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Du viagra pour le fun

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Jeudi, 18 Décembre, 2014 - 06:00

Enquête. L’usage récréatif de la pilule bleue se développe, notamment auprès des jeunes qui ne souffrent pas de dysfonction érectile mais veulent améliorer leurs performances. Les spécialistes s’inquiètent d’une pratique dangereuse pour la santé et pour les relations de couple.

Textes Céline Bilardo, Blandine Guignier, Melinda Marchese et Daniel Saraga
illustrations Hélène Bruller

«J’ai pris du Viagra pour ton anniversaire! C’est super, hein?» En pleine action sous la douche, le héros de 40 ans: mode d’emploi n’aurait pas dû faire cet aveu à sa femme: vexée, elle stoppe tout net et pique une crise. La scène d’ouverture de la comédie de Judd Apatow aborde avec humour un phénomène de plus en plus courant: l’usage récréatif des stimulants érectiles.

Willy Pasini, célèbre sexologue exerçant à Genève, constate cette évolution de l’emploi du Viagra. «L’usage de la pilule a changé. Nous parlons aujourd’hui d’une médecine du bien-être et le Viagra se révèle un médicament qui permet ce confort dans les couples. L’amélioration des stimulants érectiles – le Cialis fait par exemple effet pendant plus de trente-six heures et peut-être pris moins de trente minutes avant l’acte – permet aujourd’hui des rapports plus naturels entre l’homme et la femme, et donc une meilleure harmonie sur le plan sexuel.»

De plus en plus d’hommes qui ne souffrent pas de dysfonction érectile pathologique consomment ce type de stimulants. Une étude américaine publiée en 2012 estime que 8% des hommes entre 20 et 30 ans ont touché au Viagra aux Etats-Unis, une proportion en constante progression, et qui change selon les pays et les cultures. En Argentine, ce chiffre atteint plus de 20% selon une enquête de 2010!

Les jeunes qui font un usage purement récréatif des stimulants érectiles échappent logiquement au radar des spécialistes. «Evidemment, ils ne viennent pas me voir, dit Juliette Buffat, psychiatre et psychothérapeute FMH à Genève, cofondatrice de l’Institut suisse de sexologie clinique. Mais j’ai déjà entendu parler de ce phénomène dans les Cafés Sexos que j’anime mensuellement: ces usagers se fournissent au marché noir.» Doper sa sexualité coûte cher: une pilule s’achète près de 10 francs en pharmacie, ne s’acquiert que sur ordonnance et n’est pas remboursée par l’assurance maladie. Dans ces conditions, l’internet offre une solution moins onéreuse et plus discrète, mais pas forcément sans surprises (lire en p. 16).

Marteau-piqueur

Pour les aventuriers de la pilule bleue, la motivation n’est pas seulement de durcir façon marteau-piqueur, mais aussi de diminuer le temps de latence entre les rapports. Un jeune sous Viagra peut généralement «relancer la machine» dix minutes seulement après une éjaculation, au lieu d’une latence typique d’une bonne vingtaine de minutes chez un sujet non dopé (même s’il est bien entraîné).

Lors de son arrivée en terres helvétiques, en 1998, la petite pilule bleue se destinait essentiellement aux victimes de troubles érectiles qui touchent, en Suisse, un homme de plus de 45 ans sur quatre. Entre-temps, d’autres principes actifs, comme le Cialis et le Levitra, sont apparus sur le marché, amenant à sept le nombre actuel de génériques du Viagra (lire l’encadré en p. 14).

Lorenzo Soldati, sexologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), rappelle que ces médicaments constituent une bonne réponse aux personnes qui présentent un dysfonctionnement: «Environ 80% des hommes qui viennent en consultation de sexologie ont des problèmes somatiques, de diabète (qui rend l’érection difficile) ou des problèmes cardiovasculaires.»

Pour les autres, le sexologue des HUG constate le plus souvent un problème psychologique prépondérant. «On a vu apparaître de jeunes hommes, parfois de moins de 18 ans, anxieux à l’idée d’avoir une panne la première fois ou au début de leur relation.» Le Genevois parle ici d’«angoisse de prestation». «Il nous arrive de prescrire à ces personnes une ou deux pilules comme béquille (sic), mais nous continuons à chercher au fil des séances la source du problème.»

