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Des droits sportifs toujours plus exorbitants

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Jeudi, 11 Juin, 2015 - 05:54

Zoom. Si les coûts de retransmission continuent à augmenter, la SSR risque de devoir faire des choix drastiques.

Sophie Gaitzsch

Près de 2,5 milliards de dollars. C’est la somme que la FIFA a engrangée avec la vente des droits de diffusion de la Coupe du monde de foot au Brésil en 2014. Des droits que les chaînes de télévision du monde entier s’arrachent afin d’obtenir le plus attendu des grands événements sportifs, qui propulse taux d’audience et parts de marché vers les sommets.

En Suisse, impossible de savoir combien la SSR dépense pour l’achat de droits à la FIFA. «Nous ne communiquons pas de chiffres relatifs aux droits sportifs, indique le porte-parole, Daniel Steiner. Les contrats prévoient qu’ils restent confidentiels.» En 2014, selon son rapport annuel, la SSR a consacré 287 millions de francs au sport. Les dépenses pour les droits de diffusion et les coûts de production des grandes manifestations sportives (JO de Sotchi, Coupe du monde de foot, Championnats d’Europe d’athlétisme, etc.) ont atteint 29,3 millions de francs. Un autre chiffre permet de se faire une idée des montants en jeu: les engagements pour les futurs événements (la SSR a notamment conclu des accords pour les Coupes du monde de foot en Russie et au Qatar) se montent à 122,3 millions de francs (non inscrits au bilan).

«En matière de droits de diffusion, le football est le sport le plus cher», explique Stefan Kürten, directeur du département Sports et Activité commerciale à l’Union européenne de radio-télévision (UER), qui négocie ces contrats pour le compte de chaînes publiques européennes, dont la SSR. L’attribution fonctionne comme une vente aux enchères: pour un territoire déterminé, les fédérations sportives donnent l’exclusivité au plus offrant.

La suisse encore à l’abri

Tous sports confondus, les prix ont connu une croissance spectaculaire depuis les années 80 et la multiplication de nouveaux diffuseurs privés capables de concurrencer les chaînes traditionnelles. La FIFA a augmenté d’un tiers ses revenus dans ce segment entre la Coupe du monde 2002 en Corée et l’édition brésilienne de 2014. La progression est encore plus impressionnante pour les JO: les membres de l’UER ont versé 688 millions de francs pour les droits des Jeux de Pékin en 2012, environ six fois plus que pour ceux de Barcelone en 1992. Et cette tendance à la hausse va se poursuivre.

La SSR se trouve en partie à l’abri de cette inflation et fait état d’une «hausse modérée des frais de licence ces dernières années», sans donner de détails. «Il n’existe pas sur le territoire suisse de concurrent capable de couvrir ces importantes manifestations en trois langues», explique le porte-parole, Daniel Steiner.

Reste que certains s’inquiètent des perspectives. La SSR ne s’en cache pas: les recettes publicitaires ne suffisent pas à rentabiliser les retransmissions sportives. Dans certains pays européens, les droits de diffusion sont devenus hors de portée des chaînes publiques. «Si les prix continuent de croître, avec les mêmes moyens, la SSR risque de devoir faire des choix drastiques, estime Matthieu Béguelin, président du conseil du public de la RTSR. A terme, nous nous orienterons peut-être vers un modèle qui mise sur les événements de proximité et quelques grands rendez-vous internationaux.»

Jean-Loup Chappelet, professeur spécialisé en management du sport à l’Institut des hautes études en administration publique, à Lausanne, rappelle que l’achat de droits ne représente qu’une partie des frais. «L’envoi de personnel sur place coûte davantage. C’est d’abord là que les chaînes peuvent couper si elles doivent réaliser des économies.»

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Rolf Brenner / Keystone
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