la liberté.» Sur les pistes, les bonnets remplacent les voiles et les combinaisons logent femmes et hommes à la même enseigne. «Nous devons nous pincer pour nous rappeler que nous sommes dans une république islamique. Tant que l’environnement politique nous le permet, nous allons continuer de nous investir.»

Dans le pipeline, la mise sur pied d’un championnat, l’importation de matériel et, surtout, l’accueil des meilleurs skieurs iraniens dans les stations suisses.

www.werideiniran.com;www.timelapseproject.ch; wearethecause.tumblr.com

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Ruedi Flück
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Nikola Sanz
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