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Fragilité des managers: la nécessité de sortir du déni

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Mercredi, 31 Juillet, 2013 - 05:56

SANTE AU TRAVAIL. Le mal-être des patrons est bien plus répandu qu’on ne le pense, y compris en Suisse. Après la disparition de Carsten Schloter, des spécialistes des ressources humaines appellent à plus de vigilance.

Serge Maillard

La Suisse est encore sous le choc de la disparition, la semaine derrière, du dirigeant charismatique de Swisscom, Carsten Schloter, qui a mis fin à ses jours à son domicile. Si rien ne prouve pour l’heure que son décès ait quelque lien que ce soit avec sa charge importante de travail, la disparition de ce grand patron pose la question de la fragilité des managers, dont le mal-être est très souvent silencieux. «A la base, le rôle d’entrepreneur est plutôt bon pour la santé, car le sentiment de diriger soi-même son destin est positif, rappelle Rico Baldegger, directeur de la Haute Ecole de gestion (HEG) de Fribourg. Mais, lorsqu’il y a une perte de contrôle, alors la situation devient rapidement extrêmement négative.»

Un chiffre laisse entrevoir l’étendue de l’épuisement professionnel des CEO: dans une étude récente de la Harvard Medical School, pas moins de 96% des leaders interrogés disaient ressentir une forme de burn-out, dont un tiers de manière très sévère. L’omerta règne pourtant au sommet de la pyramide professionnelle. En Suisse, aucune statistique officielle ne s’intéresse pour l’heure au phénomène. Seul le Japon dispose de chiffres officiels: «Dans ce pays, on dénombre huit suicides de dirigeants de PME par jour, souligne Olivier Torrès, le directeur de l’Observatoire Amarok sur la santé des dirigeants, à Montpellier. En France, selon nos estimations, un ou deux patrons commettent l’irréparable chaque jour.»

Congés sabbatiques en série. Une partie de ce tabou devrait néanmoins être abordée en Suisse d’ici au début de l’année prochaine. La HEG Fribourg a en effet inauguré en mars dernier son propre observatoire, filiale helvétique de l’Amarok, dont une étude sur le sujet est en préparation: «Nous avons déjà pris contact avec une centaine d’entrepreneurs», précise Rico Baldegger. Une initiative tout simplement salutaire, estime le professeur: «Depuis vingt ans, l’ouverture des marchés internationaux a fait croître le poids qui pèse sur les épaules des managers. Ceux-ci se retrouvent sous des pressions multiples, coincés entre les actionnaires, les employés, les clients et, de plus en plus, le monde financier. Le risque de crise cardiaque, par exemple, touche des patrons de plus en plus jeunes, et pas seulement ceux de 100 kilos qui fument…»

En Suisse, la prise de cons-cience arrive plus tardivement que dans le monde anglo-saxon, où des cas spectaculaires de burn-out ont éclaté ces dernières années, comme celui du directeur du groupe Lloyds en 2011. Mais de plus en plus de CEO assument le fait de prendre des congés sabbatiques pour se ressourcer, comme Pierin ­Vincenz, à la Raiffeisen, qui s’accorde une pause de deux mois après treize ans d’activité dans la banque, ou Joe Hogan, ex-patron d’ABB, qui a démissionné et se consacre à sa famille. «Ces exemples l’illustrent bien: il ne s’agit pas uniquement d’une question de santé, mais d’un équilibre à trouver entre vie privée et vie professionnelle», estime Alain Salamin, consultant en ressources humaines et professeur à HEC Lausanne.

«Mon départ pour me consacrer à ma vie de famille avait été ressenti comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu, se souvient Gérard Botteron, président de la direction du groupe pharmaceutique Galenica jusqu’en 1990. Je suis parti une année en Californie, j’ai enfin eu du temps. Et j’ai fini par m’épanouir. Ce n’est pas bon de toujours tout faire dans l’urgence. Aujourd’hui, la société dans son ensemble se rend compte qu’il y a davantage de pression sur les patrons et admet mieux ce genre d’initiative.»

La surcharge de travail reste le facteur de stress le plus fort, rappelle Olivier Torrès: dormir moins pour travailler plus, le nez dans le guidon, jusqu’à tomber dans la «spirale des 3D: dépression, divorce, dépôt de bilan»… «Le paradoxe des patrons de grosses structures, c’est qu’ils peuvent éprouver un sentiment de solitude malgré leur équipe nombreuse.» Difficile de sortir de cette autarcie, ajoute Alain Salamin: «Un CEO épuisé ne peut que très difficilement s’en ouvrir à ses collaborateurs ou à sa famille. La seule porte de salut est souvent à l’extérieur de l’entreprise, avec son médecin ou un coach, par exemple.»

«Pas le temps d’être malades.» Un patron peut-il vraiment, aujourd’hui, assumer ses fragilités? «Certains me disent qu’ils n’ont tout simplement pas le temps d’être malades… Le diagnostic risque ensuite d’être encore plus sévère. Mais vous seriez surpris de voir le nombre de dirigeants qui fréquentent nos conférences. Une fois la boîte de Pandore ouverte, ils n’hésitent plus à parler», assure Olivier Torrès. L’universitaire n’a pas fondé son observatoire sur des motifs purement académiques: «C’est aussi un appel aux patrons à libérer leur parole face à l’hérésie anthropologique du dirigeant invincible. Il faut agir!»

L’affaiblissement de cette culture d’entreprise qui vise à «sélectionner» brutalement les dirigeants les plus endurants à l’interne, c’est également l’évolution qu’observe Alain Salamin. «Cette logique est maintenant mise à mal, puisque même ceux qui ont été triés pendant des années selon la loi du plus fort peuvent craquer. Le modèle traditionnel montre de plus en plus ses limites.» Pour le consultant, le nouveau modèle d’entreprise se rapproche de celui de Google, qui offre un jour par semaine à tous les employés pour travailler sur des projets qui leur tiennent à cœur. «Pour un leader, la notion d’authenticité, d’être vrai avec ses forces et ses limites, est devenue beaucoup plus importante.»

Sur la scène politique, où la pression est au moins aussi intense qu’en entreprise, les élus qui ont assumé leurs failles, comme le Neuchâtelois Yvan Perrin ou la Zurichoise Nathalie Rickli, ne se sont pas vus ostracisés par les électeurs, bien au contraire. «Est-ce que vous préférez un malade qui s’ignore ou un convalescent qui se soigne? demande Alain Salamin. Aujourd’hui, davantage de rentes AI sont reversées en Suisse pour des maladies psychiques que physiques. Les dirigeants ne sont plus épargnés.»


Christian Wanner, cofondateur et directeur de LeShop jusqu’en septembre

«Le CEO est exposé à la solitude»

Après seize ans de bons et loyaux services, le cofondateur de la plateforme de vente en ligne LeShop, filiale de Migros depuis 2006, a décidé de changer de cap. Une pause pour se consacrer à sa famille, avant de se réorienter vers une nouvelle aventure entrepreneuriale: «J’ai décidé en toute conscience d’arrêter le job de CEO à un moment où tout va bien dans l’entreprise. Cela pourrait être vu comme une fragilité par ceux qui estiment que cela ne se fait pas d’avoir un trou dans son CV. Mais j’ai l’impression que les mentalités changent: notre génération est peut-être plus consciente de la nécessité de l’équilibre de vie, du besoin de se ressourcer à certains moments.»

Au mot «fragilité», Christian Wanner préfère celui de «doute». «C’est le lot de tout CEO. Et le doute génère de l’anxiété. De par sa fonction,  le directeur général est exposé à la solitude, il occupe une position à l’intersection des employés d’une part, de l’actionnariat et du conseil d’administration d’autre part. A la fin, on est seul à trancher. Quand tout le monde s’est renvoyé la balle, celle-ci finit sur notre table.»

Face à cette pression, l’entrepreneur se réserve des espaces de réflexion, durant lesquels il se concentre sur une seule idée. «Mais la meilleure manière de répartir la charge, c’est de s’entourer de gens compétents et loyaux avec qui l’on a envie de partir en bataille. Il faut aussi savoir quelle culture d’entreprise on veut insuffler. L’humour reste une des armes fatales contre l’anxiété.»

Un autre soutien, il l’a trouvé au sein du réseau de jeunes dirigeants «Young Presidents’ Organization», qui rassemble de jeunes chefs d’entreprise dans le monde entier, avec une dizaine de rencontres par année. «Nous pouvons partager nos expériences, nos rêves, mais aussi nos angoisses. L’idée est de s’entraider, dans un rapport de confidentialité, et non de faire des affaires. Nous prenons du recul ensemble. Cela permet d’éloigner le risque de la tour d’ivoire.»


Jean-Claude Biver, président de Hublot

«C’est la dysharmonie qui fragilise»

A la présidence de l’horloger Hublot (dont il a transmis la direction opérationnelle il y a deux ans), le Luxembourgeois d’origine reste fidèle à son image: celle d’un manager fonceur. «Mon énergie vient de mon caractère passionné, pour le travail ou la vie en général. Je pourrais imaginer de ne plus travailler chez Hublot, mais ce serait pour faire autre chose: me consacrer à la production de vin ou de fromage.»

Paradoxalement, des fragilités peuvent aussi résulter de ce trait de caractère. «Je suis émotif. J’ai la faiblesse de ma force. On ne peut pas être passionné sans émotion. Des soucis à la maison ou un divorce dans la famille, ça me pèse et peut me déséquilibrer. Autant l’équilibre affectif me permet de me surpasser, autant le déséquilibre affectif va me surpasser. L’harmonie est une nécessité. C’est la dysharmonie qui fragilise.»

Pour passer du temps en famille, le CEO a adopté un mode vie plutôt original: «Mon credo, c’est de toujours travailler quand les autres dorment. Comme cela, ils n’ont pas l’impression que je suis absent. En me levant à 3 heures, cela me permet de me consacrer à mes occupations professionnelles sans que la famille le ressente. Et à 18 heures je suis à la maison. J’ai ainsi du temps pour eux!» Un côté patron Superman qui nécessite une forte capacité physique pour tenir le coup: «Cela demande une hygiène de vie saine: pas de cigarette, pas d’alcool, faire attention à son alimentation. Il faut renoncer à certains plaisirs.»

Un entraînement qui, selon Jean-Claude Biver, ne diffère guère de celui de l’artiste ou du sportif d’élite: «Nous sommes soumis aux mêmes règles: un chanteur de rock ou un athlète change également de ville chaque soir, mène une vie trépidante. Le plus délicat est de parvenir à gérer l’équilibre entre l’affect et le personnel.»


Claude Béglé, consultant, ancien président du conseil d’administration de La Poste

«Je me ressource dans la contemplation»

Une carrière de manager chez Nestlé et Deutsche Post le mène en 2008 à la tête du deuxième plus grand employeur du pays, avec 43 000 employés. Mais, deux ans plus tard, Claude Béglé démissionne de son poste dans la tourmente, à la suite de divergences stratégiques. Il ne s’est pas arrêté pour autant – et mène au même rythme («en tout cas seize heures de travail par jour») sa nouvelle société active dans les affaires publiques. Il estime qu’un «manager en Europe a le droit de montrer quelques faiblesses, au contraire des Etats-Unis et de l’Asie».

Pour tenir ce rythme de vie frénétique, le manager de 63 ans se ressource dans la prière et la méditation, une pratique développée lors de séjours en Asie: «Je réserve tous les dimanches soir quelques heures pour me recueillir et prendre de la distance – depuis trente-cinq ans, je n’ai jamais manqué une semaine. J’analyse ce qui s’est passé et tente de comprendre les erreurs que j’ai pu commettre afin de les accepter.» Le consultant tient un journal dans lequel il veut, chaque jour, relater un épisode marquant ou cocasse – comme un lever de soleil majestueux ou ce vélo qu’il aperçoit flotter dans une rivière près des Diablerets quelques heures avant l’interview.

Il estime avoir pu concilier avec satisfaction ses vies professionnelle et familiale en privilégiant le «quality time» à la quantité: «La vie est faite de choix – on manque toujours quelque chose. Mais lorsque je rentre du travail, je suis épanoui et j’ai des choses à partager. On apporte davantage avec une énergie positive qu’en accumulant les heures de présence.» Ses voyages tête à tête avec l’un de ses six enfants incluent le Transsibérien, le Hoggar et le Kilimandjaro. Des occasions, dit-il, de «refaire le monde avec eux».

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Les cantons formeront des apprentis étrangers

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Mercredi, 31 Juillet, 2013 - 05:57

SOUTIEN. Les services du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann planchent sur un projet pilote. Cent places d’apprentissage seront destinées à de jeunes Européens dans les cantons de Neuchâtel, Fribourg et Berne.

Ils seront cent, Européens, âgés de 18 à 25  ans. Ils viendront en Suisse pour y faire un apprentissage en entreprise. Une formation qu’ils commenceront par un cours de langue intensif de deux mois.

La prochaine venue de ces jeunes s’inscrit dans un programme du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (Sefri), comme le confirme à L’Hebdo sa chargée de communication, Tiziana Fantini. «Nous mettons sur pied un projet pilote dont une première version devrait être soumise à Johann Schneider-Ammann fin août. C’est tout ce que nous pouvons dire pour le moment.»

Stratégie win-win. D’après nos informations, trois cantons feront office de laboratoires dans un premier temps: Neuchâtel, Fribourg et Berne. «Nous avons immédiatement manifesté notre intérêt lorsque la Confédération nous a interpellés au printemps dernier, explique Beat Vonlanthen, conseiller d’Etat fribourgeois chargé de l’Economie. Cette initiative permettra non seulement d’offrir un soutien aux pays européens minés par le chômage des jeunes, mais surtout de combler en partie le déficit d’apprentis dans certains secteurs.»

