C’est une génération qui a grandi dans des classes multiculturelles dans l’immense majorité des cas, sans heurt et sans problème. Pourtant, à la question de savoir s’il faut donner un passeport suisse aux jeunes étrangers nés ici, la réponse tombe, sèche: c’est non à 57%. Auteure d’une proposition de naturalisation facilitée (mais pas automatique) de la troisième génération, en cours d’examen devant le Parlement, la conseillère nationale Ada Marra n’est pas étonnée: «L’idée qu’être Suisse se mérite, qu’il faut vérifier ces mérites, est bien ancrée. Ce qui me révolte, en revanche, c’est la prétention à se croire meilleurs parce que l’on est Suisse.»
Lorsque les questions portent sur les musulmans, l’intransigeance est encore plus patente, même si une petite moitié des jeunes estime que l’on peut être un vrai Suisse en étant musulman, et que peu nombreux sont ceux imaginant que les communautés musulmanes constituent une menace pour la stabilité et la sécurité de l’Etat. Le mot d’ordre est: intégrez-vous.
Sur ces thématiques identitaires, le fossé entre jeunes leaders et jeunes est béant. On le constate aussi dans l’évaluation du nombre d’étrangers. La moitié des jeunes Romands pense qu’il y en a trop, alors que 8 jeunes leaders sur 10 ne voient pas le problème.
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