Enquête. Reconverti dans le coaching de joueurs, l’ex-numéro un mondial de tennis gérera désormais ses affaires au bout du lac. En Suisse, il s’est distingué par son comportement de mauvais payeur.
Par Alba Queijo et Robert Gloy
Genève compte un nouvel hôte de marque depuis le début du mois d’avril: Boris Becker. L’ancienne star du tennis a choisi d’y installer sa société. Auparavant domiciliée dans le canton de Zurich, l’entreprise, baptisée Boris Becker, a pris ses quartiers dans un grand bloc d’immeubles à l’allure discrète sur le quai du Seujet, au bord du Rhône. Elle gère les affaires financières liées à l’activité professionnelle de l’Allemand de 47 ans, principalement ses droits d’image.
La société Boris Becker reste muette sur les raisons de ce déménagement. Le manager du sportif, Sascha Rinne, n’a pas donné suite aux sollicitations de L’Hebdo. Quant à Luc Badel, le gestionnaire genevois responsable de l’entreprise, il a refusé de commenter. Mais, a priori, la démarche n’est pas motivée par des raisons fiscales. Le taux de l’impôt sur le bénéfice pour les sociétés est en effet plus élevé à Genève, puisqu’il se monte à 24,2%, contre 21,2% à Zurich. «Sur le plan fiscal, rien n’explique cette relocalisation, relève Véronique Gianadda, experte fiscale diplômée associée de l’étude d’avocats genevoise CG Partners. Elle est peut-être due à un éventuel basculement des activités de la société vers le marché romand.» Tenu au secret fiscal, le porte-parole du Département des finances du canton de Genève, Roland Godel, émet la même hypothèse, mais s’abstient de toute autre précision.
Cette installation constitue en tous les cas un nouvel épisode dans le parcours mouvementé de Boris Becker en Suisse. Depuis quelques années, la firme du sportif connaît des démêlés avec les administrations des cantons de Zoug et de Zurich. Ces événements, peu relatés en Suisse romande, agitent la presse alémanique et allemande.
Déménagements en chaîne
Le périple helvétique de Boris Becker débute en 2003. Il quitte alors Monaco pour élire domicile dans le canton de Zoug, qui propose un des taux d’imposition les plus bas du pays. Il y implante également sa compagnie, dans la commune de Baar. Mais l’idylle tourne à l’aigre en 2008. La caisse de compensation cantonale réclame à la société de l’ex-tennisman près de 196 800 francs d’arriérés de paiements. A cette époque, son chiffre d’affaires annuel est estimé à plus de deux millions de francs.
Pour recouvrer cette somme, la caisse a alors adressé, depuis 2010, des commandements de payer à Boris Becker. Puis l’Office des poursuites de Küssnacht, dans le canton de Zurich, a bloqué les parts de l’ancien sportif allemand, d’une hauteur de 90 000 francs, dans la société de marketing qu’il avait établie en 2012 dans cette commune.
Boris Becker, dont les médias allemands attribuent les déboires financiers à notamment un coûteux divorce en 2001, a pour sa part quitté le pays pour s’installer à Londres. La caisse de compensation du canton de Zoug, qui n’a toujours pas récupéré son dû, s’avoue pessimiste: «Il est très compliqué pour nous d’entrer en contact avec une personne d’une telle notoriété ne résidant plus en Suisse», relève son directeur, Rolf Lindenmann.