Texte Pierre Thomas
Photos Sedrik Nemeth
Dossier. Avec un peu moins de 5000 hectares, soit le tiers du vignoble suisse, le Valais est le seul canton où la viticulture joue un rôle économique prépondérant. Aussi mouvementée soit-elle, son histoire autour de la vigne, plantée depuis des siècles, est récente.
En 1880, la Suisse comptait le double d’hectares de vigne, soit 32 000 ha, et le Valais trois fois moins qu’aujourd’hui, soit moins de 4% de la surface viticole du pays. Et, de fait, les plus vieux domaines valaisans sont certes centenaires, mais on est loin de l’ancienneté du pays de Vaud, de Neuchâtel ou de Genève, où des châteaux viticoles se sont transmis d’une génération à l’autre depuis plusieurs siècles. La première constitution d’entités viticoles valaisannes date de la sécularisation des biens de l’Eglise catholique, lors de la révolution radicale de 1848.
A cette époque, les vignes des coteaux de la vallée du Rhône sont exploitées par des familles de paysans de montagne, qui descendent travailler leurs parchets depuis les vallées latérales et remontent leurs vins pour leur consommation annuelle. Un des premiers à croire dans le potentiel du vignoble valaisan est un Vaudois, le sergent-major François-Eugène Masson, venu de Territet près de Montreux durant la guerre du Sonderbund. Il achète des vignes à Pont-de-la-Morge et constitue le domaine du Mont-d’Or en 1848. Aujourd’hui, ce joyau est toujours la propriété de Vaudois, puisqu’il appartient au groupe Schenk, de Rolle. Ensuite, l’arrivée du train par la ligne du Simplon contribuera à désenclaver le Vieux-Pays et à l’ouvrir au commerce des vins en vrac, puis en bouteilles vers la Suisse.
Le vignoble à l’horizon 2020
Plus d’un siècle et demi plus tard, en 2014, le Valais planche sur un scénario nommé Viticulture 2020, qui sera présenté fin novembre, puis validé au printemps prochain par l’Interprofession de la vigne et du vin du Valais. Dans une étude précédente (2009), des chiffres montraient que les 80 000 parcelles d’un vignoble très morcelé par la répartition des terres par succession des familles (souvent nombreuses) étaient entre les mains de plus de 22 000 propriétaires; 12 500 exploitations comptaient moins d’un hectare de vigne cultivée par des «vignerons du samedi». Ils sont pour la plupart (3800) sociétaires de Provins, dont la fondation fut encouragée en 1930 par le conseiller d’Etat Maurice Troillet. La coopérative encave un cinquième de la production valaisanne (10% de la production suisse, soit une dizaine de millions de litres). D’autres livrent à des commerces de vin.
Dans les pages qui suivent, il a fallu faire un choix entre les entreprises. Les informations historiques sont tirées de l’Histoire de la vigne et du vin en Valais, des origines à nos jours, ouvrage collectif paru en 2009 (Editions Infolio).
Pour qui veut approcher la réalité du principal canton viticole, l’exposition «Etre vigneron en Valais» offre des pistes complémentaires. Elle se tient au Musée valaisan de la vigne et du vin, à Sierre, jusqu’au 30 octobre 2014, et présente le travail photographique d’une vingtaine de portraits de Bertrand Rey, complété par un ouvrage sous le même titre, aux Editions Infolio.
Sommaire:
Gilliard, Sion.
Une empreinte vaudoise, puis alémanique
Bonvin 1858, Sion.
La plus ancienne cave de pure souche
Varone, Sion.
En attendant une nouvelle vitrine
Defayes-Crettenand, Leytron.
Une famille à la vigne
Adrian Mathier Nouveau Salquenen.
Un patronyme tout simplement incontournable dans le Haut-Valais
Domaines Rouvinez, Sierre et Martigny.
L’irrésistible ascension d’une dynastie