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Automobile: les constructeurs français se ruent vers l’Iran

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Jeudi, 23 Avril, 2015 - 05:47

Décryptage. La diplomatie française se méfie du pays des mollahs. Peu importe: Renault et PSA y sont déjà.

«La position de la France est antithétique.» Cheffe du secteur automobile au cabinet d’études de marché IHS, à Paris, Stéphanie Vigier souligne volontiers la contradiction: parmi les acteurs en quête d’un accord sur le nucléaire iranien, la diplomatie française est une des plus réticentes à la levée rapide de l’embargo.

En parallèle, les constructeurs automobiles tricolores sont les plus actifs – et probablement déjà les mieux placés – pour profiter des immenses possibilités que représente l’ouverture du marché iranien après la levée des sanctions économiques.

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a beau rappeler à chaque occasion qu’il reste encore «beaucoup de travail à faire» et que «rien n’est définitivement acté» malgré les progrès enregistrés à Lausanne, les milieux économiques ne s’en laissent pas conter. «La question n’est pas de savoir si, mais quand ces sanctions seront levées», estime Stéphanie Vigier.

La visite d’une délégation d’entreprises françaises à Téhéran avait déjà embarrassé le Quai d’Orsay en février dernier. Mais ces premiers contacts ne sont rien en comparaison de l’assaut lancé ces derniers mois par les groupes Renault-Nissan et PSA Peugeot Citroën.

Les représentants des deux constructeurs étaient présents en masse au dernier salon automobile de Téhéran, en décembre dernier, bien décidés à ne pas manquer la prochaine ruée vers l’Iran. «En comparaison, les Allemands n’y affichaient qu’une présence en demi-teinte», observe Stéphanie Vigier.

Dans un marché mondial saturé et ultracompétitif, la perspective de l’ouverture d’un pays de 80 millions de consommateurs suscite toutes les convoitises. D’autant que les deux constructeurs iraniens, Saipa et Iran Khodro, ont bien vingt ans de retard.

Près de la moitié des voitures en circulation sont une version de la Kia Pride sud-coréenne, produite par Saipa et que les Iraniens ne peuvent plus voir en peinture. Iran Khodro fabrique depuis des décennies les mêmes Peugeot 206 et 405, appelées Peugeot Persia, et Saipa produit des Dacia de Renault sous le nom de Tondar 90.

Les deux constructeurs sont largement dépendants de PSA et de Renault pour la livraison de pièces.

Des voitures avantageuses

Ces liens historiques sont un avantage, mais les Français disposent aussi d’un autre atout sur leurs concurrents européens. «Les grosses motorisations des constructeurs allemands sont fortement taxées en Iran, les pièces sont chères à envoyer et leurs processus industriels très en avance», explique Stéphanie Vigier.

En comparaison, les Français sont plus flexibles. Renault a annoncé la commercialisation en Iran de la petite Clio, qui sera d’abord importée avant d’être assemblée localement. En mars dernier, juste après la visite des délégués du Medef à Téhéran qui avait agacé Laurent Fabius, Peugeot signait en toute discrétion un accord avec Iran Khodro pour la construction d’une usine commune.

L’intérêt ne se limite pas au marché intérieur. «Tous font le pari que l’Iran redeviendra un jour un important pays exportateur», note Stéphanie Vigier. Avant le renforcement des sanctions, en 2012, l’Iran avait réorganisé le secteur automobile pour faciliter les exportations.

Des usines proches de Téhéran avaient été déplacées vers les zones portuaires et frontalières. «Ces efforts ont été stoppés net avec l’embargo sur les transactions bancaires en 2012, et le marché s’est effondré en 2013, explique l’analyste parisienne, mais aujourd’hui ça repart.

Les transactions bancaires sont de nouveau partiellement autorisées, les gens voyagent, signent des intentions d’investissement. On voit les annonces et les lancements se multiplier.» La coentreprise entre PSA et Iran Khodro produira quatre nouveaux véhicules et compte exporter 30% de sa production.

D’autres ambitions pourraient aussi renaître. «En 2007, l’Iran avait lancé une coopération avec des constructeurs de huit pays musulmans pour mettre au point une «voiture islamique», rappelle l’analyste d’IHS. Nous pensons que ce projet reprendra dans les deux ans qui viennent.»

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