Pour la troisième année consécutive, en Suisse, l’offre en places d’apprentissage se révèle plus importante que la demande. Et plus particulièrement dans des secteurs comme la construction, l’hôtellerie, la mécanique ou encore l’agriculture. Des domaines vers lesquels les jeunes appelés européens devraient être dirigés.

«Le fait que des places restent inoccupées menace la pérennité de certaines PME locales. En participant au programme du Sefri, nous en soulagerons un certain nombre, tout en apportant notre aide à certains Etats de l’UE. Une stratégie win-win, en quelque sorte», avance Monika Maire-Hefti, conseillère d’Etat neuchâteloise chargée du Département de l’éducation.

Exemple allemand. Quels seront alors les pays cibles du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation? Si la Confédération se refuse encore à dévoiler les détails, Monika Maire-Hefti pense cependant que seront logiquement concernés les Etats du sud de l’Europe, où le taux de chômage des moins de 25 ans atteint des sommets: plus de 55% en Grèce et en Espagne, plus de 42% au Portugal. La Suisse suit ainsi l’exemple de l’Allemagne qui annonçait, en mai dernier, son intention de donner chaque année une formation professionnelle ou des postes de travail à 5000 jeunes Hispaniques, pour palier le manque en main-d’œuvre qualifiée de ce pays.

Reste aussi à définir qui accueillera qui, et comment. «Pour l’heure, nous attendons la marche à suivre de la part du Sefri, relève Beat Vonlanthen. Nous ne savons pas encore combien de jeunes le canton de Fribourg prendra en charge, ni de quelle manière la question de l’hébergement sera réglée.» Alors que certains évoquent le lancement du programme pour septembre prochain, le Sefri préfère mentionner 2014 comme échéance.

«C’est une bonne chose que le Département fédéral de l’économie commence enfin à empoigner ce dossier», analyse Josiane Aubert, conseillère nationale vaudoise (PS) qui avait appelé à la mise en place d’un tel système dans nos colonnes en juin dernier. Son collègue de parti, le Zurichois Andreas Gross, avait d’ailleurs posé une question allant dans le même sens au Conseil fédéral au début de l’été. Et Josiane Aubert de conclure: «La Suisse ne peut pas aller chercher de la main-d’œuvre à l’étranger que quand cela l’arrange. Il est naturel qu’elle assume aussi sa part de formation professionnelle à l’échelle européenne.»

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Quand le Parti Socialiste ne convainc que lui-même

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Mercredi, 31 Juillet, 2013 - 05:58

POLITIQUE. Les socialistes veulent sauver la diversité de la presse, mais la droite rejette toute intervention étatique.

Au centre comme à droite, aucun parti n’entre en matière quant à un soutien direct à la presse tel que proposé par le PS. Le PDC s’en tient aux actuelles mesures d’aide indirecte – rabais tarifaires postaux et TVA à 2,4%. Le PLR et l’UDC ferment la porte. «De manière générale, nous sommes contre tout soutien à une branche économique», résume le secrétaire général du PLR, Stefan Brupbacher.

Pourtant, le PS n’y est pas allé de main morte. Selon lui, les médias privés «sont de moins en moins à même de fournir à la société un journalisme compatible avec la démocratie».

«A terme, la diversité de la presse est en danger, compte tenu de l’actuel processus de concentration qu’on y observe», résume le conseiller national Jean Christophe Schwaab (PS/VD). Celui-ci en veut pour preuve «l’inquiétant» exemple bâlois. La cité rhénane n’a plus qu’un quotidien, aux mains du politicien UDC Christoph Blocher. Seul un hebdo pour l’instant parrainé par un riche mécène y offre une autre voix.

Le PS ne trouve pas d’allié pour partager son alarmisme. Le conseiller aux Etats vaudois vert Luc Recordon se montre nuancé. Il estime que les médias jouent toujours leur rôle dans le débat démocratique, mais reconnaît qu’il y a un problème: «Il est indéniable que la diversité de la presse écrite se réduit.» Cette diversité est devenue très fragile: «Des quotidiens comme Le Temps ou Le Courrier font face à de grosses difficultés financières.»

En dehors de la gauche, le «constat scientifique» du PS est rejeté. «Nous gardons en Suisse une densité de presse extraordinaire», note le conseiller d’Etat vaudois libéral-radical Pascal Broulis.

Critique du mainstream. Le conseiller national Filippo Leutenegger (PLR/ZH) préfère parler des médias en général, et non pas seulement de la presse écrite. «A l’heure de l’internet, les médias évoluent et deviennent même plus démocratiques. Il y a certes moins de presse écrite payante, mais dans l’ensemble plus de médias. Je trouve cela très réjouissant.» Conclusion: c’est aux acteurs concernés de résoudre leur crise structurelle en faisant preuve d’innovation.

A droite, les parlementaires se plaignent d’un autre phénomène: «Tant que la presse se fait l’écho des opinions les plus pointues, la diversité de la presse n’est pas en danger. Mais je déplore l’émergence d’un journalisme mainstream, souvent de gauche, qui rend les médias très monotones», regrette le Zougois Gerhard Pfister, l’un des poids lourds du PDC. «C’est plus simple de suivre le courant que d’entreprendre de délicates recherches qui pourraient donner raison à un politicien zurichois de droite», ricane même Filippo Leutenegger.

La Suisse ne passera donc pas de sitôt d’une aide indirecte à un soutien direct, qui supposerait une intervention de l’Etat. «Qui dit subvention dit but à atteindre, et contrôle au bout du compte. Il faut éviter que l’Etat ne prenne la mainmise sur la presse», souligne Pascal Broulis. Lors de l’annonce des mesures d’économie de Tamedia en Suisse romande, celui-ci a rencontré à trois reprises le président du conseil d’administration, Pietro Supino. «Je l’ai sensibilisé à la nécessité de qualité, de pluralité et d’indépendance de la presse en Suisse romande. Mais jamais il n’a été question d’une aide étatique.»

«C’est justement lorsque l’Etat intervient trop que l’on met en danger la diversité des médias», renchérit le conseiller national Gregor Rutz (UDC/ZH). Il en veut pour preuve la loi «beaucoup trop dirigiste» sur la radio et la télévision. «Elle assure à la SSR une situation de quasi-monopole en empêchant les privés de lui livrer une véritable concurrence.»

Rapport de l’Ofcom. A peine lancé, le débat sur l’aide à la presse semble avorté. Outre les visions très idéologiques du PS, rares sont les propositions concrètes qui émergent. La plus intéressante vient du vert Luc Recordon, qui a déposé un postulat visant à soutenir les nouveaux médias de l’internet, de Journal21 à LesObservateurs.ch  en passant par la Tageswoche à Bâle. «Je fonde de vrais espoirs sur ces nouveaux acteurs pour enrichir le paysage médiatique. On pourrait créer une commission indépendante chargée de les aider.»

Dans l’immédiat, on en restera donc aux mesures indirectes. Le débat ne rebondira qu’en 2014, voire en 2015 seulement. A cet horizon, l’Office fédéral de la communication (Ofcom) a reçu le mandat de présenter un rapport esquissant des pistes pour épauler la presse dans sa mutation technologique.

Lire aussi le blog de Jacques Neyrinck «Un coup d’épée dans l’eau» sur www.hebdo.ch

A lire aussi:
- La presse: faut-il l’aider?
- Financer la presse autrement

- La chronique de Jacques Pilet: le miroir digital aux alouettes


 

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Lukas Lehmann
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Financer la presse autrement

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Mercredi, 31 Juillet, 2013 - 05:59

SOLUTIONS. Les aides étatiques ne sont pas les seules possibilités de soutenir le journalisme. Inventaire en Suisse et à l’étranger. 

Par Google

Le premier moteur de recherche, qui est aussi la première régie publicitaire au monde, dit que les journaux profitent du référencement de leurs articles. La presse européenne parle au contraire de captation de valeur et d’injure faite au droit d’auteur. Les éditeurs veulent faire payer Google – et les autres agrégateurs –  pour la reprise de leurs contenus. Grâce à la Lex Google, approuvée par le Bundestag, les groupes de presse allemands peuvent réclamer dès le 1er août des droits d’auteur sur les extraits d’articles publiés en ligne par le géant américain. En retour, celui-ci menace de ne plus du tout référencer ces mêmes articles, ce qui serait préjudiciable à l’audience des journaux sur l’internet. La loi allemande pourrait être remise en question.

Evitant l’exemple allemand, la France a conclu un marché avec Google. L’entreprise finance un fonds d’innovation qui soutiendra dès la fin 2013 la mue numérique des journaux et magazines. Mais la dotation de ce fonds est faible (60 millions d’euros sur trois ans), surtout lorsqu’il est mis en relation avec le chiffre d’affaires de Google (50 milliards de dollars en 2012).

Les éditeurs belges francophones, qui ont longtemps bataillé avec le moteur de recherche, ont conclu avec lui un partenariat commercial fin 2012. Google s’est engagé à augmenter la fréquentation de leurs sites d’information en ligne et à mieux monétiser leurs contenus.

Trois pays, trois modèles différents de partenariats avec Google… Ces scénarios au cas par cas, chacun âprement discuté, font le jeu de l’américain. Ce qui n’empêchera pas les éditeurs suisses et italiens de bientôt lui demander des comptes.

Par les murs payants

Aux Etats-Unis, les éditeurs l’appellent désormais le «péché originel». A la suite d’un accord fondateur entre Yahoo et Reuters en 1993, la presse s’est décidée à mettre gratuitement en ligne ses articles. La gratuité, c’était l’assurance de plus d’audience, donc plus de publicité, plus de revenus, plus de valeur boursière. Or, la publicité est peu venue, de surcroît à bas prix. Si bien que la presse en ligne s’est refaite à l’idée de l’accès payant à ses contenus, même si entretemps une génération s’est très bien accoutumée à une autre idée: l’information à l’œil. Heureusement, l’argument selon lequel le journalisme de qualité a une valeur, et que cette valeur a un prix, a été compris.

Des journaux comme le New York Times, qui a réintroduit un «mur payant» en 2011, tirent désormais plus de revenus en ligne que par l’encre d’imprimerie. Ce nouveau type de contrat entre les journaux et leurs lecteurs peut prendre l’aspect d’un cercle vertueux qui encourage, à nouveau, l’abonnement sur papier.

A quelques exceptions près, les grands titres de presse ont élevé ce fameux mur, le construisent actuellement (le puissant Bild en Allemagne) ou s’apprêtent à le faire. Avec des stratégies diverses, dont celle du freemium: une offre libre d’accès et une offre haut de gamme payante. La Suisse n’échappe pas à la tendance. Le Temps a son paywall depuis 2011, L’Hebdo depuis 2012, le Blick l’aura cet automne.

Par le mécénat

Acteur essentiel du débat démocratique, le journalisme de qualité doit absolument subsister. C’est le raisonnement des philanthropes et mécènes qui financent depuis 2008 le site d’investigation Pro Publica. Avec ses 35 limiers, celui-ci forme désormais la plus grande équipe de journalisme d’investigation aux Etats-Unis. Pro Publica a obtenu en 2010 un prix Pulitzer pour un article sur les conséquences de la tempête Katrina en Louisiane. Le site à but non lucratif est aussi soutenu par ses lecteurs. Le financement participatif du journalisme est également une expérience tentée par des sites d’enquête comme Spot Us. Ou, dans le photojournalisme, par des plateformes internationales comme Emphas.is.

Par les lecteurs

L’exemple de publications aux contenus de qualité mais sans publicité aucune commence à faire école. Le succès en France de la revue XXI ou de sites d’investigation comme Mediapart montre qu’une aventure de presse peut être viable avec les seuls revenus de son lectorat. Reste la question de la taille critique. XXI vend 60 000 exemplaires par numéro et Mediapart compte 75 000 abonnés dans un pays de 66 millions d’habitants. La Suisse en compte près de dix fois moins, ce qui pose la question de la validité d’un tel modèle économique dans le pays, a fortiori en Suisse romande.

Par l’absence de publicité à la TV publique

L’absence de publicité à la BBC, sauf sur ses canaux internationaux, fait le jeu des autres médias en Grande-Bretagne, en particulier lorsque les annonceurs se font plus rares. C’est également le cas sur le site d’information en ligne de la même BBC, sur son propre territoire (à l’étranger, le site accueille des annonces). Il serait inconvenant, pour une telle référence culturelle, qui vit de la redevance publique, de voir ses programmes hachés menus par de la publicité. Cela n’empêche le groupe étatique de produire parmi les meilleurs contenus au monde, de les revendre à bon prix et de tirer de ce commerce une bonne part de ses revenus.

L’enjeu de la publicité sur les chaînes de télévision publiques et sur leurs sites en ligne mérite d’être reconsidéré, à l’heure des difficultés économiques de la presse. L’exemple britannique, mais aussi celui de France Télévisions, qui a supprimé la publicité en 2009, prend un singulier relief dans une période où même les partis politiques cherchent de nouveaux financements pour la presse.

A lire aussi:
- La presse: faut-il l’aider?
- Quand le Parti Socialiste ne convainc que lui-même

- La chronique de Jacques Pilet: le miroir digital aux alouettes


 

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Sources: Media focus, juin 2013. Médias suisses, janvier 2013
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La presse: faut-il l’aider?

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Mercredi, 31 Juillet, 2013 - 06:00

DEBAT. Le Parti socialiste s’inquiète de la qualité des journaux et voit dans le processus de concentration en cours une menace pour la diversité et la démocratie. Notre dossier.

C’est un thème que les journalistes abordent avec peine. Par pudeur plutôt que par autocensure. La presse écrite est en crise, le modèle économique, qui a longtemps offert des rémunérations confortables aux éditeurs, s’est érodé sous les assauts successifs des radios et des télévisions, puis des titres gratuits, enfin des sites internet, qui ont réduit sa part du gâteau publicitaire.