La plupart des patients de la sexologue Juliette Buffat souffrent aussi de problèmes émotionnels ou relationnels. «Les hommes qui viennent me voir ont des difficultés d’érection qui ne sont pas constantes. Ils auront par exemple des érections le matin ou au moment des préliminaires, mais qui vont ramollir au moment de la pénétration, preuve que le problème n’est pas mécanique.» La psychologue explique que les stimulants peuvent booster la confiance de ces patients. «Certains prennent même du Viagra pour lutter contre l’éjaculation précoce, car le fait d’en consommer les rassure mentalement sur la durée potentielle de leur érection.» Cet effet psychologique sur la confiance de l’homme peut être salvateur pour certains couples (lire le témoignage de Sarah et Benjamin ci-contre).

«Virilement surpuissants»

La pilule magique ne résout pourtant pas tous les problèmes. «Lors de la conférence de lancement du Viagra, en 1998, nous nous interrogions, en plaisantant à moitié, sur notre utilité future, raconte Denise Medico, sexologue et cheffe de service de la consultation de couple de l’association Profa, à Lausanne. L’équipe de Pfizer, le fabricant de la pilule bleue, nous a répondu que nous aurions encore plus de travail!» Quinze ans plus tard, les spécialistes observent en effet que le Viagra n’a pas fait disparaître les problèmes au sein des couples. Quant aux thérapeutes, ils ont toujours autant de travail, en particulier pour désamorcer et résoudre les conflits.

Une femme peut trouver vexant que son compagnon prenne du Viagra (comme dans le film d’Apatow), car elle va considérer qu’elle n’est pas assez désirable. C’est aussi un aveu de faiblesse pour l’homme, raison pour laquelle le sujet reste tabou, comme l’explique le sexologue genevois Lorenzo Soldati: «La sexualité est faite de fantasmes d’hommes virilement surpuissants et de femmes irrésistiblement désirables. Parler d’assistance médicalisée peut alors déstabiliser cette question d’identité masculine ou féminine et poser problème.»

Raison pour laquelle les sexologues interrogés conseillent aux hommes de ne pas forcément dire à leur conjointe s’ils prennent du Viagra. En fonction de la qualité de la communication au sein du couple, une annonce trop directe peut en effet aggraver une situation déjà difficile. «Il faut que le patient détermine s’il est plus important, pour son couple, de promouvoir une communication transparente et le partage des difficultés sexuelles, ou s’il pense préférable de préserver au maximum le fantasme de l’homme puissant virilement», dit Lorenzo Soldati. La psychothérapeute Juliette Buffat admet aussi faire preuve de vigilance: «J’aime d’abord rencontrer le couple pour évaluer sa dynamique, l’attitude et le ressenti de la compagne vis-à-vis des problèmes érectiles de son conjoint.»

Parfois, l’assistance sexuelle chimique quitte son statut de dopant ludique pour s’imposer progressivement en soutien médical indispensable. Pour l’illustrer, l’histoire de Tania, enseignante de 42 ans, et de son compagnon Paul, ingénieur de 32 ans. Adeptes du libertinage depuis onze ans, ce couple de Bernois très libéré se déplace régulièrement en Suisse et en Europe pour retrouver d’autres libertins dans des clubs. «Nous avons toujours parlé librement de notre vie sexuelle. Pourtant, j’ai découvert il y a deux ans dans une poubelle une boîte vide de Hard On, un produit qui contient du sildénafil, le principe actif du Viagra, raconte Tania. Lorsque j’ai interrogé mon conjoint à ce propos, il m’a d’abord répondu que les pilules étaient destinées à un copain, avant de m’avouer qu’il en prenait occasionnellement.»

Au départ, Paul consommait du Hard On afin de pouvoir satisfaire un grand nombre de partenaires pendant les soirées libertines que le couple continue de fréquenter. Dans les faits, Tania a constaté que cette assistance chimique était devenue indispensable à son conjoint, qui ne parvient désormais plus à avoir d’érection naturelle avec elle. «J’essaie de le convaincre de se rendre chez un urologue pour diagnostiquer ce dysfonctionnement érectile. J’ai besoin d’être rassurée, même si les renseignements que j’ai recueillis spécifient qu’il n’y a aucune contre-indication à la prise régulière de sildénafil quand on est en bonne santé.»

