Zoom. Parasite discret mais dévastateur, le capricorne asiatique grignote le cœur des arbres jusqu’à les faire périr. Il est récemment réapparu dans le canton de Fribourg, entraînant l’abattage de centaines de feuillus.
Il est grand. Noir. Parsemé de taches blanchâtres irrégulières. Et doté de longues antennes. Arrivé en Suisse en 2011, le capricorne asiatique est de retour dans le canton de Fribourg. A Marly, plus précisément. Où plus d’une centaine de ces insectes exotiques ont été découverts ces dernières semaines. «Il n’y en avait encore jamais eu autant», déplore Rebekka Wyss, collaboratrice au Service phytosanitaire cantonal de Fribourg. «Plus d’un kilomètre sépare le foyer trouvé le 10 juillet dernier dans le quartier des Rittes et celui apparu au chemin du Publiet la semaine passée. La surface à traiter est donc très grande et touche des terrains tant publics que privés.» Au total, près de 160 coléoptères ont été capturés et éliminés, et plusieurs centaines d’arbres abattus, broyés en petits morceaux de moins de 3 centimètres et incinérés. Des chiffres effrayants, qui ne sonnent malheureusement pas encore la fin de l’affaire.
«Les travaux de recherche et d’élimination des arbres infestés continuent», précise Alain Lambert, chef du secteur forêt du Service des forêts et de la faune de Fribourg. «Nous espérons avant tout que les forêts ne sont pas touchées, car la densité d’arbres colonisés pourrait alors devenir gigantesque.» Pour l’heure, rien à signaler dans les lisières des forêts, qui ont été contrôlées. Les zones infestées n’ont toutefois pas encore pu être délimitées de manière définitive. De nature discrète, cet organisme nuisible est en effet difficile à détecter. Il forme certes des trous d’envol circulaires grands de 1 à 2 centimètres de diamètre. Mais ceux-ci se trouvent souvent haut dans les arbres. «Il s’agit heureusement d’un insecte pataud et peu actif, qui n’aime pas trop voler», tempère Alain Lambert.
Un insecte venu de loin
Le risque de contamination le plus élevé reste le transport de bois. C’est en effet ainsi que cet organisme nuisible, jugé particulièrement dangereux selon l’ordonnance fédérale sur la protection des végétaux, est apparu en Suisse pour la première fois. «La cause la plus probable à ce jour est l’importation de palettes de bois non traité provenant de Chine», précise Rebekka Wyss. Résultat, depuis 2012, aucune pièce de bois n’entre dans le pays sans être contrôlée. Ces inspections ont permis de découvrir plusieurs emballages en bois infestés. Mais pas d’atteindre l’objectif fixé par la Confédération: l’éradication. La liste des cas d’infestation ne cesse de s’allonger.
Après Brünisried en septembre 2011, ainsi qu’en septembre 2013, c’est la zone portuaire de Birsfelden, près de Bâle, qui a été touchée en mai 2012. Suivie des jardins municipaux de Winterthour en juillet 2012 et de la commune de Marly en juillet 2014. Autant de lieux touchés malgré des mesures de surveillance et de lutte radicales. «Dès qu’une présence est confirmée, les arbres infestés sont abattus», reprend Rebekka Wyss. «Nous procédons ensuite à une coupe préventive des espèces préférées du capricorne, à savoir les érables, les bouleaux, les platanes, les marronniers, les saules et les peupliers, situés dans un périmètre de 100 mètres à la ronde.» Si elle est efficace, cette méthode fait pourtant débat. Sur le problème des souches qui, faute de temps et de moyens, sont laissées sur place et inquiètent les résidents. Mais aussi sur la question de la replantation, restreinte et mise à la charge des propriétaires. Quoi qu’il en soit, il faudra compter quatre ans sans alerte avant de déclarer les foyers éteints. Une bataille qui s’annonce longue et ardue.