L’impitoyable équation des rédactions depuis une décennie est la suivante: moins de publicité, moins de pages rédactionnelles, moins de journalistes. S’agit-il d’une crise structurelle, comme en connaissent maints autres secteurs économiques, ou d’un mal plus profond?

Le PS penche pour le second diagnostic et s’en inquiète: la diversité de la presse est en danger, il est urgent d’instaurer des aides directes aux journaux. Il a proposé la semaine dernière ses recettes. Car si le quatrième pouvoir est en danger, c’est grave: la presse est le chien de garde de la démocratie. Sans les enquêtes et les critiques des journalistes, les politiciens perdent leur aura et leur crédibilité, et les citoyens les moyens de se forger leur opinion. Plus que les entreprises, qui ne voient dans la presse qu’un débouché pour leur communication, les politiciens ont à cœur de disposer d’un système médiatique efficient, nourrissant et reflétant la diversité confédérale, qu’il s’agisse d’intérêts ou de points de vue antagonistes.

Dans ce débat, les journalistes sont coincés entre leurs éditeurs allergiques à toute intervention étatique, leur propre méfiance instinctive contre l’Etat et les ordres venus d’en haut et leur réalité quotidienne: la fonte des moyens à disposition pour réaliser du bon travail.

En trois questions, L’Hebdo éclaire les enjeux du débat:

La diversité de la presse est-elle en danger?

C’est ce que prétend le Parti socialiste, se basant notamment sur des études du professeur Kurt Imhof de l’Université de Zurich qui soulignaient «une perte de qualité des médias due à la culture du tout gratuit». Des conclusions qui ont fait hurler d’indignation la profession: des titres comme La Liberté ou L’Hebdo n’étaient pas pris en compte dans l’échantillon scruté sous l’angle de la qualité.

Directeur d’Impressum, le syndicat des journalistes, Urs Thalmann abonde pourtant dans le sens du PS: «Nous partageons depuis longtemps le constat selon lequel la concentration des médias due aux pertes publicitaires et au recul des tirages a conduit à une réduction de la pluralité des contenus, même si le nombre de titres ne se réduit que très lentement. On assiste aujourd’hui à une uniformisation de l’information de la part des grands groupes qui copient, rediffusent, voire traduisent une même nouvelle pour la publier dans leurs différents supports. Cette uniformisation de la presse détruit non seulement la diversité, mais des emplois de journalistes au profit de traducteurs.»

Les éditeurs ne partagent pas ce catastrophisme, indique Daniel Hammer, secrétaire général de Médias suisses, leur organisation faîtière: «Que le travail des journalistes et des éditeurs soit devenu plus difficile, que la branche soit sous pression, ce sont des évidences. Pour autant, il n’est pas moins bon. La Suisse reste l’un des pays qui comptent le plus de journaux par habitant et, chaque jour, plus de 90% de nos concitoyens lisent un journal, un record.»

Une chose est sûre, la diversité des opinions ne dépend pas seulement du nombre d’éditeurs et de chaînes de radio/TV, mais de la capacité des rédactions et des journalistes à exprimer cette diversité, de leur indépendance d’esprit et de leur courage éditorial.

On peut aussi formuler une objection de taille à l’alarmisme rose: pour un pays de 8 millions d’habitants, la diversité capitalistique des groupes de presse est relativement grande. En Suisse alémanique, on trouve, en plus de Ringier (éditeur de L’Hebdo) et de Tamedia, le groupe NZZ (et ses titres régionaux), le groupe AZ Medien, Springer, le groupe Südost-schweiz aux Grisons… sans oublier Blocher, actionnaire de la Basler Zeitung et de la Welt­woche.

La situation est plus problématique en Suisse romande où, depuis le rachat d’Edipresse, Tamedia domine (mais la position prépondérante d’Edipresse était déjà critiquée auparavant). Cela dit, pour une région de moins de 2 millions d’habitants, la situation est loin d’être aussi dramatique que ce que l’on peut observer dans maints pays européens, notamment en France: outre Tamedia, il y a La Liberté de Fribourg, le groupe des titres régionaux d’Hersant (Le Nouvelliste, etc.). Et Ringier publie les magazines les plus importants.

La presse n’a-t-elle plus les moyens de jouer son rôle au service de la démocratie?

«La presse assume quotidiennement son rôle au service de la démocratie, rétorque Daniel Hammer. Nous avons une presse libre, indépendante du pouvoir, qui permet aux citoyens de se forger une opinion propre et de s’associer au débat démocratique. Le système actuel ne se contente pas d’être “compatible avec la démocratie”, il est l’expression même de notre démocratie.»

Urs Thalmann note une évolution: «La liberté de la presse n’est pas menacée par l’Etat ou la répression policière, elle subit une claire érosion sous le poids de l’économie. Certains groupes de presse, quasi monopolistiques et cotés en Bourse, s’attachent exclusivement à générer des revenus pour leurs actionnaires, la qualité journalistique étant reléguée au second plan. Dans la Constitution suisse, la garantie de la liberté de la presse est uniquement considérée sous l’angle des pressions étatiques, ce qui est aujourd’hui clairement insuffisant. Il faut élaborer des propositions concrètes qui placent l’éthique journalistique au centre des préoccupations. Car aucun autre secteur économique n’est aussi important à la pérennité de la démocratie.»

Il est incontestable que les journaux et les magazines payants sont plus minces et ont vu la taille de leurs rédactions diminuer. Mais le PS confond quantité et qualité. Il y a certes moins d’articles imprimés, mais ils sont de meilleure facture. La concurrence entre supports médiatiques pousse à l’excellence. Les attentes du lecteur se sont aussi modifiées: naguère, il prisait l’exhaustivité aujourd’hui il privilégie l’originalité, la surprise, la quête de sens, la fonction de filtre du journaliste et bâille devant la redondance, le déjà lu ou vu ailleurs.

A la suite du professeur Imhof, le PS bâtit sa démonstration sur un axiome plus que contestable: la presse gratuite n’aurait aucune vertu. Il est vrai qu’elle ne suffit pas, et de loin, à informer et à animer le débat démocratique. Mais elle est appréciée d’un nombre considérable de lecteurs et donne l’habitude aux jeunes de se plonger quotidiennement dans un journal.

Avec la création de 20 minutes et le développement du Net, Tamedia en Suisse romande emploie plus de journalistes qu’il y a dix ans, avait déclaré Pietro Supino, président du conseil d’administration.

La presse conserve donc quelques moyens de jouer son rôle au service de la démocratie, mais plus tout à fait comme par le passé. Les rubriques politiques ont vu leurs effectifs stag­ner ou régresser, alors que les rédacteurs et la pagination dévolus à l’économie gonflaient. Les rubriques société, faits divers et people ont gagné en importance. Les chroniqueurs politiques se sont aussi émancipés de la couverture de l’agenda institutionnel, concentrant leur énergie sur la recherche d’un scoop (spécialement dans la presse alémanique du dimanche, marquée par une féroce concurrence) plutôt que sur le suivi aimable des conférences de presse.

Administrations et partis ont dans le même temps augmenté leurs équipes de professionnels de la communication, déclenchant chez les journalistes, priés d’ingérer des informations préformatées pour leur soi-disant besoin, un sentiment de rejet («Nous ne sommes pas des scribes»), voire le soupçon de tentatives de manipulation. D’où une irritation croissante entre les attentes des politiques et la production des journalistes.

La presse a-t-elle besoin d’aide?

L’idée du PS d’aider la presse à coups de subventions directes a tout du cadeau empoisonné. «Les aides étatiques s’accompagnent toujours de mesures intrusives qui limitent la liberté économique, dénonce Daniel Hammer. Quant à ponctionner les taxes publicitaires, comme le propose le PS, on se tire une balle dans le pied: en dix ans, la presse écrite a perdu 1 milliard de francs, soit un tiers de ses revenus, en raison de la crise et de l’émergence du numérique. Taxer les annonces reviendrait à les rendre moins concurrentielles. Pour ce qui est de taxer les revenus générés par Google ou Facebook, la mise en pratique de cette proposition est totalement irréalisable, ces sociétés n’étant pas soumises au droit suisse.»

La proposition du PS est paradoxale: il souhaite renforcer encore la SSR qui est déjà bien dotée et qui, justement parce qu’elle dépend de l’Etat, peine à animer le débat politique de manière satisfaisante.

L’énumération des critères d’octroi d’aide directe aux journaux est, elle aussi, très discutable. Le PS entend écarter de la manne publique les groupes de presse réalisant des profits, une mesure d’un dogmatisme suranné.

La meilleure aide à apporter aux journaux reste celle des lecteurs, acheteurs ou abonnés. L’émergence de la presse gratuite a donné l’impression que les titres payants étaient trop chers. Peu de pédagogie a été entreprise par les éditeurs. Le financement de la presse écrite reposait sur les recettes publicitaires (deux tiers) et la vente par numéro ou à l’abonnement (un tiers). Les gratuits n’ont fait que pousser à l’extrême une logique déjà existante (le financement par la pub). C’est surtout l’érosion des recettes publicitaires qui plombe les comptes et désormais la rentabilité des journaux. L’immense majorité des lecteurs reste fidèle à ses titres de prédilection.

Il faudra à l’avenir payer plus pour lire mieux. Mais combien? Les prix de vente (au numéro ou à l’abonnement) ont été revus à la hausse. Un magazine ou un quotidien reste cependant largement moins onéreux à l’achat qu’un paquet de cigarettes.

A lire aussi:
- Financer la presse autrement
- Quand le Parti Socialiste ne convainc que lui-même

- La chronique de Jacques Pilet: le miroir digital aux alouettes


Naissances, fusions et disparitions dans la presse suisse

1981
- Création de L’Hebdo.

1987
- Création de la Sonntagszeitung.

1991
- Création du Nouveau Quotidien.
- Fusion de la Gazette de Lausanne et du Journal de Genève.

1994
- Disparition de La Suisse.

1997
- Création du magazine Bon à Savoir.

1998
- Création du Temps, né de la fusion entre le Nouveau Quotidien et le Journal de Genève.

1999
- Lancement de dimanche.ch par le groupe Ringier qui disparaît quatre ans plus tard.

2001
- Rachat du journal La Côte par le magnat de la presse française Philippe Hersant.

2002
- Création de la NZZ am Sonntag.
- Hersant rachète L’Express de Neuchâtel et L’Impartial de La Chaux-de-Fonds.

2003
- Tamedia entre au capital de 20 Minuten, détenu par le groupe norvégien Schibsted, et deviendra actionnaire majoritaire en 2005.

2005
- Lancement du Matin Bleu (Edipresse), qui disparaîtra en 2009.

2006
- Lancement de 20 minutes en Suisse romande (Tamedia).
- Création de Heute (Ringier), remplacé par Blick am Abend en 2008.
- Lancement de Cash daily (Ringier), qui s’arrête en 2009.
- Disparition du journal satirique romand Saturne, lancé deux ans et demi auparavant.

2007
- Création de Der Sonntag.
- Disparition des hebdomadaires Facts (créé en 1995 par Tamedia) et Cash (créé en 1989 par Ringier).
- Le groupe allemand Axel Springer, propriétaire depuis 1999 de la Handelszeitung (PME magazine), rachète le groupe suisse Jean Frey (qui publie notamment Bilanz et Beobachter).
- Lancement de gratuit.ch par un groupe d’investisseurs inédpendants qui disparaît en 2009.

2008
- Tamedia rachète Espace Media (qui publie notamment le quotidien Berner Zeitung).

2009
- Tamedia reprend Edipresse.
- Création du journal satirique Vigousse.

2010
- Hersant devient actionnaire majoritaire du principal quotidien du Valais, Le Nouvelliste.
- Le financier Tito Tettamanti acquiert 75% de Basler Medien Gruppe (BMG), qui édite notamment la Basler Zeitung, qu’il cédera quelques mois plus tard sous la pression (on le soupçonnait d’être le sous-main de Christoph Blocher) et rachètera en 2011.

2011
- Création du bimensuel La Cité.

2013
- Blocher détient 20% du capital de la Basler Zeitung.

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Genève: vidéosurveillance en question

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:50

Les faits

Le débat sur la vidéosurveillance rebondit dans la presse alémanique autour du projet genevois d’équiper le quartier des Pâquis de 21 caméras. Le coût de ce projet pilote présenté en avril par le gouvernement genevois est estimé à 2 millions de francs.

Les commentaires

Pierre Maudet a rappelé dans la SonntagsZeitung et Le Matin dimanche, qui ont découvert - été oblige - une information vieille de quatre mois, que «ce projet pilote de vidéoprotection donne un signal politique clair en faveur de tous les moyens disponibles, y compris la dernière technologie, pour améliorer la sécurité dans notre cité. La vidéoprotection reste un outil de gestion pour la police, en plus des moyens humains que nous voulons augmenter. Genève prend à nouveau le problème de la sécurité très au sérieux et se poste à l’avant-garde.» Une position qui fait grincer des dents outre-Sarine. Le directeur de la police bernoise Hans-Jürg Käser, pourtant PLR comme Maudet, se montre très critique dans la SonntagsZeitung: «Dans un pays libre, il n’est pas souhaitable de surveiller toutes les rues avec des caméras.» Berne ne va pas se lancer dans une telle aventure. Dans le Tages-Anzeiger, le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE) plaide pour plus de patrouilles de policiers afin de lutter contre la criminalité.

A suivre

Le projet d’équiper le quartier des Pâquis de 21 caméras a été accepté par la commission judiciaire du Grand Conseil genevois. Il sera tranché en plénum cet automne. Et cela promet un débat nourri.

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Salvatore DI Nolfi, Keystone
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Matériel photo: écran noir sur Ilford

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:51

Les faits

Lâchée par son propriétaire anglais Paradigm Global Partners, la société Ilford Imaging, basée depuis cinquante ans à Marly (FR), avait moins d’un mois pour trouver un repreneur. Elle n’y est pas parvenue et n’est ainsi plus en mesure de payer les salaires de ses 220 collaborateurs.

