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Union européenne: Elly Schlein, une Suissesse au Parlement européen

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Jeudi, 7 Mai, 2015 - 05:55

Ram Etwareea, Bruxelles

Rencontre. Elue sur la liste du Parti démocrate italien, la jeune femme aux trois passeports a grandi au Tessin.

«Je comprends la réticence de nos compatriotes, qui ne veulent pas s’approcher de l’Union européenne (UE) du fait que cette dernière passe par une crise économique, politique et institutionnelle», déclare Elly Schlein, triple nationale et députée européenne. C’est vrai que les pères fondateurs n’avaient pas cette Europe-là en tête. Il n’empêche.

L’avenir de l’Union est aussi l’affaire des Suisses. Parce que nos relations sont historiques, nous partageons les mêmes valeurs démocratiques et nos échanges économiques sont intenses.» Selon elle, la Suisse, l’un des pays parmi les plus riches du monde, ne peut se soustraire aux défis comme les inégalités, le changement climatique et les migrations.

«La Suisse doit se joindre à l’effort collectif », insiste-t-elle, assise à son bureau sis au 12e étage du Parlement européen, au cœur de Bruxelles. Elly Schlein est Suissesse; elle est née et a grandi à Lugano jusqu’à l’âge de 19 ans.

Elle est aussi Italienne par sa mère. Elle a fait des études de droit à Bologne et c’est en Emilie-Romagne qu’elle a été élue députée européenne en mai 2014. Son père est Américain, fils d’immigrés ukrainiens.

Elly Schlein est une parlementaire hyperactive, siégeant dans de multiples groupes de travail. Par affinités personnelles, elle porte une attention particulière à la Suisse. Une fois par mois, elle retourne aux sources pour voir parents et amis. Elle maintient aussi un dialogue informel mais constant avec des jeunes politiciens suisses.

«Vous pouvez imaginer ma déception le 9 février 2014, même si je peux comprendre la crainte des gens par rapport à la population étrangère, dit-elle. C’est vrai que la Suisse en compte 20% alors que l’Italie, par exemple, n’en a que 7%.» En revanche, elle se montre sévère envers l’UDC qui n’avait pas expliqué les conséquences d’un oui à l’initiative «Contre l’immigration de masse».

Pour l’europhile jusqu’au bout des ongles qu’elle est, Bruxelles n’a pas sanctionné la Suisse après le vote; elle n’a fait qu’appliquer la clause guillotine prévue dans les accords bilatéraux au cas où le principe de la libre circulation des personnes serait remis en cause.

Elle regrette que de nombreux Suisses ne se rendent pas compte du privilège de pouvoir voyager librement au sein des 28 et d’utiliser une monnaie unique dans 19 pays.

A 29 ans, Elly Schlein, qui voulait être réalisatrice de cinéma et a même signé un documentaire sur les migrants albanais en Italie, se passionne pour la politique mais se désespère de la passivité des jeunes.

Aux dernières européennes, seulement 37% des électeurs se sont rendus aux urnes dans sa circonscription alors que, traditionnellement, le taux de participation est de 80%. «Il appartient pourtant à notre génération de construire aujourd’hui le monde de demain, celui que nous voulons laisser à nos enfants», affirme-t-elle.

Campagne pour Obama

Ses premières armes politiques, elle les a faites, sans surprise, déjà durant ses années estudiantines, prenant fait et cause pour les migrants et les prisonniers dans les geôles italiennes. «Les conditions de détention étaient alors particulièrement éprouvantes», se souvient-elle.

Puis, attirée par la vie politique américaine, elle s’est enrôlée, en 2008 et en 2012, comme volontaire dans l’équipe de campagne présidentielle de Barack Obama. La clé du succès du candidat démocrate, selon elle: une forte utilisation des médias sociaux, un message clair et une implication directe de multiples groupes d’intérêt.

«Lors des européennes en 2014, j’ai transposé les mêmes techniques afin que le plus grand nombre de personnes se sentent parties prenantes aux élections.»

Une année plus tôt, Elly Schlein était parmi les déçus du Parti démocrate italien. Aucune majorité claire n’était sortie aux législatives et le centre gauche avait formé un gouvernement de coalition avec Forza Italia.

«Déçue, j’avais alors animé l’OccupyPD, le mouvement contre notre propre parti, qui s’était allié avec Silvio Berlusconi que nous avions combattu durant les vingt dernières années.» De cet épisode est née la ferme volonté de s’impliquer davantage personnellement et d’être là où les décisions sont prises. 

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Roberto serra
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