«Problèmes cardiovasculaires»

«Les stimulants érectiles vendus sur ordonnance sont des médicaments relativement sûrs et ne présentent guère de risques physiques, même lors d’une consommation régulière, affirme Thierry Buclin, pharmacologue au CHUV. Cependant, une discrète augmentation de certains cancers de la peau a tout de même été évoquée. Les effets secondaires usuels sont faibles: des maux de tête ou des troubles oculaires peuvent être ressentis, mais il s’agit de phénomènes réversibles. L’utilisation de Viagra entraîne en revanche un risque important d’hypotension chez certaines personnes souffrant de problèmes cardiaques et recevant des médicaments nitrés, qui entraînent une dilatation des vaisseaux sanguins pour prévenir les crises d’angine de poitrine.»

L’automédication est alors vivement déconseillée. «Un dysfonctionnement érectile est souvent un des premiers symptômes d’appel pour des problèmes cardiovasculaires, explique le pharmacologue. La prise de Viagra sans prescription peut engendrer la négligence du problème, alors qu’une prise en charge médicale serait indiquée. Chez les patients recevant des traitements cardiaques, des accidents peuvent aussi survenir dans le cas où le patient ne déclare pas l’utilisation de Viagra et se fait prescrire par un médecin d’autres médicaments qui, combinés avec cette substance, seront dangereux.»

La crainte de la dépendance au produit, évoquée par plusieurs témoins, est-elle justifiée? «Si le danger d’une dépendance physique n’est pas avéré, celui d’une addiction psychologique est possible», répond le pharmacologue. Pour un homme souffrant surtout d’anxiété de performance mais en bonne santé, «la prise d’un anxiolytique, bien moins cher et mieux toléré que le Viagra, se révèle plus efficace», relève pour sa part la sexologue Juliette Buffat.

SOURCES: «Recreational Use of Erectile Dysfunction Medications and Its Adverse Effects on Erectile Function in Young Healthy Men: The Mediating Role of Confidence in Erectile Ability», Christopher B. Harte, PhD, Boston Healthcare System, and Cindy M. Meston, Department of Psychology, University of Texas.

«Recreational Use of Phosphodiesterase Type 5 Inhibitors by Healthy Young Men», Amado Bechara, MD, PhD, Adolfo Casabé, MD, Walter De Bonis, MD, Adrián Helien, MD, and María Victoria Bertolino, MD, Instituto Médico Especializado (IME), Buenos Aires, Argentina.


Eli Lilly (Suisse), Sondage sur la sexualité et la qualité de vie des couples entre 40 et 65 ans, 2013
«Dysfonctionnement érectile… et si on en parlait», de l’urologue et andrologue genevois Alain Bitton.
Institut suisse des médicaments Swissmedic, chiffre pour l’année 2011.

«Je me suis senti comme une bête de sexe»

Adrien, 33 ans, biologiste, Genève

«C’est un ami qui m’a fourni les petites pilules bleues. Il effectue régulièrement des voyages en Inde, où il parvient facilement à se procurer des génériques sans ordonnance. Au retour de l’un de ses séjours, il m’a donné une boîte en me suggérant d’essayer au moins une fois. Après un long apéro suivi d’un repas copieux au restaurant, ma partenaire, chez qui je devais passer, était passablement fâchée du gros retard que j’avais sur l’heure annoncée. A un moment, elle m’a fait comprendre qu’elle me pardonnerait cet énième retard que si je la comblais au lit à mon arrivée. Du fait de mon état d’ébriété avancé, je me suis demandé comment j’allais bien pouvoir y parvenir. Je me suis souvenu de l’échantillon que mon ami m’avait donné et me suis dit que c’était l’occasion parfaite pour tester l’efficacité de ce produit. Je ne lui ai jamais avoué que j’en avais pris car, compte tenu des circonstances, j’ai pensé qu’elle le prendrait mal. Ce soir-là, ma partenaire a été impressionnée par ma performance et moi je me suis senti comme une bête de sexe. Cela reste un très bon souvenir à part la fin de la nuit, passée à «dormir sur la béquille». Quoi qu’il en soit, je ne veux pas recommencer, notamment à cause d’une deuxième expérience moins amusante: j’ai été pris de vertiges quelque temps après l’acte et j’ai failli m’évanouir. Je ne pense pas recourir de nouveau à ce genre de produit, car pour moi prendre du Viagra s’apparente à de la triche, et l’on risque sur le long terme de perdre confiance en ses performances «normales.» ■ MM