Les commentaires

«La direction a fait son maximum», relève l’un des employés d’Ilford interrogé par les Freiburger Nachrichten. Le conseiller d’Etat fribourgeois à l’Economie et à l’Emploi, Beat Vonlanthen, qui a interrompu ses vacances pour venir au chevet d’Ilford, s’est déclaré, dans La Liberté, peu optimiste sur la possibilité de trouver une issue plus favorable que la faillite: «Soyons réalistes, nous sommes vraiment dans une situation très difficile.» Le gouvernement «avait envisagé de racheter une partie des terrains afin de permettre à Ilford d’investir dans son projet industriel. Mais sans repreneur, cela ne serait pas viable», déplore Beat Vonlanthen. Et d’ajouter dans L’Agefi: «Nous allons analyser les dossiers et trouver une solution pour le personnel.» La situation d’insolvabilité de l’entreprise ne justifie en effet pas l’intervention de la caisse de chômage. «Pour que cette dernière puisse intervenir, et verser ainsi le salaire de nos collaborateurs, il nous faut être en faillite», a précisé dans La Liberté Jean-Marc Métrailler, directeur financier d’Ilford, qui espère que le juge trouvera une solution permettant à la fois aux collaborateurs d’être payés et à la société de disposer d’un peu plus de temps.

A suivre

Le juge doit statuer sur une éventuelle mise en faillite d’Ilford. L’une des entreprises approchées en tant que repreneuses potentielles serait encore en contact avec la direction de la société. Tout espoir ne serait donc pas perdu.

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Berlusconi condamné: sursis pour le gouvernement italien

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:52

Les faits

Une première dans le long bras de fer entre Silvio Berlusconi et la justice italienne, qui lui a intenté pas moins de 30 procès. Le Cavaliere avait jusqu’ici évité la prison et l’opprobre d’une condamnation définitive grâce au jeu de la prescription, mais la Cour de cassation italienne a confirmé la semaine dernière la peine de quatre ans de prison pour fraude fiscale dans l’affaire Mediaset. L’interdiction d’occuper une charge officielle pendant cinq ans sera réexaminée. Vu son âge, l’ancien président du Conseil effectuera sa peine par le biais d’un travail d’intérêt général ou sera assigné à résidence. Dimanche, il a invité ses troupes au calme, indiquant que le gouvernement Letta devait «aller de l’avant».

Les commentaires

Dans Libero, le Cavaliere indique qu’il ne partira pas en exil comme son ami Bettino Craxi avait été contraint de le faire. Le Financial Times loue l’indépendance des juges et note, cruel: «Le rideau tombe sur le bouffon de Rome.» Il enjoint à Berlusconi de se retirer de la vie politique. L’Espresso calcule que «les quinze magistrats qui se sont successivement occupés du procès Mediaset, à Rome comme à Milan, ont tous jugé Berlusconi coupable». Une manière de souligner que l’Etat de droit a triomphé des lois ad personam.

A suivre

Farce ou tragédie, des proches de Berlusconi se sont laissés aller à évoquer le spectre d’une «guerre civile». D’autres prient pour une grâce présidentielle. Le retrait du soutien du PDL au gouvernement Letta déclencherait de nouvelles élections à l’issue incertaine, aussi bien pour les pro-
Berlusconi que pour la gauche ou le mouvement de Beppe Grillo. D’où la tentation de temporiser.

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Susanne Hochuli: la magistrate qui offre l’asile

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:53

Les faits

Dans le canton d’Argovie, la conseillère d’Etat Verte Susanne Hochuli a décidé d’héberger sur sa ferme bio une famille angolaise – une maman et ses deux enfants –, touchant au passage un loyer de 1000 francs de l’assistance sociale. Sa démarche suscite une polémique nationale, d’autant plus que la magistrate est aussi responsable de l’asile.

Les commentaires

Les commentaires sur les sites internet des journaux sont dans l’ensemble plutôt sceptiques. Dans un sondage, 64% des lecteurs de l’Aargauer Zeitung ont jugé que l’action de Susanne Hochuli n’était qu’une «pure action de marketing politique», contre 36% exprimant leur soutien. Les politiciens nationaux responsables de la politique d’asile sont très critiques, à gauche comme à droite. «Placer des requérants chez des privés, c’est tout faux», fustige la conseillère nationale Silvia Schenker (PS/BS) dans la Schweiz am Sonntag. Dans le même dominical, la conseillère aux Etats Christine Egerszegi (PLR/AG) souligne le manque de professionnalisme de la magistrate, qui confond une démarche privée avec son mandat public. Le SonntagsBlick est un des rares médias à applaudir la conseillère d’Etat argovienne sans réserve. «Chapeau, titre-t-il. Ce pays a besoin de davantage de politiciens aussi courageux que vous.»

A suivre

Dans une Suisse qui s’alarme à la moindre hausse du nombre de requérants d’asile, la démarche de Susanne Hochuli fait du bien. Mais elle va à l’encontre de la politique fédérale, qui tente désormais de centraliser les lieux d’hébergement pour les rendre plus efficaces et rapides selon le modèle hollandais dont Berne a décidé de s’inspirer.

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Martin Pache
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Hebdo.ch » revue de blogs de la semaine

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:54

A chacun sa fête nationale

Le 1er août 2013? Un jour de congé, des feux d’artifice, des lampions rouges à croix blanche et des cervelas grillés dans la fournaise de l’été. Mais pas que. Pour L’Hebdo, c’était surtout l’occasion de méditer sur les valeurs et les fondements du pays. La rédaction a donc proposé à sa communauté de blogueurs de donner son éclairage sur la signification de l’événement. Pas moins de huit d’entre eux ont répondu à l’appel, distillant des réflexions très personnelles sur leur rapport à la nation.

C’est sur le sens du collectif, ancré depuis si longtemps dans les gènes helvétiques, que Vincent Pellissier s’est interrogé. Dépité par l’état dans lequel les jeunes laissent chaque fin de semaine le parc de la Planta, à Sion, il a interpellé sa fille de 16 ans, lui faisant remarquer que sa génération mettait un sacré foutoir, comparé à la génération «développement durable» qu’il représente. «En souriant et en se moquant de mon sauver les baleines, sauver les baleines, elle m’a rétorqué que concernant le développement durable, ben il y avait encore du boulot, et que leur grand enjeu, à eux, c’était le vivre ensemble. En cette journée de fête nationale, je me suis dit alors que nous pouvions contempler ce qui avait été fait par le passé confiants car notre jeunesse avait bien des cartes en main pour réussir l’avenir de ce pays.»

Dans le pays imaginaire de Johan Rochel, le vivre ensemble fonctionne déjà à merveille; ce qui pose problème, ce ne sont pas les relations intérieures, mais les attaques extérieures. Par une belle journée d’été où le pays est justement à la fête, le président parcourt ses terres et va à la rencontre de ses concitoyens. Sur le podium installé au centre de la place d’un village, il s’adresse à la foule. «Tout au long de sa carrière, le président n’a guère aimé les autres pays. Il a toujours rêvé d’un petit pays qu’on laisserait tranquille, le laissant vaquer à ses affaires. Le président n’a jamais aimé que le petit pays s’engage avec d’autres Etats et qu’il promette de respecter ceci ou cela. Ces accords empêchent le petit pays d’agir à sa guise, il ne peut plus bouger, il étouffe. Un petit Vésuve s’allume près du podium, le président paraît troublé. Il remarque qu’il a oublié d’expliquer que ce sont des pays comme le sien qui profitent le plus de ces accords internationaux.»

Ancien directeur du Festival international du film de Locarno, Frédéric Maire a, comme le président fictif de Johan Rochel, eu l’occasion de prononcer le discours officiel de la fête nationale. C’était sur la Piazza Grande, face à un public nettement plus clairsemé que lors du festival. Une déchirure pour celui qui, enfant, s’émerveillait devant le scintillement des versants valaisans en rentrant de vacances à la tombée de la nuit. «J’étais triste. Parce que les feux et feux d’artifice étaient interdits pour cause de sécheresse, raconte le président de la Cinémathèque suisse dans une veine intimiste. La fête perdait de cette dimension païenne qui la rend si populaire, à la fois simple et directe. Je crois que j’aime bien le 1er août. Parce que cette fête a un je-ne-sais-quoi de modeste et de chaotique qui nous ressemble bien, à nous les Suisses. Elle est tellement fédérale (il y a des feux partout, des pétards partout) et tellement retenue. C’est bien nous, ça. On fait des beaux feux. Mais il y a toujours un pompier qui reste à côté. On ne sait jamais.»

Pas de chance, si Patrick Morier-Genoud déteste le 1er Août, c’est exactement à cause des harangues qui l’accompagnent: «J’aime les pétards, les feux d’artifice, les feux tout court, les saucisses, les lampions; mais je n’aime pas les discours officiels. Ceux et celles qui les prononcent me donnent toujours l’impression de s’adresser d’abord à eux-mêmes. De ne surtout pas s’adresser à moi. Sans doute sont-ils trop angoissés pour oser aborder les vraies questions. Comme par exemple celle de la sexualité. L’an prochain, promis, je ferai un discours du premier rut. Ce sera beaucoup mieux.» A chacun sa fête nationale.


Blogs» Politique» Suisse-Union européenne
Suisse-UE: Darbellay pète les plombs!

En rejetant les «juges étrangers», le président du PDC contribue à creuser la tombe de la voie bilatérale.
René Jost

Extrait du discours tenu le 1er août 2013 à Saas-Balen, en Haut-Valais, par le conseiller national et président du PDC Christophe Darbellay: «Dans ce contexte, c’est notre ministre des Affaires étrangères qui me fait le plus de soucis. Au lieu de fortement et clairement défendre nos intérêts, il est devenu le ministre de la capitulation. Dernier acte dans ce théâtre du repli: l’affirmation donnée à l’UE de notre volonté de plier devant des juges étrangers. Juges étrangers: c’est cela qui a déclenché la révolution suisse il y a plus de sept cents ans! C’est pour cette raison que les Suisses se sont réunis au Grütli pour sceller le pacte contre les Habsbourg. Et de nos jours, c’est précisément notre ministre des Affaires étrangères qui fait de telles concessions à l’UE. (…)
Mais j’en suis certain: notre peuple n’acceptera pas cela. (…)». 

Cette déclaration est tout simplement abominable. Pire, c’est une trahison envers nos intérêts économiques et culturels fondamentaux. (…) Ce n’est pas en rejetant les «juges étrangers» que Darbellay arrivera à allumer la moindre petite loupiote en cas de coup dur. (…) Dans le contexte des votations populaires à venir, vraisemblablement en 2014, sur la libre circulation des personnes, sa déclaration contribue à creuser la tombe de la voie bilatérale. Lui et tant d’autres dans ce pays auraient meilleur temps de réfléchir à ce qui risque, par exemple, d’arriver à la subvention d’un milliard d’euros sur dix ans accordée par l’Union européenne à l’EPFL pour la recherche sur le cerveau, pour le cas où l’accord bilatéral sur la coopération scientifique et technologique passerait à la trappe en même temps que les six autres accords des bilatérales I.


Blogs» Politique» Ombres et lumières sur Palais fédéral
La Suisse, parfaite et mélancolique

Le 1er août  2013 a un parfum d’aigre-doux: la Suisse est riche mais pauvre en amis.
François Cherix

En apparence, tout est parfait. La Suisse est riche, plus riche que ses voisins. La vie y est agréable, attirant de nouveaux habitants. Ses institutions sont solides, parmi les plus stables de la planète. Si le confort et l’argent sont les indices du bonheur, alors quelle joie d’être Suisse! Mais pourquoi cette réussite génère-t-elle un pays anxieux, nationaliste, xénophobe, impitoyable avec les moins privilégiés? Pourquoi se dit-il en guerre contre ses voisins, l’Union européenne, les Etats-Unis, l’OCDE, le monde entier? Pourquoi la prospérité n’engendre-t-elle pas la sérénité, mais des gémissements pareils aux cris d’Harpagon croyant qu’on lui a dérobé sa cassette?

Petite découverte estivale. Désormais, dans les hôtels italiens, le voyageur suisse doit signer une déclaration certifiant qu’il ne visite pas la péninsule pour démarcher de potentiels fraudeurs fiscaux ou conduire quelque affaire illégale. Voilà qui en dit long sur les conséquences de tant d’années où la Suisse a développé les pratiques que l’on sait. Aujourd’hui, les démocraties ne les acceptent plus; du coup, les voilà déclarées ennemies. Simultanément, nombre d’instances supranationales tentent de réguler la finance; donc, il convient de les freiner ou de s’en tenir à l’écart.

Ce 1er août 2013 a un parfum d’aigre-doux. La Suisse est riche, mais pauvre en amis. Voilà peut-être la raison de ces affirmations narcissiques et belliqueuses. Qui bombe le torse, fier de sa fortune, croyant ne rien devoir à personne, cache en fait sa peur de la solitude, source d’une indicible mélancolie.


Blogs» Economie & Finance» L’économie en clair
Pourquoi l’automobile n’a pu sauver Detroit

Les constructeurs asiatiques ont supplanté les groupes américains aux Etats-Unis.
Pierre Novello

La nouvelle de la faillite de Detroit, symbole de l’industrie automobile américaine et de ses trois grands constructeurs, General Motors, Ford et Chrysler, a de quoi surprendre. En effet, ces géants ont opéré un redressement spectaculaire après avoir eux-mêmes frôlé la faillite en 2009, en bénéficiant du soutien massif de l’Etat fédéral. On pouvait imaginer que le retour aux bénéfices de ces gros employeurs et contribuables aurait de quoi assurer de nouvelles recettes fiscales pour aider la ville à assainir ses finances. En fait, comme l’expliquait récemment Finanz und Wirtschaft (…), ce paradoxe est facile à expliquer.

