GENEVE. Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) souffrent, comme tous leurs pairs en Suisse, d’un tarif DRG nettement inférieur à leurs coûts réels.
C’est un cri d’alarme qu’ont lancé les directeurs des cinq hôpitaux universitaires en réclamant un point DRG d’au minimum 11 000 francs. «Il faut réparer une forme d’injustice dans le système actuel», insiste Bertrand Levrat, le tout nouveau directeur des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Sera-t-il entendu? On peut en douter, tant les assureurs que Monsieur Prix, Stéfane Meyerenz, mettent la pression. Impitoyable, ce dernier a demandé un tarif à 9700 francs seulement pour les HUG. Comme les divers acteurs de la santé ne sont pas parvenus à trouver un accord, le chef de la Santé, Pierre-François Unger, a fixé un tarif provisoire de 11 200 francs pour 2012 et de 10 900 pour 2013. Mais tout le monde s’attend à ce que ce dernier tarif soit contesté par les assureurs.
Il n’y a pas de miracle. Les hôpitaux universitaires ont une structure de coûts particulière qui ne peut pas être comparée à celle des établissements régionaux, voire à des cliniques privées, en général très sélectives dans leurs prestations. Ils doivent gérer tous les cas hautement spécialisés et complexes. Une récente étude a montré que les seuls cas entraînant un déficit de plus de 30 000 francs occasionnent un manque à gagner de 278 millions de francs pour les cinq établissements universitaires.
Contribuables à la caisse. C’est l’une des failles du système DRG. Il tend à une transparence des coûts, mais pas à leur vérité en l’occurrence. «Notre comptabilité analytique révèle que nos coûts réels se chiffrent entre 11 600 et 11 900 francs», relève Brigitte Rorive, directrice médico-économique des HUG. C’est le canton qui éponge le manque à gagner, à travers ses prestations d’intérêt général. Moralité de l’histoire, tirée par Pierre-François Unger: «C’est le contribuable qui compense par ses impôts ce que l’assuré gagne sur sa prime.» Dans le canton de Vaud, on s’est mis d’accord sur un point DRG à 10 400 francs pour le CHUV. «Un prix politique», selon le conseiller d’Etat genevois.
Un jeu à somme nulle, alors? Non, pas vraiment! En fin de compte, ce sont les contribuables des cinq cantons (Zurich, Bâle, Berne, Vaud et Genève) abritant un hôpital universitaire qui trinquent le plus en payant pour les autres.
A Genève, l’introduction des forfaits par cas est laborieuse. «On sous-estime les surcoûts administratifs que cette réforme provoque pour les prestataires de soins et l’administration», déclare Adrien Bron, le directeur général de la Santé du canton. Mais dans l’ensemble, ajoute-t-il, le bilan intermédiaire est assez positif. Le canton a placé une petite dizaine de cliniques privées sur sa liste hospitalière pour un nombre limité de cas rémunérés au tarif de l’assurance de base. Cela a notamment contribué à réduire les listes d’attente en chirurgie orthopédique aux HUG. Au final, ce sont les patients qui sont contents. Pour les Genevois, certains délais d’attente des HUG – dix semaines, voire plus –, même s’ils sont conformes aux bonnes pratiques internationales, sont beaucoup trop longs!
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Notre dossier plus détaillé à propos de: Vaud, Genève, Fribourg, Valais, Neuchâtel, Jura.