Zoom. De nombreux sportifs de haut niveau ont choisi de porter les chaussures d’une jeune société zurichoise. Les points de vente proposant ces baskets siglées On, à la semelle novatrice, se multiplient à travers le monde.
Melinda Marchese
C’est sous le soleil ardent de l’île mexicaine de Cozumel que la championne olympique helvétique Nicola Spirig a remporté sa première compétition de triathlon Ironman au début du mois de décembre. Elle portait des baskets estampillées On, développées par la jeune marque zurichoise du même nom. Ce n’est certainement pas par patriotisme que la triathlète a choisi cette paire de chaussures pour une course de si haut niveau. La presse et les blogs consacrés aux accessoires de sport ne cessent de louer les performances de ces baskets colorées.
«La semelle extérieure est leur point fort, explique Cédric Béchir, responsable de la boutique New Concept Sports à Epalinges, qui se spécialise dans l’équipement de course. Elle se compose d’une série de petits «plots» en caoutchouc qui assurent un amorti efficace et absorbent correctement le choc, tout en restituant l’énergie nécessaire pour une foulée dynamique. L’équilibre entre amorti et renvoi d’énergie est idéal.»
Cet ingénieux système a été mis au point par un passionné de course à pied, le Zurichois Olivier Bernhard, ancienne star du triathlon helvétique. Après s’être retiré de la compétition professionnelle au début des années 2000, il se lance dans la conception d’une basket avec l’idée de créer un modèle qui lui permettrait de limiter son inflammation chronique du tendon d’Achille. «Je me souviens de mon premier prototype, bricolé à l’aide d’un tuyau d’arrosage! J’avais collé de petits morceaux du tube avec de la Super Glue sur la semelle. Inutile de dire que cela n’a pas vraiment donné de bons résultats…»
Olivier Bernhard arrive à ses fins quelques années plus tard. Rejoint par deux amis également amateurs de course, David Allemann et Caspar Coppetti, il lance sa société en 2010. A l’aide d’un ingénieur, les trois sportifs ont réussi à concevoir leur premier modèle, baptisé Cloudsurfer, et leur technologie prend le nom de Cloud, promettant ainsi à leurs futurs clients de pouvoir «courir comme sur des nuages». Si la conception des produits se fait au sein du siège zurichois, la fabrication est cependant délocalisée au Vietnam.
Sarkozy aussi
En plus de Nicola Spirig, d’autres sportifs tels que le triathlète belge Frederik Van Lierde ou la marathonienne kényane Tegla Loroupe ont été séduits. Dans un tout autre registre: le réalisateur allemand Wim Wenders s’est affiché en On à la cérémonie des oscars en 2012 et l’ancien président français Nicolas Sarkozy a lui aussi été photographié en pleine séance de jogging des On aux pieds.
L’apparition de ses produits sur des stars a donné une réelle visibilité à la marque suisse, qui compte à présent 1300 points de vente à travers le monde, dont 300 aux Etats-Unis. C’est d’ailleurs à Portland, dans l’Oregon, que l’entreprise de 60 employés a choisi d’ouvrir un second siège.
En Suisse romande, une vingtaine de boutiques proposent ces baskets à des prix variant entre 190 et 290 francs, selon le modèle. Le magasin New Concept Sports ne compte pas d’On dans ses rayons. «Deux aspects nous ont fait hésiter jusqu’à présent, argumente Cédric Béchir. Avant d’intégrer un produit dans notre gamme, nous effectuons une analyse podologique en dynamique sur tapis roulant. Nos tests sur les baskets On ont révélé un léger manque de stabilité notamment chez les supinateurs, c’est-à-dire les coureurs dont l’inclinaison de la foulée est davantage tournée sur l’extérieur.»
La dégradation rapide de la semelle a aussi été un frein pour le spécialiste. «La semelle des premières paires proposées s’usait au bout de 500 kilomètres, une distance parcourue en moins d’une année pour un coureur populaire assidu. On a remarqué une amélioration avec les derniers modèles, tout comme au niveau de la stabilité d’ailleurs. Voilà pourquoi nous les testons régulièrement et les proposerons peut-être à l’avenir à nos clients, toujours plus nombreux à nous les demander.»