Tout d’abord, la construction automobile a beaucoup reculé dans la région de Detroit, tandis que les recettes fiscales des trois grands constructeurs américains ont été faibles au cours de ces dernières années. Sans doute est-ce dû aux coûts de la restructuration et aux pertes cumulées des années précédentes. Detroit n’est de fait plus la capitale de l’industrie automobile américaine, même si les trois géants nationaux occupent encore 45% du marché intérieur, contre 80% à la fin des années 70. Les principaux bénéficiaires de ce recul sont les trois constructeurs japonais Toyota, Honda et Nissan, ainsi que le coréen Hyundai/Kia. Or ces entreprises, à l’instar de VW, ne créent pas d’usines dans la région de Detroit, mais plutôt dans les Etats du Sud, comme l’Alabama, le Kentucky, le Mississippi ou le Tennessee. Elles seraient en effet très bien accueillies, tandis que le taux de syndicalisation serait modeste. Si Detroit va mal, le marché automobile américain se porte en revanche si bien qu’il pourrait bientôt renouer avec le niveau des ventes d’avant la crise.

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Le pari électrique risqué de BMW

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:55

MOTEUR. Jusqu’ici peu convaincues par la voiture électrique, les marques allemandes passent à l’offensive. BMW dévoile son modèle premium, urbain et en carbone: l’i3. Un point de bascule pour la technologie?

«Pendant un siècle, nous avons eu des téléphones avec des lignes fixes. En peu de temps, le smartphone a bouleversé cette technologie. C’est ce qui va se passer avec l’automobile. Elle est restée la même pendant cent ans. Mais la voiture électrique va la changer en profondeur», notait l’autre jour Ian Robertson, membre du directoire de BMW. Le Britannique était sur ses terres, à Londres, où le premier modèle électrique de la marque allemande était dévoilé en même temps qu’à New York et Pékin.

Duplicité

L’événement valait son pesant d’électrolytes. Jusqu’ici, la puissante industrie allemande de l’automobile avait snobé la voiture électrique, laissant les Français ou les Japonais s’agiter en vain pour cette technologie périlleuse. Audi a présenté quelques prototypes d’une hypothétique gamme e-tron, avant de les rebâcher. Mercedes persiste à croire en la voiture hydrogène. Mais les temps changent. Des maires comme Boris Johnson (Londres) ou Michael Bloomberg (New York) veulent des villes sans hydrocarbures. Angela Merkel entrevoit un million de véhicules électriques dans son pays à l’horizon 2020. Si bien que les géants allemands de l’automobile ravalent leur admiration pour le moteur à combustion interne, qu’ils ont tout de même inventé, et commencent à proposer des solutions électriques. Tout en bloquant le durcissement des règles européennes en matière de CO2, par crainte que leurs gros modèles à essence ne soient trop pénalisés.

Force de frappe

Reste que VW se lance, avec prudence, dans la course électrique. Audi, qui a renvoyé son responsable de la recherche, trop sceptique sur les voitures à zéro émission, pourrait rebrancher la prise. Surtout, la fabrique bavaroise de moteurs, en VO la Bayerische Motoren Werke, dite BMW, met pour la première fois sa force de frappe au service de la mobilité silencieuse.

L’arrivée du constructeur de Munich dans le créneau de la voiture à batterie est un événement majeur. Car il se trompe rarement dans ses choix stratégiques. Et il a les moyens de ses ambitions: l’an dernier, le bénéfice du groupe a été de 7,82 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de 76,85 milliards. On est loin de la situation fragile de Renault, dont l’effort sur sa gamme électrique met en péril le renouvellement de ses voitures traditionnelles. BMW a investi 2 milliards d’euros dans sa nouvelle ligne «i», forte de l’i3 citadine qui sera lancée en novembre prochain, et du coupé sportif hybride i8 prévu l’an prochain. Pour autant, notait Ian Robertson à Londres, la marque rentabilise déjà son investissement. Le savoir-faire acquis dans la production en masse des carrosseries en PRFC (plastique à renfort par fibres de carbone), le matériau léger et résistant utilisé en abondance par l’i3, servira à l’ensemble d’un groupe qui compte également Mini et Rolls-Royce dans son portefeuille de marques.

La méthode

BMW a progressé dès 2007 avec une méthode typiquement allemande dans ce territoire inconnu. Il a électrifié des centaines de Série 1 et de Mini pour les confier à des conducteurs-cobayes dans les grandes villes du monde entier. Des milliers d’automobilistes ont été interrogés sur leurs désirs en matière de mobilité propre en milieu urbain. «Nous sommes arrivés à quelques conclusions intéressantes, relevait à Londres Glenn Schmidt, responsable du comité de pilotage du groupe allemand. Ces clients potentiels ne voulaient pas d’une voiture trop grande, ni trop petite d’ailleurs. Ils avaient envie d’un modèle apaisant qui les coupe d’un environnement jugé stressant, avec un habitacle généreux et agréable. Le rayon d’action autorisé par la batterie n’était pas un souci majeur. En revanche, il y avait l’envie de pouvoir passer sans heurt d’un mode de transport à l’autre.»

BMW s’est efforcé de répondre aux inquiétudes, voire aux reproches qui visent la voiture électrique. Notamment son bilan carbone, pas si favorable lorsque l’électricité utilisée est produite par des usines à gaz ou à charbon. L’entreprise qui produit les fibres de carbone de l’i3, dans l’Etat du Wisconsin aux Etats-Unis, n’est alimentée que par de l’énergie hydraulique. L’usine BMW de Leipzig, où est assemblée l’i3, n’utilise que de l’énergie éolienne, y compris par celles installées sur son toit. Au total de la fabrication de l’i3, affirme BMW, l’économie en électricité par rapport à un modèle conventionnel a été de 50%, et celle en eau de 70%. La quasi-totalité des matériaux utilisés dans l’i3 sont recyclables, y compris ceux qui sont eux-mêmes recyclés, comme le PET, ou végétaux, à l’image de la garniture intérieure des portes en fibres de chanvre.

Services de mobilité

En amont de la voiture elle-même, BMW propose plusieurs services censés rassurer les futurs utilisateurs de l’i3. Via des applications pour smartphone, ou des contrats de mobilité compris par exemple dans un leasing mensuel, il sera possible de repérer une place de parc libre dotée d’une borne de recharge. De changer de moyen de transport en cas d’encombrements en ville, avec repérage d’une place de parc, l’itinéraire pour la station de métro la plus proche et le calcul du temps de parcours. D’obtenir une berline ou un 4x4 en cas de déplacement extra-urbain ou de vacances. D’être dépanné par un service de secours apte à recharger rapidement la batterie. D’acheter ou de louer l’i3 par internet, sans passer par des concessionnaires, lesquels seront d’ailleurs peu nombreux (trois pour la Suisse dans un premier temps, dont un seul en Suisse romande).

Les applications permettront en outre de contrôler à distance l’état de charge de la voiture, de préchauffer celle-ci en hiver, ou de retrouver via le système de navigation l’endroit où elle a été parquée.

BMW présente l’i3 comme le premier véhicule électrique «premium». Ce qui est faux, vu le succès actuel du californien Tesla avec son modèle S, une berline luxueuse qui vaut deux fois le prix de l’i3. Celle-ci sera tout de même vendue 40 000 francs. Sans oublier, à la manière allemande, une quantité de finitions et d’options proposées au tarif fort. Dont un «prolongateur d’autonomie», qui fait grimper le prix de 7000 francs. Il s’agit d’un petit moteur bicylindre, issu des scooters BMW et installé sur l’essieu arrière, qui agit comme un générateur d’électricité si la batterie donne des signes d’anémie. Ainsi équipée, l’i3 double son rayon d’action, passant de 150 km en moyenne à 300 km.

Exercice sémantique

«Concevoir dès le départ une voiture 100% électrique a été un bel exercice sémantique pour la marque», s’amuse Benoît Jacob, le designer de l’i3, un Franc-Comtois formé à l’Art Center College of Design de La Tour-de-Peilz. «Les BMW suggèrent habituellement, avec de longs capots, leur fierté d’avoir de supermoteurs, poursuit Benoît Jacob. Or, le moteur électrique de l’i3 est tout petit et en plus installé à l’arrière. Nous avons pu ainsi raccourcir l’avant de la voiture, dans la limite des zones de déformation en cas de choc. La structure en fibre de carbone est si rigide que nous avons pu nous débarrasser des montants centraux et avoir des portes avant et arrière antagonistes, ce qui facilite l’accès à bord. L’absence de boîte de vitesses a permis de faire l’impasse sur la console centrale et de dégager de l’espace sur le plancher plat. Bref, cela a été pour nous l’occasion de sortir des conventions automobiles.»

Avec ses grandes surfaces vitrées, à rebours de la tendance actuelle, ses boucliers massifs, le noir du capot et du hayon, la BMW i3 propose une silhouette originale qui manque sans doute de légèreté, mais qui, une fois encore, est destinée à rassurer ses occupants. Seuls la calandre caractéristique en double haricot de BMW et le sigle bleu et blanc rappellent à quelle marque on a affaire.

La batterie lithium-ion et le moteur électrique, tous deux fabriqués par la marque, sont logés avec d’autres organes sous le plancher, dans un caisson plat en aluminium. Cette structure permet de rehausser l’habitacle et d’avoir une position haute de conduite, utile en ville. Grâce au carbone et à l’aluminium, la voiture est légère: 1200 kg à peine, soit 400 kg de moins qu’une Nissan Leaf électrique, par exemple.

La commercialisation en fin d’année de l’i3 est un pari d’envergure pour BMW. Ian Robertson concède qu’une voiture électrique idéale, susceptible d’être vendue en masse, ne devrait coûter que 10% de plus qu’un modèle conventionnel, et avoir une autonomie de 300 km. Ce sera le cas dans quelques années, assure-t-il, le temps que la technologie des batteries progresse davantage que lors des cent dernières années. Le siècle, la mesure de toute chose dans l’automobile…

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Adam Michnik: "les bâtards de l’ère communiste"

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:56

POLOGNE. L’ancien dissident, 66 ans, redoute l’avènement de régimes autoritaires en Europe de l’Est. Et déplore l’effondrement de la culture politique. Il évoque le sentiment des Polonais et Hongrois de n’être que des citoyens de seconde classe.

Propos recueillis par Christan Neef, Jan Puhl et Marta Solarz

Une pièce au 5e étage de la Gazeta Wyborcza, quotidien de la gauche libérale fondé en 1989. Partout, des piles de livres et de journaux. Les murs sont tapissés de distinctions occidentales, de photos en compagnie de dirigeants de l’Ouest. Adam Michnik, l’éditorialiste en chef, est resté le dissident le plus célèbre de Pologne.

Il a souvent fini en prison pour avoir défendu ses idées, la première fois à l’âge de 19 ans. Quand le régime décréta la loi martiale en 1981, il fut interné. Mais au printemps 1989, il était le conseiller de Lech Walesa et préparait les premières élections libres. Depuis lors, les tumultes en Europe de l’Est ne lui laissent plus une minute. Manifs en Bulgarie contre la classe politique corrompue, virage autoritaire sur fond nationaliste en Hongrie: tout cela, pour lui, résulte de quarante années d’absence de liberté et de mise sous tutelle.

Depuis près de deux mois, en Bulgarie, la rue proteste contre le système politique pourri du pays. Depuis l’avènement de la démocratie, il y a plus de vingt ans, la haine  et les combats de tranchées marquent le débat politique en Europe de l’Est. Pourquoi?
Il n’existe pas de culture politique, pas de politique du compromis. En Pologne, en Hongrie, nous ne l’avons pas apprise. Il y a certes dans les pays de l’Est un fort désir de liberté, mais pas de tradition démocratique. Le risque d’anarchie et de chaos subsiste. Le populisme et la démagogie font la loi. Nous sommes les enfants illégitimes, les bâtards de l’ère communiste, qui a formaté nos mentalités.

Le premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui procède de manière très radicale contre la presse et l’opposition, a ses admirateurs en Europe de l’Est. Comme chez vous les nationaux-conservateurs à la Jaroslaw Kaczýnski. Le modèle politique autoritaire est-il une caractéristique à l’Est?
Il y a toujours chez nous des politiciens qui rêvent d’un autre type d’Etat. Si Orbán devait se maintenir en Hongrie, ou si, chez nous, un Kaczýnski l’emportait, ce serait dangereux. Pour eux, la démocratie n’est qu’une façade.

Orbán dit qu’il faut une «démocratie de majorité centralisée» pour réaliser des objectifs clairs, le cas échéant par décrets. Sans quoi il ne serait pas possible de juguler la crise économique.
Hitler disait la même chose: décrets spéciaux, régimes d’exception. Le chemin qui mène à l’enfer. Sincèrement, je ne me serais pas attendu à ça en Hongrie, qui est le premier pays à avoir percé une brèche dans le rideau de fer. En Roumanie et en Bulgarie peut-être, pas en Hongrie. Ce qui s’y passe se nourrit de la profonde déception à l’égard des socialistes qui étaient au pouvoir et ont économiquement ruiné le pays. En Pologne, par chance, les principales réformes en vue de passer à l’économie de marché ont été mises en œuvre dès les années 90. En Hongrie, il en est allé différemment et la population, déçue, remet tout en question. Y compris ce dont elle rêvait.

Les gens se fichent que des juges ou des rédacteurs en chef peu appréciés soient virés? Ont-ils oublié ce qu’ils ont vécu sous le communisme?
Dans nos pays, une partie des gens choisirait aujourd’hui encore un régime autoritaire. Ils ont gardé la mentalité de l’Homo sovieticus.