«Le Viagra a sauvé notre couple»

Sarah et Benjamin, 35 et 36 ans, employés de banque, Genève

«Nous n’avons quasiment pas fait l’amour pendant douze mois. En couple depuis huit ans, on ne ressentait plus la même attraction sexuelle l’un pour l’autre. Il y avait une sorte de lassitude de mon côté, raconte Sarah. Benjamin me disait qu’il était frustré car il avait l’impression de ne pas être capable de me satisfaire. Cette situation devenait très désagréable, on se lançait régulièrement des piques – quand je stressais, il me disait que j’étais «mal baisée» – sans jamais pour autant en parler sérieusement.» En vacances dans le sud de la France en juillet dernier, le couple aborde finalement la question. «J’aime énormément Sarah, mais cette absence de sexe m’éloignait d’elle, avoue Benjamin. Je le lui ai dit et proposé que l’on trouve un moyen de rebooster notre vie sexuelle.» Ils se rendent ainsi sur des sites de vente de sex-toys. «Sur les forums, de nombreux internautes conseillaient aux hommes de prendre du Viagra pour rendre ces moments encore plus intenses, explique Sarah. J’étais opposée à cette idée initialement, mais je savais que Benjamin voulait essayer, alors j’ai fini par être d’accord.»

«Sarah pensait que je ne la trouvais plus assez excitante, ce qui était faux. Je voulais prendre du Viagra afin de faire durer nos moments de plaisir.» Depuis, Benjamin en a pris à quatre reprises. «Cela nous a permis de passer de super soirées, pendant lesquelles on a testé de nouvelles pratiques. Sarah a pris beaucoup de plaisir avec les sex-toys et moi je pouvais durcir plus longtemps grâce au Viagra. Le tout s’est donc fait sans stress. Je ne compte pas prendre du Viagra pendant très longtemps, mais je peux dire que ces pilules nous ont beaucoup aidés à nous retrouver sexuellement. Elles ont en quelque sorte sauvé notre couple.» ■ MM


Fin du brevet: des prix divisés par deux

Le brevet propre à la pilule bleue a été levé en juin 2013. Résultat, le nombre de génériques a fleuri et les prix ont chuté. Le volume des ventes n’a toutefois pas augmenté.

Le Viagra aura régné en maître sur le marché des stimulants érectiles durant quinze ans, au point de devenir le terme générique pour tout médicament contre l’impuissance. Cette hégémonie du fabricant américain Pfizer a pris fin le 22 juin 2013 avec la levée européenne du brevet, entraînant une baisse de 18% des ventes à l’extérieur des Etats-Unis. Aujourd’hui, sept laboratoires commercialisent en Suisse les génériques du sildénafil, la substance active de la pilule bleue. Ce qui a permis de diviser son prix en officine par deux. Dans une chaîne de pharmacies genevoise par exemple, une boîte de Viagra de douze pièces de 50 mg coûtera 233 fr. 75, contre 116 fr. 75 pour le générique le moins cher. Soit une pilule à 19 fr. 50 pour l’original et 9 fr. 70 pour la copie.
La chute des prix n’a pas entraîné de ruée vers les stimulants érectiles. «Le volume des ventes a augmenté durant le deuxième trimestre 2013, puis a baissé, relève Sara Käch, chargée de communication à Interpharma, association des sociétés pharmaceutiques suisses pratiquant la recherche. C’est une évolution normale lorsque le brevet d’un médicament tombe et que des génériques arrivent sur le marché.»

