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Haute école: qui remplacera Patrick Aebischer à l’EPFL? Notre portrait-robot

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Jeudi, 11 Juin, 2015 - 05:55

Décryptage. Le poste du futur président de l’EPFL, qui entrera en fonctions en janvier 2017, est désormais mis au concours. Homme ou femme, scientifique reconnu disposant d’un excellent réseau, «L’Hebdo» esquisse le profil idéal.

«L’EPFL était une très bonne école d’ingénieurs. Elle est dorénavant une brand (une marque). Elle doit devenir une superbrand.» Selon Patrick Aebischer, qui tient ces propos musclés d’enthousiasme, il n’y a qu’une quinzaine, au maximum, d’universités ou grandes écoles superbrand dans le monde, dont seulement deux en Europe: Oxford et Cambridge.

Celui qui préside l’EPFL depuis 2000 et qui se retire fin 2016 laisse à son successeur une école de 13 500 étudiants, professeurs et chercheurs que le magazine britannique The Times Higher Education a placée en avril dernier en tête des 100 meilleures universités de moins de 50 ans.

Le poste de président(e) nommé(e) durant le premier semestre 2016 par le Conseil fédéral et que le Conseil des écoles polytechniques fédérales (CEPF) a mis au concours la semaine dernière n’est pas un cadeau.

C’est une responsabilité majeure confiée à un homme ou à une femme qui devra diriger l’une des deux grandes écoles du pays à un moment où la recherche est fragilisée par des crédits en berne et une Suisse qui pourrait être isolée de l’UE, conséquence funeste de l’initiative du 9 février 2014.

Quand nous lui demandons quel est le plus grand changement réalisé durant ses quinze ans de présidence, Patrick Aebischer n’hésite pas: plus que le développement du domaine des sciences de la vie qui a notamment engendré le mégaprojet de cerveau artificiel Human Brain, plus que la création de quelque 200 start-up, plus que les prouesses technologiques Solar Impulse et Alinghi, c’est «le fait que, désormais, les meilleurs étudiants viennent à l’EPFL et ne vont pas nécessairement aux Etats-Unis».

Depuis 2000, en effet, le nombre de doctorants y est passé de 600 à 2000, celui des postdocs de 120 à 1000. C’est donc une école désormais reconnue et acceptée dans son positionnement sur la carte du monde que devra conduire le prochain président.

Ferme et conciliant

Il semble bien loin, le temps où Ernst Hafen, président éclair de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), déposait un recours auprès des services du Conseil fédéral d’alors, Pascal Couchepin, contre la répartition du budget 2008 qu’il jugeait défavorable à la grande école zurichoise rivale.

Il n’empêche que la réduction constante du budget du domaine des EPF, qui regroupe six institutions dont principalement l’EPFZ et l’EPFL (– 55,7 millions en 2015, – 104,9 millions en 2016), pourrait bien susciter de nouvelles tensions.

C’est dire si le successeur de Patrick Aebischer devra se montrer à la fois ferme, avec le souci de satisfaire les besoins de sa propre école (avec un budget de 900 millions environ), et conciliant avec son partenaire-concurrent zurichois, avec lequel de nombreux liens de collaboration ont été tissés.

Des «qualités humaines» jugées indispensables par Demetri Psaltis, doyen de la Faculté des sciences et techniques de l’ingénieur (STI) à l’EPFL. Qui observe par aille urs que le monde académique et universitaire n’est pas vraiment enclin aux changements. «Il fallait une personne aussi exceptionnelle que Patrick Aebischer pour les mettre en œuvre.»

Suffirait-il, dès lors, de consolider ce qui a été entrepris en quinze ans? «Je déteste ce verbe, s’emporte Patrick Aebischer. On ne consolide pas la science. Quand un avion prend son envol, on ne coupe pas les gaz!»

Aux yeux de Gisou van der Goot, doyenne de la Faculté des sciences de la vie et non-candidate à la succession du président, «il faudrait trouver une façon de garder le tempo». Certes, mais pour quelle(s) priorité(s)? «La révolution du digital, c’est la seule qui se dessine, souligne l’ancien responsable romand d’Avenir Suisse, Xavier Comtesse.

Or, la sixième université dans le monde dans ce domaine n’est pas l’EPFL mais l’EPFZ.» Quant à Patrick Aebischer, il estime que les temps sont à la convergence entre les technologies de l’information, les nano- et biotechnologies et les sciences cognitives.

«La data science, celle des données, est une étape transversale qui concerne quasiment tous les domaines.» Gisou van der Goot va dans le même sens quand elle souligne que, dans les sciences de la vie, la multidisciplinarité trouve son apogée dans la médecine personnalisée. «Je ne vois pas dans cette dernière un seul domaine d’activité humaine qui ne soit pas concerné.»

Le prochain président de l’EPFL, sans nécessairement être un as des technologies de l’information, devra à tout le moins y être très sensible. Un chercheur de haut vol, reconnu par ses pairs et notamment par l’ensemble du corps enseignant de l’EPFL, aurait un avantage certain sur tout autre candidat étranger au monde de la recherche.

Un étranger? Peut-être, mais à condition qu’il connaisse parfaitement la Suisse, son organisation complexe, son fonctionnement subtil. Il ou elle n’aura pas le temps de se mettre au parfum eu égard aux enjeux qui se présentent à la Suisse.

Qui plus est, souligne Gisou van der Goot, «une bonne connaissance du paysage scientifique et politique de la Suisse est un atout essentiel si nous voulons faire collaborer l’EPFL avec les universités, les hôpitaux romands et le campus Biotech, en dépassant les rivalités intercantonales».

Maîtriser une langue élégante

Le parler des langues nationales? «A titre personnel, je souhaiterais que le nouveau président de l’EPFL maîtrise la langue la plus élégante», lâche Fritz Schiesser, président du Conseil des EPF. «Laquelle?» lui avons-nous demandé avec un brin de fausse ingénuité. «La vôtre», a-t-il répondu.

Un homme ou une femme? «Les candidatures féminines sont particulièrement bienvenues», précise le texte de la mise au concours. Reste la question de l’âge. «Nous recherchons une personnalité disposée à exercer deux mandats consécutifs (huit ans en tout)», ajoute l’annonce.

Théoriquement, le président ne devrait donc pas avoir plus de 65 ans à la fin de son second mandat. Mais en réalité la souplesse est de mise. Quand il est parti à la retraite, le 31 décembre 2014, le président de l’EPFZ Ralph Eichler avait 67 ans. Dans le milieu de l’enseignement et de la recherche, plus qu’ailleurs, il faut parfois du temps pour devenir jeune. 

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