Orbán veut imposer à son pays un «système de collaboration nationale sans compromis». Qu’entend-il par là?
L’historien britannique Norman Davies a surnommé cette forme de démocratie «gouvernement des cannibales». Il y a des élections démocratiques mais, ensuite, le parti vainqueur dévore les perdants. Il y a là un risque de coup d’Etat rampant: déconnecter les institutions démocratiques. Parce qu’on croit qu’on possède seul la vérité. Alors, un jour ou l’autre, les partis n’ont plus de signification, le système repose sur le monologue du pouvoir. En Occident, les institutions démocratiques sont mieux enracinées. La démocratie peut s’y protéger. Chez nous, tout reste encore fragile, même deux décennies après la fin du communisme.

Orbán, Kaczýnski et les autres parlent d’achever enfin la révolution de 1989 et d’en finir avec le communisme. Les fonctionnaires plus ou moins ralliés représentent-ils toujours un danger?
Le fait que la Pologne a choisi la voie de la réconciliation plutôt que celle de la vengeance a été une bonne chose, je crois. Mais sur ce point, on m’attaque. J’étais un partisan d’Adenauer. Lui aussi avait plusieurs options après la guerre: jeter en prison les gens de son entourage qui avaient soutenu Hitler ou faire d’eux des démocrates. Il a choisi la seconde voie. Notre Pologne doit être la Pologne de tous. L’autre voie eût été que l’opposition s’empare tout de suite du pouvoir en 1989, sans rien partager avec l’ancien régime. Il aurait fallu éliminer les communistes et le gouvernement aurait été occupé par une petite élite. C’eût été un anticommunisme à visage bolchevique.

On dit souvent que les anciennes coteries sont de retour. En Bulgarie, une nouvelle classe moyenne urbaine manifeste contre la classe politique.
Oui, en Bulgarie aussi, il y a eu des élections libres. En démocratie, le pouvoir est à l’image de la société, les gens sont élus. Et c’est parfois le modèle de l’ancien régime qui l’emporte. Mais la démocratie est valable pour tous, pas seulement pour l’élite.

En Bulgarie, les archives de la police secrète n’ont été ouvertes qu’à contrecœur, en Roumanie des anciens de la Securitate sont encore actifs partout. Comment accepter que les coupables de naguère s’en tirent mieux que leurs anciennes victimes?

Ce que vous dites, je le disais jadis de la République fédérale allemande: «Tous d’anciens nazis.» Mais c’étaient d’ex-nazis. C’est sûr que la Roumanie était un Etat orwellien avec une Securitate omniprésente. Tous les pays qui s’extirpent d’une dictature ont ce problème, l’Espagne et le Portugal l’ont eu aussi. Mais on ne saurait pour autant créer un apartheid anticommuniste.

L’exigence occidentale d’une mise à jour historique accrue vous semble trop simple?
Oui. En Pologne, après le basculement, nous avons eu un postcommuniste comme président pour deux mandats: Alexandre Krasnievski. Il était excellent, il a fait entrer la Pologne dans l’OTAN et l’UE. L’appel à faire le ménage à fond n’est qu’un instrument de propagande de la droite.

Les régimes de droite autoritaires, genre Kaczýnski et Orbán, voient refleurir les nationalismes. Comment est-ce possible dans une Europe réunifiée?
En un temps de grands bouleversements comme ceux que nous vivons, les gens cherchent à se raccrocher à quelque chose. En Hongrie, c’est le complexe de Trianon: nul n’a oublié qu’après la Première Guerre mondiale, le traité de Trianon a obligé les Hongrois à céder deux tiers du royaume aux Etats voisins et que beaucoup de Hongrois vivent aujourd’hui au-dehors des frontières. Orbán joue bien de cette corde sensible.

Il exalte une nouvelle «hungaritude».
J’écrivais déjà en 1990 que le stade ultime du communisme était le nationalisme: un système de pensée qui apporte à des questions compliquées des réponses simples, mais fausses. Le nationalisme est l’idéologie presque naturelle des régimes autoritaires.

Et l’antisémitisme fait son retour. Selon une étude américaine, 70% des Hongrois estiment que les juifs ont trop d’influence sur la société et le monde financier.
En Europe de l’Est, la Pologne est le seul pays qui, sur ce point, a su se modérer. Chez nous, l’antisémitisme n’est plus présentable, du moins en politique.

Comment l’Occident doit-il se comporter face à Orbán?
Nous devrions exercer une critique très franche, l’Europe n’a pas le droit de se taire. Le cas échéant, il faut des sanctions.

Le gouvernement polonais ménage lui aussi ses critiques à l’égard de la Hongrie.
Il a l’impression que les Etats d’Europe de l’Est sont de toute façon traités comme des membres de deuxième classe et qu’une critique publique ne ferait qu’accroître la discrimination.
Pourquoi a-t-on, à l’Est, ce sentiment d’être des citoyens de l’UE de deuxième classe?
Voyez la Pologne: nous sommes convaincus d’appartenir à la première classe. C’est lié à notre messianisme, avec la conscience d’être l’avant-poste de l’Europe chrétienne à la frontière de l’Orient barbare.

Economiquement, la Pologne se porte bien, elle reçoit beaucoup de fonds de l’UE.
C’est vrai, mais les gens ne le sentent pas. Vue de Paris, Prague ou Berlin, la Pologne est un pays formidable. Mais branchez-vous sur la radio catholique Maryja: là, la Pologne est le pays des catastrophes, elle est régie par des gens qui entendent anéantir biologiquement la nation polonaise. Un tiers des Polonais croient que le crash aérien de Smolensk, au cours duquel le président Lech Kaczýnski a péri, est le résultat d’un complot ourdi par le premier ministre Donald Tusk et Vladimir Poutine.

Pourquoi des centaines de milliers d’Européens de l’Est partent pour l’Ouest?
La vie à l’Ouest reste plus confortable qu’ici. En outre, auparavant, nos pays étaient hermétiquement bouclés. Maintenant, on peut enfin sortir, on en profite. Les gens gagnent de l’argent à l’Ouest, beaucoup rentrent ensuite chez eux pour y lancer une entreprise. Ce n’est pas mauvais. En revanche, de plus en plus de gens venus de Biélorussie et d’Ukraine débarquent chez nous.

Comme dissident, vous avez payé un tribut élevé pour vos convictions politiques. Pourquoi les anciens dissidents ne jouent-ils plus aucun rôle en politique?
C’était probablement normal. En démocratie, la politique exige d’autres profils psychologiques. La lutte contre le communisme était un peu comme une guerre: nous enfilions l’uniforme et partions au front; après la victoire, bon nombre d’entre nous se sont retirés. Nous autres dissidents avons des critères moraux très élevés. Aucun d’entre nous ne croyait que le communisme allait bel et bien s’effondrer sous nos yeux. Mais ça s’est produit et, à la tête de l’Etat, on a vu tout à coup des gens comme moi. Mais nous n’avions pas appris à faire de la politique conformément aux règles de la démocratie. Il est probable qu’avec nos sublimes exigences nous en ayons un peu trop demandé au peuple.

© Der spiegel
Traduction et interprétation: Gian Pozzy

 

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Une Suisse à croquer

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:57

SWISSTASTING. Son lancement est prévu au début de septembre: une boutique en ligne se propose de faire rayonner le meilleur des produits du terroir helvétique, puis de conquérir le monde grâce à des corners et à des lounges gourmands.

C’est l’histoire d’un ambitieux projet qui se propose de promouvoir la gastronomie helvétique selon un modèle aussi valorisant que celui qui a fait le succès de l’horlogerie. Son nom? SwissTasting. «Cela fait un moment que ça me trottait dans l’esprit. Au départ, je pensais créer des bars à vin, à fromage et à chocolat pour y proposer des accords entre ces trois produits typiquement suisses. Un concept exportable à l’étranger», se souvient Arnaud Schaller, 27 ans, épicurien et lobbyiste au Palais fédéral. Un beau projet, mais complexe et chronophage.

«Il y a une année, au milieu de la nuit, j’ai trouvé l’amorce: une boutique en ligne.» Entrepreneur dans l’âme, Arnaud Schaller s’est donc constitué un réseau de vignerons et de fromagers. Puis il s’est adressé aux ateliers Saint-Hubert, une fondation visant à la réinsertion professionnelle de personnes handicapées en Valais, pour créer le prototype de caisse en mélèze – suisse, le mélèze, bien entendu! – qui mettrait en valeur ses produits tout en les rendant facilement transportables.

Investi, c’est aussi chez lui qu’il invente les chips de viande séchée qui séduisent immédiatement tous ceux qui les goûtent… Mais à vouloir tout faire, «très vite j’ai réalisé que, seul, je n’y arriverais pas».

Heureusement, Ignazio Cassis, médecin spécialisé en santé publique et conseiller national tessinois, a tout de suite accroché au projet: «L’idée m’a immédiatement séduit. Je n’ai donc pas hésité à me lancer dans l’aventure.» Aujourd’hui Arnaud Schaller est directeur, Ignazio Cassis président de SwissTasting. A eux deux, ils assurent le financement de l’entreprise. Et ils voient loin. Après la boutique en ligne, ils envisagent avec leur partenaire au Moyen-Orient des corners dans des commerces spécialisés et des hôtels: «Pourquoi pas dans les halls des banques suisses de par le monde, aussi», propose Arnaud Schaller.

Ambassade au Moyen-Orient. A terme, SwissTasting projette carrément des lounges aussi luxueux que ceux qui font la notoriété de Nespresso. A l’international, la première ambassade SwissTasting est d’ores et déjà planifiée au Moyen-Orient, dès l’année prochaine.

Dans cette perspective, les choses ont donc vite évolué et l’équipe s’est étoffée. Avec deux cuisiniers, ex-professeurs de l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), Bruno Rossignol et Rodrigue Benoît. A eux deux, ils forment à présent le noyau dur du comité du goût de SwissTasting. Un comité chargé de sélectionner les meilleurs produits et d’en proposer des déclinaisons créatives et des apprêts novateurs. Pour les soutenir, des partenaires solides et institutionnels: Swiss Wine pour les vins, Switzerland Cheese Marketing pour le fromage, et un partenariat avec l’EHL. Trois partenariats qui se concrétisent par la publication de livres sur les produits du terroir suisse et la manière de les apprêter.

Restait à trouver un chocolatier. C’est Claude Périsset, un jeune professionnel dont tout le monde parle à l’enseigne de Mon Chocolatier, à Estavayer-le-Lac, qui s’est imposé. C’est donc lui qui réalisera les chocolats à la reine-des-prés qui prendront place dans les coffrets SwissTasting dès la fin de l’été, à côté de l’infusion à l’edelweiss, des chips de viande séchée et de crus sélectionnés. A déguster en ligne dès le 4 septembre.

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UBS, des amendes pour plus de 5 milliards

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:58

HERITAGE. La grande banque s’est vu infliger au moins 20 pénalités par des autorités essentiellement étrangères. Le prix de l’agressivité des années Ospel.

Nouveaux responsables, nouvelle stratégie débarrassée de la funeste banque d’affaires: UBS s’est donné depuis l’an dernier les moyens d’un nouveau départ. Les excellents résultats publiés à la fin  de juillet – un bénéfice trimestriel avant impôts de 690 millions de francs – et la reprise du reliquat de créances pourries assumées par la Banque nationale donnent des ailes au cours de son action.

Mais la banque traîne un lourd passif. Depuis 1998, année de sa fusion avec SBS, elle a été sanctionnée pas moins de 20 fois pour des montants s’échelonnant du million à plus de 1 milliard de francs. Si les premières années ont été plutôt calmes, le rythme s’est accéléré à partir de 2006, avant même l’éclatement de la crise financière.

Les litiges, avec des clients, des partenaires ou des autorités, sont une constante du monde des affaires. Toutes les grandes banques internationales se font périodiquement taper sur les doigts. Cependant,  UBS sort du lot. «Son nombre élevé de sanctions est le fruit de la stratégie agressive des années Ospel, lorsqu’elle était pionnière dans tout ce qu’il fallait faire pour fâcher les gendarmes financiers», résume l’analyste Loïc Bhend, chez Bordier & Cie.

Les reproches, avant tout américains, vont des manipulations de marché aux viols d’embargo en passant par une information insuffisante des risques à ses clients.

Treize litiges en cours. Les plus grosses affaires ont été la manipulation du taux Libor (1,4 milliard de francs d’amende), la vente d’obligations municipales à des petits clients sans les informer suffisamment des risques (900 millions de dollars), la vente de produits toxiques aux institutions américaines de financement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac (885 millions de dollars), et l’assistance à l’évasion fiscale (780 millions de dollars). Le total provisoire de ce peu glorieux tableau de chasse avoisine 5,7 milliards de francs (voir le graphique).

Treize litiges importants sont toujours en cours, dont une plainte collective civile sur la manipulation du Libor, qui pourrait aboutir à une nouvelle amende stratosphérique. Par conséquent, UBS a provisionné près de 2,2 milliards de francs pour y faire face.

Ces charges s’ajoutent aux pertes monumentales subies par la banque dans le passé. Elles freinent son développement, ralentissent le renforcement de ses fonds propres, privent les actionnaires de dividende depuis 2008 et le fisc de rentrées depuis la même année. Mais il y a pire qu’UBS. JP Morgan, l’un des géants de Wall Street, a déjà été sanctionné pour un total de 6,9 milliards de dollars (6,47 milliards de francs) depuis 2009.

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Les convertis à l’Islam: passions à risques

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 05:59

BASCULEMENT. Celles et ceux qui, en Occident, se convertissent à la religion du prophète Mahomet embrassent généralement aussi des «combats», dont certains peuvent conduire à des extrémités. Enquête en France.

