Le système suisse ne nécessite pas de changements profonds mais seulement quelques aménagements. «Un avis pas très cohérent avec le vote du 9 février qui remet carrément en cause un système important pour la Suisse», remarque Johanna Gapany, vice-présidente des Jeunes libéraux-radicaux. Et au sommet des valeurs traditionnelles suisses culmine la démocratie directe puisque 76% des jeunes – et 54% des leaders – disent qu’il s’agit là d’une valeur fondamentale, à ne pas toucher. Cerise sur le gâteau, les jeunes affirment qu’ils vont presque toujours voter. Hum, flagrant délit de mensonge au vu des taux de participation? «Paradoxal pour le moins, estime Rebecca Ruiz, conseillère nationale vaudoise et socialiste. Visiblement, on est surtout attaché à l’idée de pouvoir s’exprimer.» Ou, comme l’interprète Valentin Christe, jeune UDC vaudois: «Les jeunes ne se mobilisent pas forcément sur des sujets précis, mais ils remarquent que la démocratie directe est une chose extraordinaire et que, dans certains pays du monde, on se bat pour avoir le droit de voter.»
Le sondage esquisse quelques explications possiblesà la faible participation: le sentiment, très fort chez les non-leaders, de ne bien comprendre «que certains sujets»; une façon de dire qu’on se sent un rien largué? Le fait que 35% des jeunes ne se sentent pas d’affinités avec un parti politique, quel qu’il soit, ne booste probablement pas la participation non plus. Mais l’entrepreneur Michael Dupertuis, des Vert’libéraux, ne s’en étonne pas. «Quand je considère mes amis et leur désintérêt pour les lignes politiques, j’aurais cru qu’ils seraient davantage à ne pas se retrouver dans un parti.» Finalement, d’autres s’intéressent et décident pour eux. «On l’a bien vu le 9 février, quand l’initiative UDC contre l’immigration a passé à 20 000 voix près. Parmi mes proches, tout le monde râlait sur ce pays: raciste, fermé. Mais sont-ils allés voter?»
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