Décodage. La bimbo de la téléréalité est mise en examen pour tentative d’homicide. Son compagnon, Thomas Vergara, persiste à vouloir l’innocenter: l’éternelle histoire des violences conjugales?
La première chose qu’il faut convoquer, dans l’affaire Nabilla Benattia et de son compagnon poignardé la semaine dernière dans un hôtel parisien, c’est l’enfance. Ils fonctionnent comme des enfants. Après avoir été blessé au thorax, entre cœur et poumon, puis opéré, Thomas Vergara, 28 ans, s’est réveillé en clamant que sa compagne et lui avaient été attaqués par trois jeunes à l’extérieur de l’établissement. Il ne savait sans doute pas que cette version, que Nabilla avait tenté au début de faire avaler aux pompiers et policiers, avait été démentie par les images des vidéos de surveillance.
Deux enfants: ils s’étaient ainsi mis d’accord, comme les mômes qui ont fait une grosse bêtise. Hé, que va-t-on raconter aux adultes, aux autres? Quelle histoire peut-on inventer? Mais ça n’a tenu que quelques minutes. Nabilla, Miss Salon de l’auto de Genève 2011, a fait aussitôt une «minicrise de nerfs». Une gosse prise dans son gros mensonge. Depuis, l’internet et la presse oscillent entre ricanements et compassion, avec un net avantage aux moqueries.
Les versions
En août 2014, à Coudoux, Bouches-du-Rhône, Thomas Vergara avait déjà été blessé par un coup au dos. Beau gosse d’Aix-en-Provence, il y fut serveur de bar après avoir rêvé d’une carrière de footballeur, interrompue par un accident. L’été dernier, il avait prétendu être tombé sur un couteau à barbecue, mais Nabilla avait déjà été soupçonnée. L’histoire est désormais ressortie et s’ajoute pour les enquêteurs à celle de la semaine dernière.
Car ce qui interpelle et interroge, maintenant, c’est bien lui, Thomas Vergara. Sa version de l’attaque par une bande ne tient pas. Nabilla, incarcérée pour le moment à la maison d’arrêt de Versailles (notamment pour qu’elle ne puisse plus accorder ses violons avec Thomas), a déjà considérablement changé de version, mais toujours à son avantage. Thomas se serait blessé tout seul avec le couteau durant une dispute. La chroniqueuse de D8, ex-starlette de L’amour est aveugle sur TF1 et des Anges de la téléréalité sur NRJ12, se présente en victime d’un homme qui la frappait, elle aurait vécu dans la «peur de mourir». Elle a choisi son camp: elle-même, fût-ce au prix de la trahison.
Pourquoi la protège-t-il tout le temps, s’accrochant à une thèse intenable? Il y a l’explication romantique d’abord, l’amour passion si fort qu’il résiste au couteau. Thomas serait très épris d’elle, et donc prêt à lui pardonner n’importe quoi. Tombé amoureux d’elle au moment de sa gloire naissante, en 2013, alors qu’ils participaient à la même émission, il la vénère et semble prêt à accepter les cicatrices comme autant de preuves de la passion. C’est beau, mais cela arrive.
La seconde possibilité, qui donnerait un autre sens à son pardon (il refuse absolument de porter plainte), est plus prosaïque: sans elle, il n’est plus rien, sa carrière débutante n’existe pas en dehors du couple qu’il forme avec elle. La perdre, c’est briser toute perspective professionnelle. C’est avec elle qu’il existe, qu’il est invité un peu partout où ça brille. Il l’attend à la sortie des plateaux, il est Monsieur Nabilla, people consort, et ne peut guère espérer mieux pour l’instant. Cynique, mais pragmatique.
Enfin, il existe les entrelacs sombres de la trop banale brutalité dans le couple, d’autant plus difficile à assumer lorsqu’elle est subie par un homme. La honte d’être un type battu, qui prend des coups de lame de sa compagne. Thomas Vergara, athlétique play-boy de la téléréalité, serait alors une victime ordinaire de la violence conjugale, ce qui n’est décidément guère glamour. En tout cas, pour Virginie, la sœur de Thomas, c’est désormais Nabilla la cible, celle qui fait du mal à son frère. Sur Twitter, elle l’a qualifiée de «folle à lier». Mais cela traduit un signe persistant: il n’y a qu’elle qui intéresse vraiment les médias. Thomas Vergara donne déjà le sentiment de faire partie d’un épisode de la saison dernière.
Trop de réel
Nabilla Benattia, 22 ans, dort à Versailles, en prison, à l’isolement. Thomas persiste à la réclamer à son chevet, là où toute compagne devrait être. On dirait le scénario naïf d’un mauvais film, ou d’une téléréalité qui ne s’arrêterait jamais, hoquetterait, rattrapée justement par trop de réel et de sang chaud. La bombe sexy en cellule, son homme à l’hôpital et un monde façon Truman Show autour d’eux.
Des caméras partout pour filmer à peu près rien (plan fixe sur l’hôtel, puis sur la voiture qui l’emmène, puis sur la prison). Des réseaux sociaux en feu, commentant avec sarcasmes la chute de l’ange. Et puis des élites incrédules qui font les vierges effarouchées, s’étonnant de tout ce cirque. Car tout cela n’a aucune importance, n’est-ce pas, ou alors c’est justement l’inverse: il y a toujours la rumeur de Shakespeare dans le ballet des papillons de nuit se grillant à mort sur les ampoules brûlantes.