Le 25 mai à Paris-la Défense, un soldat en patrouille Vigipirate était blessé à coups de cutter à la gorge. Trois jours plus tôt à Woolwish, dans le sud-est de Londres, un militaire britannique mourait en pleine rue, saigné au hachoir. Le 19 septembre de l’an dernier, à Sarcelles, en banlieue parisienne, une charge de faible puissance avait explosé dans un commerce juif, sans faire de victimes. Alexandre, Michael, Jérémie, respectivement les auteurs ou coauteurs de ces actes criminels, sont tous des convertis à l’islam, blancs, originaires du Nigeria ou Antillais.

L’islam, en France comme ailleurs en Occident, a un problème avec ses convertis. Encore faudrait-il que les musulmans «de souche» le reconnaissent, ce qui n’est pas une mince affaire: celui qui embrasse la religion de Mahomet ne saurait être mauvais. Tous les convertis sont-ils pour autant des candidats au «pétage de plombs»? Non, bien sûr, beaucoup font leur vie sans enquiquiner personne – leur nombre dans l’Hexagone, en hausse constante, se situerait entre 100 000 et 200 000.

La conversion à l’islam implique néanmoins un changement de paradigme existentiel, qui peut aboutir à un rejet plus ou moins net du mode de vie en vigueur, quand ce rejet n’est pas le principal moteur de la conversion. Devenir musulman c’est, sur le moment, bien souvent, basculer dans l’inconnu.

Comme un nouveau-né. Yasin Frédéric*, 32 ans, habite Villeneuve-le-Roi, dans le département du Val-de-Marne, près de Paris. En 2008, ce chef de projet dans des entreprises d’informatique s’est converti à l’islam. «Je l’ai fait tout seul, chez moi, explique-t-il. J’étais un catholique un peu perdu dans la pratique de la foi. Je me suis connecté à un site de conversion, j’ai récité phonétiquement la profession de foi. J’ai fait le bain spirituel, dans ma douche. Tu en ressors comme le nouveau-né du ventre de sa mère. A cette occasion, Dieu transforme tous les péchés en bonnes actions. Mes parents m’ont trouvé plus apaisé.» Yasin Frédéric décrit cet acte de foi non comme une conversion mais comme une «reconversion», car, «à l’origine, affirme-t-il, le monde était musulman, ce sont les cultures qui ont fait que certains sont devenus chrétiens ou juifs».

Ce jeune homme portant petite barbe et pour le reste au diapason du citadin s’équipant chez Gap ou H & M, marié à une convertie, père de deux enfants, suit une ligne somme toute cohérente. «Un musulman peut commettre des atrocités, raconte-t-il. Celui qui donne un associé à Dieu sort de la foi, celui qui tue ne sort pas forcément de la foi. A Mohamed Merah (l’assassin de trois militaires et de quatre juifs à Toulouse et à Montauban, en mars 2012, ndlr), si j’avais eu connaissance de ses intentions meurtrières, j’aurais dit: “Mais, mon frère, tu es fou, tu ne vas pas tuer des innocents!” Je lui aurais opposé des arguments d’ordre théologique. S’il doit y avoir violence, c’est sur un champ de bataille ou pour se défendre d’un agresseur.»

Voiture-balai des «damnés de la terre». La conversion à l’islam, pense-t-on, requiert de l’impétrant une solide constitution mentale, le cas de Yasin Frédéric, autant qu’il est possible d’en juger. Or c’est l’inverse qui se donne en spectacle et se déroule en coulisse. L’islam fait office de voiture-balai des «damnés de la terre» (titre d’un célèbre livre anticolonialiste paru en 1961, écrit par l’intellectuel antillais Frantz Fanon). Ce qui n’est pas pour déplaire aux héritiers du tiers-mondisme, tenants d’un islam révolutionnaire, porteur de «justice» et d’«égalité». Ces redresseurs de torts sont d’horribles impies aux yeux d’Alexandre et de ses coreligionnaires radicaux aux atours salafistes, mais ils n’en ont cure, d’où leur engagement de tous les instants contre l’islamophobie, le musulman étant à leurs yeux, en France, la figure exemplaire du dominé.

A l’échelon des mosquées, il semblerait que l’on soit peu regardant sur la «marchandise». L’islam est bonne fille, comme le fut jadis l’Eglise catholique, et accepte le tout-venant sous son toit. «On n’ôtera pas de la tête à un musulman qu’il faut accepter la conversion d’un autre», remarque Farid Abdelkrim, ex-responsable du département jeunesse de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), une structure religieuse proche des Frères musulmans dont il a démissionné en 2005 et qu’il décrit comme étant aujourd’hui «à l’agonie».

Devenu comédien, il présente en France son spectacle intitulé One Man «Halal» Chaud, qui tourne en ridicule la propension d’une partie des fidèles à recouvrir les objets et actions les plus improbables du label islamique. «Certains imams, observe Farid Abdelkrim, accueillent les convertis par conviction, d’autres veulent faire du chiffre, se disant qu’ils l’emporteront sur les autres religions par le nombre.»

Cette allégresse sans bornes donne lieu à des «aberrations», constate-t-il. «Une amie de ma femme s’est convertie à l’islam dans une mosquée, raconte-t-il. La profession de foi récitée, l’imam lui a dit qu’elle venait d’accomplir la première moitié de la conversion et qu’il lui restait à accomplir l’autre moitié en choisissant un mari parmi les musulmans de l’assistance. Une démarche totalement contraire à l’islam.»

Le «marché» de la conversion, on le voit, est des plus ouverts et sujet au grand n’importe quoi. «Fondamentalement, l’islam sunnite est une religion décentrée, sans clergé», rappelle Camel Bechikh, membre pour le moins atypique de l’UOIF, proche du courant «souverainiste» opposé à l’Union européenne et président de Fils de France, une association qui prône l’acculturation des personnes issues de l’immigration aux mœurs du pays d’accueil, le noyau de la foi demeurant. «La conversion, reprend-il, c’est quelque chose d’un peu sauvage, dans tous les sens. On peut se convertir dans sa cité, avec sa bande de copains. En grandissant, les musulmans de la bande se réislamisent et, à leur contact, certains non-musulmans deviennent musulmans.»

Analogies meurtrières. Devenir musulman, c’est si facile, mais qu’est-ce que cela comporte? L’acquisition de la foi en le Dieu du Coran, certes. Mais pas seulement. Devenir musulman, c’est, aussi, endosser un ensemble de combats pour la «justice». Le converti, sauf à se couper de sa nouvelle «famille», ne peut ignorer ce qui s’y dit entre poire et fromage, sur la Palestine qu’il faut libérer du «joug d’Israël», sur l’Afghanistan, l’Irak et le Mali, envahis par des «mécréants».

Tous les imams ne tiennent pas sur ces sujets des discours enflammés, la plupart, suppose-t-on, sont mesurés, mais tous auront au moins une attention pour les «musulmans opprimés», ce qui n’est pas illégitime en soi, chaque communauté religieuse compatissant avec ses persécutés. Sauf que cette oppression qui frappe de diverses manières les musulmans, dans les territoires occupés de Palestine ou en Birmanie, sera rapportée à la France, à ses «bavures», à ses «discriminations», à son histoire coloniale et ses supposées menées «néocoloniales», et nourrira, dans le pire des cas, des analogies meurtrières.

Cet état d’esprit n’est peut-être pas étranger à la nuit d’émeute survenue le 19 juillet à Trappes, dans les Yvelines, en réaction à un contrôle de police d’une femme en niqab et de son compagnon, au demeurant tous deux convertis à l’islam. Nul doute que pour les quelque deux cents jeunes convergeant cette nuit-là vers le commissariat de la ville, l’interpellation de cette «sœur» et de ce «frère» constituait un abus de pouvoir, exercé, qui plus est, par une force inique à leurs yeux.

On ne s’étonnera donc pas que, dans un processus de parfaite inversion des rôles et des valeurs – le soldat français passant pour l’assassin des «frères» afghans ou maliens, le policier français pour le policier vichyste procédant à des «rafles» – des convertis de plus ou moins fraîche date souhaitent prouver de quoi ils sont capables.

La nécessité de toucher les cœurs. Yasin Frédéric tente d’expliquer l’origine de ces «dérives»: «Les convertis qui commettent des actes de violence sur des militaires de leur propre pays ou sur des juifs, qui s’engagent dans le djihad armé, n’ont pas, à la base, une vie très simple. L’approche binaire qu’ils trouvent dans l’islam, le licite et l’illicite, ne va pas les surprendre. Là-dessus, des imams font preuve de virulence dans leurs prêches pour toucher les cœurs. J’ai fréquenté des mosquées salafistes, mais je n’ai jamais été témoin d’appels au meurtre. Je peux toutefois comprendre la haine de certains convertis, à qui il est demandé de faire le bien et de combattre le mal: Israël, la Palestine, les Touareg, les rebelles d’Irak et d’Afghanistan. On est imprégné de cette actualité. Certains se demandent si les services de renseignement ne laissent pas des crimes se commettre dans le but de diaboliser l’islam.»

Soupçon de complots, haine rentrée, haine libérée: le novice en islam est appelé à faire la part des choses. Notre interlocuteur y parvient visiblement, à sa manière, et déclare, sur un point dont on ne sait s’il faut le qualifier de théologique: «Les juifs ont trahi Jésus et les prophètes, mais comme disent les antisémites, j’ai des amis juifs, l’un de mes plus proches collègues, avec qui je m’entends très bien, en est un. Il ne me viendrait jamais à l’esprit de faire du mal à un juif.»

Ces propos sur la «trahison» des juifs, autrefois l’apanage de l’antijudaïsme catholique, sont demeurés dans la vulgate islamique et figurent dans des biographies du prophète Mahomet, ouvrages disponibles dans certaines librairies en France. Ramené à l’époque contemporaine, Israël étant ici la figure de l’imposteur, cela donne: «On prie Dieu qu’Il libère la Palestine et vienne en aide aux Palestiniens», confie Yasin Frédéric. Chez lui, toutefois, pas de participation au djihad armé en vue. «Le djihad est intérieur, il sert à m’améliorer. J’ai une femme et deux enfants, c’est ici que je dois mener ma vie de musulman.»

Une France responsable. Président du Collectif des musulmans de France (CMF), Nabil Ennasri est un jeune tribun français, fort actif et fort suivi sur les réseaux sociaux. Il s’interroge sur les causes de la radicalisation meurtrière de certains, cherchant à les «expliquer», non à les «justifier», précise-t-il. «A cela, dit-il, plusieurs déterminismes: une éducation défaillante, les moyens de l’Etat qui font défaut. Par ailleurs, nous viennent du Mali les images de corps de civils déchiquetés. Par sa politique étrangère, la France est en partie responsable de ce qui se passe dans ce type de pays et son regard sur le conflit israélo-palestinien est biaisé.»

Sur son «mur» Facebook où il occupe un statut de «personnage public», Nabil Ennasri n’est pas avare de commentaires critiquant le «néocolonialisme de la France» et la politique «criminelle» d’Israël. Pour lui qui représente l’élite, c’est une façon d’«encadrer» le débat sur ces questions épineuses pour éviter qu’il ne se transforme en actes incontrôlés, justifie-t-il.

Une structure d’accompagnement. Les convertis semblent bien seuls face aux passions qui les assaillent. Il paraît urgent de leur offrir un accompagnement. On songe, pour ce faire, aux structures existantes. L’UOIF dispose d’un tel encadrement, selon Farid Abdelkrim. Ce que confirme Camel Bechikh, les convertis passés par l’UOIF étant, dit-il, des «personnes équilibrées».

Face à l’afflux des convertis, Nabil Ennasri dit ne pas être opposé à ce que la conversion se déroule dans un cadre «plus officiel, entre guillemets». Dans la mosquée de sa ville, à Villeneuve-le-Roi, Yasin Frédéric pense créer une «structure d’accueil» à cet effet.

Le concept d’«excommunication» n’existant pas à proprement parler dans l’islam, les moyens de sévir, hors cadre profane, sont des moyens de prévenir. On n’ose ressortir la proposition d’un «Vatican II» de l’islam, une tarte à la crème, certes, mais assurément plus digeste qu’un soufflé explosif, cette partie obscurcissante du réel musulman. On y viendra sans doute un jour, par des voies qui n’en porteront pas le nom.

* Addition de ses deux prénoms, celui qu’il s’est choisi et celui de son baptême.

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Tessin: le malaise, malgré Locarno

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Jeudi, 8 Août, 2013 - 06:00

TENSIONS. Dix jours durant, la capitale politique s’invite à Locarno à l’occasion du Festival du film. Mais le fossé reste profond entre le Tessin et la Berne fédérale.

Ah, Locarno, son charme méditerranéen et ses nuits magiques passées sur la Piazza Grande à l’occasion du Festival du film! La cité des bords du lac Majeur n’attire pas que les cinéphiles. Depuis une bonne dizaine d’années, la Suisse politique s’y précipite aussi. Mais sans vraiment comprendre le Tessin, qui de son côté a le sentiment de ne pas être assez considéré outre-Gothard. Le «Polentagraben» ne cesse de se creuser: en juin dernier, ce canton a été celui qui a soutenu le plus fortement l’initiative UDC – même s’il l’a rejetée – pour l’élection du Conseil fédéral par le peuple.

Ces jours-ci, ne cherchez surtout pas à rencontrer des politiciens à Berne! Ils sont tous à Locarno, qui vit à l’heure de sa grand-messe du grand écran. Ce n’est pas le conseiller national Marco Romano (PDC/TI) qui démentira: «C’est comme durant une session parlementaire. J’ai quasiment reçu deux invitations par jour.»

Le Festival du film est devenu un prétexte très tendance pour draguer les politiciens au seuil de la rentrée. Encore en vacances dans un cadre enchanteur, ceux-ci y sont plus accessibles que jamais. Une aubaine pour les milieux culturels et bien sûr pour les sponsors de la manifestation (comme La Poste, UBS, Swisscom…).

