La plus belle surprise de cette enquête: cette jeune génération qu’on dit individualiste, tendance narcissique, aspire au bien commun. Père de l’idée lancée en 2011 et précisée en 2013, quelques mois avant la votation fédérale où le peuple a refusé massivement (à 75%) la suppression de l’obligation de servir, le président de la Commission fédérale de la jeunesse, Pierre Maudet, 37 ans, se réjouit de cet élan. «Les jeunes ont envie de s’investir pour la collectivité, mais jugent le service militaire inadapté aux défis d’aujourd’hui», analyse le conseiller d’Etat genevois. L’idée est relayée aussi au Parlement fédéral, notamment par son cadet, Mathias Reynard, 27 ans.
Le socialiste valaisan y voit une aspiration «non seulement à donner son temps pour les autres, mais aussi du sens à ce qu’on fait. Il s’agit donc de trouver des débouchés utiles sans faire de concurrence dans le marché du travail, dans des EMS, la santé ou l’entretien du paysage.» A l’origine et dans l’idéal, Pierre Maudet comme Mathias Reynard souhaitent ouvrir le service citoyen aux femmes et aux jeunes étrangers, notamment pour mieux intégrer les cultures et les classes sociales dans la société. Ilias Panchard, 23 ans, coprésident des Jeunes Verts suisses et secrétaire de la Fédération suisse pour le service civil (CIVIVA), se réjouirait d’une telle ouverture. Il met toutefois en garde contre un service obligatoire, «qui pourrait s’apparenter à du travail forcé». Autrement critique, Valentin Christe, conseiller communal UDC à Lausanne, constate que le projet «dont les contours restent flous» est essentiellement porté par des Romands «toujours plus réticents face à l’armée». Il s’étonne que les leaders plébiscitent à ce point le remplacement d’un service militaire pourtant défendu par une majorité de la population lors du vote de 2013. Pour l’UDC, la tâche principale de la milice reste d’assurer la sécurité des citoyens.
Dans le même dossier:
Les jeunes Romands sont-ils devenus anti-étrangers? conservateurs? individualistes?
Les jeunes sont fiers d’être Suisses
Ils ne veulent pas changer le système politique suisse
La migration: le problème No 1
La jeune génération se méfie des politiciens
Etrangers ou musulmans: pas de cadeaux
Un fossé béant sur l’ouverture à l’étranger
Un rapport ambigu aux réseaux sociaux