Hector Velasco
Analyse. L’archipel de l’Equateur a été pour Charles Darwin ce que fut la pomme pour Isaac Newton lorsqu’il élabora sa théorie sur la gravitation universelle: dans les Galápagos, le naturaliste anglais a trouvé un milieu unique au monde, qui a inspiré sa théorie sur l’évolution des espèces.
Charles Darwin atteint en 1835 l’archipel situé à quelque 1000 kilomètres à l’ouest des côtes équatoriennes, lors d’une expédition à bord du navire HMS Beagle, qui l’emmène d’Australie en Amérique du Sud. Ce séjour aux Galápagos décide de sa vocation. Il n’a que 26 ans. Les observations qu’il mène alors seront déterminantes dans l’élaboration, deux décennies plus tard, de son œuvre clé sur «l’origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle».
«S’il était prouvé que Newton s’est inspiré de la chute des pommes pour formuler sa théorie sur la gravitation, on pourrait aussi dire que les îles enchantées (Galápagos) ont été décisives au moment de l’élaboration de la théorie évolutionniste de Darwin», dit Carlos Valle, chef du département de biologie à l’université San Francisco, à Quito, expert réputé de la faune des Galápagos.
Là-bas, le naturaliste a eu à sa disposition les «meilleurs éléments de preuve» sous-tendant les principes de la sélection naturelle des espèces et de la reproduction, en vertu desquels les espèces s’adaptent à leur environnement pour se perpétuer.
Composées de 13 îles principales et de 17 îlots, les Galápagos ont permis à Darwin de constater que «bien que les conditions environnementales variaient peu d’une île à l’autre, ces différences étaient suffisantes pour influer sur la taille du bec d’oiseaux de la même espèce, en fonction du type de graines que l’on trouvait sur place», explique Carlos Valle.
C’est ainsi que le naturaliste anglais a conclu que «sur un territoire relativement petit, on peut trouver 14 types d’oiseaux de la même espèce et que les différences ont un rapport avec l’environnement dans lequel ils grandissent».
Fondamental
«Darwin a beaucoup voyagé dans le monde. Aux Galápagos, il a trouvé une situation unique: si les oiseaux de toutes les îles paraissaient identiques, il a cependant découvert qu’ils se différenciaient malgré tout en fonction de l’endroit où ils se trouvaient», précise encore Matthias Wolff, directeur de la Fondation Charles Darwin, dans les Galápagos. C’est pourquoi, si les îles équatoriennes ne sont pas le «sujet principal de son livre sur l’origine des espèces, son voyage sur place a été très important, voire fondamental pour sa compréhension de l’évolution».
Les îles Galápagos ont été déclarées patrimoine naturel de l’humanité par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en 1978 et l’Unesco les a ajoutées, en 2007, à sa liste de patrimoines en danger en raison notamment de l’impact du tourisme de masse sur l’archipel.
«Presque deux siècles après, les postulats de Charles Darwin restent intacts, et la science moderne n’a fait que les affiner, en les ouvrant à d’autres explications, comme la dérive génétique, qui est la prise en compte du hasard dans la théorie sur l’évolution», estime Carlos Valle.
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