Le dîner politique du Groupe des auteurs, réalisateurs et producteurs (GARP) n’attirera cette année pas moins de 57 politiciens, soit dix fois plus qu’en 2000. Quant au ministre de l’Intérieur Alain Berset, il en profitera pour rencontrer la commissaire européenne à l’Education et à la Culture Androulla Vassiliou.

Ce transfert virtuel de la capitale fédérale à Locarno durant dix jours, le Tessin le doit beaucoup à Marco Solari, président du festival depuis treize ans, qui en a fait un axe de sa stratégie: «J’ai toujours voulu que Locarno, en plus d’un événement culturel, devienne une plateforme informelle de la politique pour fortifier le Tessin.»

Les politiciens répondent présent, c’est un fait. Quant à savoir si le Tessin est désormais mieux écouté au sein de la Confédération, c’est une autre question. Marco Solari se veut confiant: «A Berne, le climat est devenu plus rude. On n’y fait plus de cadeau. Il faut se battre davantage pour obtenir des crédits. Mais je n’ai pas du tout l’impression que le Tessin soit discriminé.»

Tout le monde ne partage pas cet optimisme. «A Locarno, ce sont surtout des Suisses allemands qui rencontrent d’autres Suisses allemands», ironisent les mauvaises langues. «Les politiciens du reste de la Suisse ne s’intéressent guère aux problèmes spécifiquement tessinois», confirme le politologue et député socialiste au Grand Conseil Nenad Stojanovic.

Le dumping des «patroncini». Sûr en tout cas que la plupart d’entre eux n’ont jamais entendu parler de la dernière polémique qui fait rage outre-Gothard. Le nouveau conseiller d’Etat de la Lega Michele Barra a poussé un gros coup de gueule fin juillet à propos des padroncini, ces petits patrons indépendants italiens qui sont de plus en plus nombreux à rafler des contrats aux entreprises tessinoises. Ex-propriétaire d’une PME de 60 collaborateurs dans la construction, Michele Barra a dénoncé la possibilité offerte par l’Office fédéral des migrations (ODM) à ces indépendants de s’annoncer en ligne.

«En faisant des offres de 30 à 50% meilleur marché que les Tessinois, les padroncini font du dumping, d’autant plus qu’ils ne doivent pas payer de TVA lorsque la facture n’excède pas 10 000 francs», accuse-t-il. Il exige la suppression de cette annonce en ligne qui offre un boulevard aux padroncini, un contrôle plus strict de leurs factures et la soumission totale du montant de celles-ci à la TVA.

Michele Barra ne décolère pas: «Les entreprises tessinoises sont d’autant plus désavantagées qu’elles ne bénéficient pas de la réciprocité en Italie. Il est quasiment impossible d’aller y travailler, tant les contraintes bureaucratiques sont énormes.»

Cette nouvelle scène de ménage entre le Tessin et Berne est révélatrice d’un malaise que d’aucuns ont baptisé «Polentagraben», de ce fossé qui ne se résorbe pas. A l’heure d’en trouver les coupables, les torts sont partagés. La Berne fédérale connaît mal les réalités tessinoises (il n’y a plus de Tessinois au Conseil fédéral depuis 1999, et dans l’administration les cadres italophones sont rarissimes).

«Berne n’a pas compris la situation géographique doublement périphérique du Tessin, en Suisse tout comme face à la Lombardie. Elle ne prend pas suffisamment au sérieux les problèmes spécifiques que nous avons sur le marché du travail et a tendance à considérer les Tessinois comme des pleurnicheurs», constate Nenad Stojanovic.

Autre erreur fédérale, qui touche cette fois les relations pas vraiment amicales avec l’Italie, ce voisin du Sud dont les autorités fédérales oublient vite qu’il est le deuxième partenaire économique de la Suisse. Que les deux pays aient des intérêts différents et s’achoppent rudement sur la fiscalité, on peut le comprendre. Mais c’est d’abord la forme qui pèche. «La Suisse mène ses négociations en anglais avec l’Italie, alors que l’italien est l’une de ses langues nationales», déplore Jörg de Bernardi, le délégué tessinois aux rapports confédéraux. «Ce n’est pas grave en soi, mais symptomatique d’une certaine difficulté à soigner les relations avec ce voisin et à comprendre sa culture politique», renchérit-il.

A son avis, la Suisse gagnerait à se plonger dans la «dietrologia», cette science, ou plutôt cet art de comprendre ce qui se passe dans les coulisses du pouvoir. Cela dit, le charismatique «lobbyiste» tessinois tient à le souligner: «Le Tessin garde beaucoup de sympathie au Parlement, pour autant que ses requêtes soient bien fondées et faites au moment judicieux.»

Internationalité versus Lega. De leur côté, les Tessinois s’enlisent dans leurs contradictions. Dix jours durant à Locarno, ils célèbrent l’internationalité et l’ouverture au monde que fait souffler le Festival du film. Mais le reste du temps, ils se replient sur eux-mêmes depuis que la Lega a conquis le pouvoir en quelque deux décennies seulement. Confrontés au discours d’une droite nationaliste très dure, tous les autres partis ont capitulé: le centre droit, qui combat actuellement très mollement l’initiative UDC sur l’immigration de masse, mais aussi la gauche, où certains députés ont renoncé à s’afficher pro-Européens.

«Face à l’ascension de la Lega, les autres partis – surtout leurs notables locaux – n’ont pas cherché à résister et se sont peu à peu conformés à cette pensée unique du repli sur soi. Ils n’ont pas eu le courage d’ériger un cordon sanitaire», accuse Nenad Stojanovic.

Dès lors, le Tessin politique a basculé dans l’irrationalité. Alors que la Lega fustige les «baillis de Berne» et crache son venin anti-européen, les autres partis n’ont plus la force de répliquer. Certes, le taux de chômage atteint 4% aujourd’hui, mais il a parfois été deux fois plus élevé dans les années 90, bien avant l’accord bilatéral avec l’UE sur la libre circulation. Bien sûr, les padroncini sont un problème préoccupant, mais personne n’ose avouer que les Tessinois eux-mêmes en sont largement responsables. Ce sont eux qui les font venir!

En 1986, lors du premier vote sur l’adhésion de la Suisse à l’ONU, le Tessin était encore l’un des trois cantons les plus ouverts du pays. Il est aujourd’hui l’un des plus conservateurs en matière de politique étrangère. C’est une bombe à retardement pour la Suisse qui risque fort d’exploser à la prochaine votation touchant les accords bilatéraux avec l’UE.

Lorsqu’ils lèveront leur verre de merlot à Locarno ces prochains jours, les politiciens romands et alémaniques feraient bien de se pencher sur le malaise tessinois et de penser à y apporter des réponses concrètes pendant les cinquante et une autres semaines où ils n’y flânent pas.

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Charly Rappo
Festival del film, Locarno
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Football: combien pour ce Bale, dans la vitrine?

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Jeudi, 15 Août, 2013 - 05:49

Les faits

Le buteur gallois Gareth Bale, 24 ans, affole le mercato du football. Joueur à Tottenham, en Angleterre, mais sans aucun palmarès, il est en négociation avec de grands clubs, de Manchester United au Real Madrid. «J’entends parler de 100 millions d’euros, ça me paraît beaucoup», a lâché ainsi Florentino Perez, président du Real, déclenchant des polémiques fortes sur un montant de transfert éventuel qui ferait du jeune Bale le joueur le plus cher de tous les temps.

Les commentaires

Le site d’Eurosport fait des comparaisons, soulignant que Bale demeure seulement un espoir du football: «Quand, en 2001, les Merengues recrutent Zinédine Zidane pour un montant historique de 75 millions d’euros, il est le meilleur joueur du monde. Quand, en 2009, c’est au tour de Cristiano Ronaldo d’être recruté pour ce qui reste aujourd’hui le transfert le plus important de l’histoire (94 millions d’euros), il est le meilleur joueur du monde.» Le magazine spécialisé So Foot en rajoute: «Bref, c’est complètement dingue. Et surtout, complètement démesuré. Le prix annoncé choque tout le monde, même les joueurs eux-mêmes.» Quand au quotidien Sud Ouest, il a organisé un sondage internet sur le thème «Bale vaut-il 100 millions d’euros?». Plus de 92% des lecteurs ont répondu non…

A suivre

L’affaire pourrait se transformer en eau de boudin et Bale rester à Tottenham. Elle aurait surtout servi à faire parler du Real, dont les dirigeants demeurent énervés d’avoir vu le Brésilien Neymar choisir de jouer pour le FC Barcelone.

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Dylan Martinez, Reuters
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BlackBerry: question de survie

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Jeudi, 15 Août, 2013 - 05:50

Les faits

En grande difficulté, le fabricant de smartphones canadien dit avoir mis en place un comité spécial pour explorer les différentes options stratégiques qui s’offrent à lui, y compris celle d’une vente.

Les commentaires

Après avoir été dépassé dans les smartphones par Apple et les appareils tournant sur Android de Google, l’ex-Research in Motion (ou RIM) joue sa survie sur ses nouveaux appareils. Mais «ces derniers n’ont pas eu le résultat espéré», note le quotidien français La Tribune, c’est pourquoi «la société n’exclut pas de sortir de la Bourse pour se redresser de manière plus sereine». Sa capitalisation boursière est tombée à 4,8 milliards de dollars, alors qu’elle a culminé à 84 milliards en 2008, rappelle le site spécialisé ZDNet.fr. BlackBerry serait d’ailleurs en discussion avec le fonds d’investissement Silver Lake.

Le pionnier des téléphones intelligents pourrait tout aussi bien être racheté. Mais par qui? «Ces dernières années, divers noms ont été cités, dont Vodafone, Amazon, Microsoft, Nokia et Lenovo», énumère PC INpact. Et d’ajouter que le chinois Lenovo, «très présent dans les PC et qui grimpe dans les smartphones en Chine, est clairement un acheteur potentiel». Une alliance avec le fabricant américain d’ordinateurs Dell, qui quittera bientôt la Bourse américaine Nasdaq, serait également envisageable, conclut le site web canadien lapresse.ca.

A suivre

BlackBerry précise n’avoir pas la garantie d’aboutir à une quelconque opération et précise qu’il ne fera plus de commentaire sur la question tant que son conseil d’administration n’aura pas approuvé une transaction ou mis fin à la procédure.

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BlackBerry
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Présidentielle malienne: Ibrahim Boubacar Keïta, vainqueur incontesté

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Jeudi, 15 Août, 2013 - 05:51

Les faits

L’ancien premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta, plus souvent appelé IBK, est devenu le nouveau président du Mali. Son adversaire Soumaïla Cissé a admis sa défaite au second tour de la présidentielle de dimanche. Cette rapide reconnaissance devrait faciliter à IBK ses premiers pas dans ses fonctions de chef de l’Etat, lui évitant toute contestation de légitimité.

Les commentaires

«On craignait des débordements parce que dans l’entourage de Cissé on dénonçait des fraudes, et la contestation avait pris le pas sur la sérénité qui avait entouré les opérations électorales. Mais c’est une nouvelle page qui s’ouvre (…)», relève L’Intelligent d’Abidjan. «Serein, IBK a pris sa revanche et gagné le pari de symboliser la rupture avec l’ancien régime corrompu, tant espérée par les Maliens. Sa réputation d’homme intègre et coriace a su convaincre qu’il était le seul à pouvoir redresser un pays divisé et à terre depuis le putsch du général Sanogo qui a renversé l’ancien président Amadou Toumani Touré», note encore Le Nouvel Observateur. «Il faut espérer du futur locataire du palais de Koulouba qu’il aura le triomphe modeste. Il ne s’agit pas de se vautrer dans le moelleux d’un fauteuil présidentiel, mais de retrousser ses manches pour ramasser les gravats de la guerre et rebâtir ce pays», prévient toutefois L’Observateur Paalga.

A suivre

Sortir le pays de la récession, apaiser les tensions entre communautés touareg, arabes et noires, panser les plaies d’un Etat secoué par plus d’une année de conflits: les défis qui attendent le nouveau président malien sont légion.

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Joe Penney, Reuters
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CFF: des punitions inutiles

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Jeudi, 15 Août, 2013 - 05:52

Les faits

A la suite de la collision mortelle entre deux trains à Granges-près-Marnand fin juillet, les critiques continuent de tomber sur les CFF. Hubert Giger, président du Syndicat des mécaniciens de locomotives, regrette que «la culture de la punition» l’emporte sur celle de la sécurité. Une critique née du soupçon qui pèse sur le mécanicien survivant: il n’aurait pas respecté un feu rouge.

Les commentaires

«Des erreurs sont punies administrativement et ainsi liquidées», a déclaré lundi Hubert Giger dans le St. Galler Tagblatt et la Neue Luzerner Zeitung. D’après Le Temps, il «estime que le personnel n’a pas confiance en sa hiérarchie. Ce qui complique la mise en place d’une véritable culture de la sécurité.» Un manque de confiance qui viendrait de cette culture de la punition «qui domine, au point que toute faute est sanctionnée, même si elle ne porte préjudice à rien ni personne», ajoute 20 minutes. Christian Ginsig, porte-parole des CFF, conteste: «Les employés des CFF signalent chaque année des milliers de perturbations ou d’incidents.»

A suivre

Andreas Meyer, directeur, conteste le problème général de sécurité. Pour pallier les critiques, les CFF ont décidé de renforcer l’apprentissage des mécaniciens sur locomotive par la pratique. Au lieu de devoir suivre préalablement trois mois de cours théoriques, les apprentis pourront passer directement aux commandes. Les systèmes de sécurité des CFF sont aussi mis en cause: celui utilisé à Granges-près-Marnand ferait partie des plus vétustes.

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Salvatore DI Nolfi, Keystone
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