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Philanthropie: une créatrice de bijoux au service des réfugiés syriens

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Jeudi, 7 Mai, 2015 - 05:57

eileen hofer

Zoom. Avec l’aide de Zep, Chappatte et Hani Abbas, Laure Gaury a réuni les œuvres d’une quinzaine d’artistes romands pour venir en aide aux enfants syriens traumatisés par la guerre.

Laure Gaury, essoufflée, cadenasse son vélo. Il est 20 heures, la créatrice genevoise sort de son cours de soudure et ironise: «J’aime bien commencer par la fin, je fais des bijoux depuis cinq ans et je n’apprends à souder que maintenant.» La jeune femme de 28 ans chine des pièces horlogères qu’elle assemble pour créer de délicats bracelets et colliers.

Autodidacte, elle se nourrit de la confiance de ses premières clientes pour lancer sa marque en 2010. T’as pas l’heure est depuis représentée dans divers points de vente en Suisse et en Europe, et chacune de ses collections devient l’occasion pour l’artiste d’occuper des espaces qu’elle met en scène le temps d’un vernissage.

Pourtant, l’ancienne styliste-modéliste et costumière de formation vit, malgré sa notoriété croissante, avec la frustration de n’avoir jamais «fait plus». Autrement dit, de n’avoir pas pu se rendre utile dans le caritatif. «J’ai besoin de placer l’art dans un domaine concret avec un impact visible et efficace sur le paysage humanitaire», résume-t-elle.

Laure, qui travaillait au théâtre, au cinéma et à l’opéra, bénéficie d’un réseau étoffé d’artistes en tout genre. En fondant, avec Joëlle Cabanne et Fernando Cuellar, Art to Serve, elle décide d’orchestrer une exposition annuelle ayant pour objectif une vente aux enchères de certaines de leurs pièces.

L’ensemble des fonds sera reversé à une ONG basée dans une zone de conflit, car, tout comme l’art, l’actualité immédiate n’est pas toujours facile d’accès.

Pour sa première édition, elle choisit l’UOSSM, l’Union des organisations syriennes des secours médicaux, représentée en Suisse par le Dr Tawfik Chamaa. La situation est grave, selon ce dernier, car personne ne se rend compte que toute une génération d’enfants risquent de devenir de futurs psychopathes si on ne les aide pas maintenant.

L’UOSSM subventionne ainsi, et ce parmi plusieurs de leurs projets, des psychothérapeutes à Reyhanli, à 3 kilomètres seulement de la Syrie, du côté turc de la frontière. Ces derniers ont eux-mêmes fui le gouvernement de Damas et ouvert un centre où les victimes de la guerre peuvent venir consulter. Conseils et soins passent souvent par la thérapie, avant les médicaments.

Les médecins, recherchés par le pouvoir, savent qu’ils risquent gros dans leur mission. «Certains enfants et adolescents déscolarisés ont assisté au massacre des leurs, aux destructions de leur village et perdent jusqu’à l’usage de la parole. Ils s’expriment souvent grâce à l’aide de sessions d’art-thérapie», explique la jeune présidente d’Art to Serve.

Le soutien d’artistes

Dès lors, le crayon devient un outil d’expression. Le caricaturiste palestino-syrien Hani Abbas croque depuis des années ses états d’âme avec colère et un cynisme teinté de tendresse poétique pour décrire la souffrance de son peuple.

Ce rescapé du conflit s’implique fissa dans le projet aux côtés du cartooniste Zep et du dessinateur de presse Patrick Chappatte qui parraineront l’événement. Le père de Titeuf remet à Laure une quinzaine de dessins qui, envoyés à Reyhanli, seront revisités ces prochains mois par des enfants syriens.

Cet échange à la fois psychologique et pédagogique prendra du temps et sera exposé d’ici à la fin de l’année. Entre-temps, pour l’exposition de mai, Hani Abbas et Tawfik Chamaa ont rapatrié d’autres images. Celles d’enfants dans des camps d’exil qui représentent avec innocence l’horreur de la guerre: des chars, des bombes et leur propre douleur.

Du 13 au 16 mai, c’est donc au Théâtre Saint-Gervais, à Genève, que se tiendra la première exposition Art to Serve et, le 15 mai, la vente aux enchères. Elle réunira une quinzaine d’artistes soucieux d’ajouter leur grain de sable.

En plus de Zep, Patrick Chappatte et Hani Abbas, le bédéiste Bernard Cosey ou encore Jess Hoffman, Erol Gemma, Benoit Billotte, Emilie Muller et Mauren Brodbeck se sont joints à ce projet.

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Rebecca Bowring
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