Le non-remboursement par l’assurance maladie des stimulants érectiles explique en partie ce prix élevé, selon Thierry Buclin, pharmacologue au CHUV: «La négociation usuelle entre fabricant et assureurs, arbitrée par la Commission fédérale des médicaments, n’a pas eu lieu. Il s’agit d’un marché libre, où le prix est principalement déterminé par la loi de l’offre et de la demande et la recherche du meilleur profit.»

Le sildénafil n’est pas le seul médicament favorisant l’érection. Le valdrénafil, une molécule très semblable, commercialisée par Bayer et GSK, est également prescrit. Son prix oscille dans la chaîne de pharmacies genevoise entre 160 et 215 fr. pour douze pilules de 5 mg, selon qu’il s’agisse de Levitra ou de Vivanza, les deux marques mises sur le marché. Autre produit similaire, le Cialis (produit par Eli Lilly), qui agit pendant plus de trente-six heures, s’obtient à 204 fr. 80 pour une boîte de 28 comprimés de 5,5 mg dans les mêmes officines. ■ BG


Acheter une certaine dose de médicaments en ligne est légal. Pourtant les dangers pour la santé sont nombreux.

Les mauvaises surprises sur l’internet

«Canadian Pharmacy. Regardez chez nous et achetez les meilleures pilules, vous les connaissez.» Cet e-mail aura probablement été rejeté par votre filtre antispam, de quoi oublier une triste réalité: trois quarts des 150 milliards de courriels envoyés chaque jour sont des spams, selon l’entreprise de sécurité informatique Commtouch. Et, parmi ceux-ci, un sur dix concerne une offre de médicaments, principalement du Viagra.

Pour les consommateurs, ces offres donnent l’espoir de contourner à la fois les prix élevés du Viagra et l’exigence d’une ordonnance. «Du côté des fabricants, le marché des faux médicaments offre un très bon rapport bénéfice-risque, explique Isabelle Augsburger Bucheli, doyenne de l’Institut de lutte contre la criminalité économique à la Haute Ecole de gestion Arc, à Neuchâtel. Les produits ne sont pas chers à produire et les risques de se faire attraper restent très limités.» La lutte contre les copies de médicaments ne bénéfice pas d’autant d’attention que l’éternelle guerre contre la drogue.

«Il est possible d’acheter une quantité correspondant à un mois de traitement, explique Ruth Mosimann, responsable du contrôle des médicaments illégaux à Swissmedic, l’agence des médicaments helvétiques. Au-delà, c’est illégal. Nous n’envoyons pas d’amende à l’acheteur, mais il doit payer des frais administratifs de 300 francs, ce qui a un effet dissuasif.»

Même s’il n’y a pas de contrôle systématique, l’approche paraît efficace: le nombre d’importations illicites de médicament a chuté de 45% entre 2010 et 2012. En dessous d’un mois de traitement, l’importation est légale et une copie non autorisée ne posera de problème juridique que si le fabricant dépose plainte.

Risque de surdosage

Le vrai danger concerne moins la justice que la santé. Pendant une semaine, en 2013, Swissmedic a analysé les colis de médicaments arrivant en Suisse. La moitié (environ 400), dont plus d’un tiers étaient des stimulants érectiles, contenait des doses supérieures à la limite. Trois quarts des produits n’étaient pas bons. «De nombreux échantillons contenaient des antidouleurs de type Voltaren, ce qui n’était d’ailleurs pas déclaré dans la posologie du médicament, détaille Ruth Mosimann. Ils sont peut-être ajoutés afin de compenser les risques de maux de tête que l’on peut ressentir avec le Viagra. Ce qui peut provoquer un surdosage, si l’on prend déjà un antalgique, ou générer des risques d’ulcère si on le combine sans le savoir avec d’autres médicaments. Et en cas de problème, le médecin ne connaîtra pas les substances précises que l’on a ingérées.»

Si de nombreux échantillons étaient sous-dosés, une douzaine contenait une dose trop grande, avec des risques d’effets secondaires accrus. En rajoutant des conditions de fabrication discutables et le danger de voir son numéro de carte de crédit transmis plus loin, avaler une pilule commandée sur l’internet ressemble à une vraie loterie. ■ DS

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Hélène Bruller
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