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Pour plus d’éthique, la Finma veut robotiser la finance

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Jeudi, 20 Novembre, 2014 - 05:57

Zoom. Dans le but d’éviter les manipulations, le gendarme des banques oblige UBS à remplacer ses traders par des algorithmes.

Noël aura un goût amer pour les traders d’UBS. Le scandale de manipulation du marché des devises, dont la grande banque s’est sortie jeudi 14 novembre en versant 774 millions de francs d’amende aux régulateurs américain, britannique et suisse, va se retourner contre eux.

Outre le lot de mesures habituelles qui consistent à obliger la banque à renforcer ses contrôles internes, la Finma a imposé une «sanction» inédite en contraignant UBS à remplacer ses courtiers de devises par des algorithmes de trading. A terme, précise la Finma, UBS devra réaliser 95% de ses transactions en devises de manière automatisée. C’est la première fois qu’une autorité de surveillance astreint une banque à avoir recours au trading à haute fréquence.

«Le facteur humain a joué un grand rôle», a expliqué le directeur de la Finma, Mark Branson, lors d’une conférence de presse. «Limiter le facteur humain dans ce secteur réduira le potentiel de manipulation dans le futur», a-t-il ajouté. Dès la seconde phrase de son communiqué annonçant ses «sanctions», la Finma avait précisé que «des employés» – et non pas la banque elle-même – avaient agi «à l’encontre des intérêts de leurs clients».

Ce n’est pas la première fois que Mark Branson pointe la responsabilité de subalternes. Le Britannique, qui a passé le plus clair de sa carrière chez UBS, dirigeait la filiale de la banque au Japon entre 2006 et 2008, lorsque celle-ci était impliquée dans l’affaire de manipulation des taux d’intérêt. Il avait juré n’en avoir rien su, et la faute avait été mise sur le dos d’une poignée de traders.

La «sanction» de la Finma réjouira en premier lieu UBS. Elle permettra en effet à la banque d’accélérer une transition bien entamée. Elle réalise déjà 90% des transactions en devises de façon automatisée, explique Jean-Raphaël Fontannaz, porte-parole d’UBS. La «sanction» permettra aussi à la grande banque de renforcer sa nouvelle plateforme de trading à haute fréquence, appelée Neo. Cette «solution intégrée» donne la possibilité aux clients de soumettre leurs ordres sur le marché des devises sans avoir recours à un courtier, et de les exécuter directement dans les «vastes flux internes d’UBS». La plateforme, qui compte une application mobile, offre aussi toutes les fonctionnalités d’un réseau social, en permettant par exemple de «suivre» les «experts UBS» et de dialoguer par messagerie instantanée.

Mark Branson a souligné que le recours au trading automatisé s’était consolidé depuis l’ouverture des enquêtes sur les soupçons de manipulation des cours des devises il y a un an. UBS a lancé la plateforme Neo en octobre 2013.

L’initiative de la Finma laisse certains observateurs sceptiques. Interrogée par l’agence Bloomberg, Ann-Christina Lange, professeure de la Business School de Copenhague, estime que le recours au trading à haute fréquence pourrait aussi ouvrir la voie à «de nouveaux types d’abus, qui ne pourraient pas se dérouler sous une supervision humaine».

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