Eclairage. Les tarifs pour utiliser son smartphone à l’étranger baissent. Mais les vacanciers suisses ne sont toujours pas à l’abri de recevoir une facture bien plus élevée que prévu à leur retour. Nos conseils pour réduire les frais.
Sophie Gaitzsch
Partir en vacances d’été sans surfer sur l’internet depuis son téléphone portable: pour de nombreux voyageurs, cette perspective n’est tout simplement pas envisageable. Bonne nouvelle, les principaux opérateurs ont annoncé de nouveaux tarifs de roaming (ou «itinérance» en français) ce printemps. «Sous la pression politique et du public, nous observons une tendance des prix à la baisse», explique Stefan Meierhans, surveillant des prix de la Confédération.
Mais le roaming reste onéreux et utiliser son smartphone en vacances peut vite devenir très cher. Comparés à l’étranger, les tarifs que paient les Suisses sont élevés, car il n’existe à ce jour aucune régulation. «Les opérateurs dégagent des marges confortables grâce à l’itinérance. Les prix ne devraient pas être calculés en fonction de la taille du portefeuille des consommateurs, comme c’est le cas actuellement, mais des coûts générés.»
Comparaisons difficiles
La majorité des doléances reçues par le surveillant des prix concernent l’utilisation de l’internet mobile. «Le manque de lisibilité des offres des opérateurs, qui sont très compliquées à comparer et se distinguent par de petits détails, représente un problème, poursuit Stefan Meierhans. Par ailleurs, le prix de l’internet mobile est facturé par mégabyte, ce qu’il est difficile de traduire de manière concrète. Personne ne calcule combien de mégabytes représente le fait d’envoyer quelques photos de ses vacances à sa famille.» «Les utilisateurs de téléphone portable ne choisissent pas leur abonnement en fonction des prix du roaming, ajoute Nadia Thiongane, de la Fédération romande des consommateurs. Une fois à l’étranger, ils se retrouvent donc devant le fait accompli.»
Les solutions
Entre options d’itinérance pour le temps des vacances et astuces pratiques, il existe toutefois des moyens pour payer moins cher. Le premier réflexe consiste à se renseigner, avant de partir, auprès de son opérateur, sur les conditions, les prix et les options disponibles pour sa destination. Il ne faut par ailleurs pas oublier que les appels reçus à l’étranger sont payants.
Pour l’internet mobile, il est possible d’acheter des «packs de données» pour surfer à l’étranger. Nous avons comparé les offres des différents opérateurs pour 200 mégabytes, ce qui suffit amplement pour consulter ses e-mails, lire les journaux, utiliser des messageries comme WhatsApp et charger quelques cartes Google Maps pendant deux semaines de vacances.
Quant à la téléphonie, il existe aussi des offres pensées pour les vacances chez tous les opérateurs, qui comprennent parfois également des données. A noter que certaines sont reconduites automatiquement de mois en mois, mais peuvent être résiliées après un mois. La nouvelle option Travel Voice de Swisscom, qui débute en juillet, constitue un choix intéressant. Valable trente jours, elle propose 30 minutes de conversation et 30 SMS dans le monde entier pour 15 francs.
Vous partez en vacances...
En Europe
Pour ceux qui souhaitent continuer de surfer sur l’internet pendant leurs vacances en Europe, «l’achat d’un pack de données constitue un bon choix», commente Ralf Beyeler, spécialiste des télécommunications pour le comparateur en ligne comparis.ch. Les offres des trois grands opérateurs sont équivalentes: 200 mégabytes coûtent environ 20 francs. Chez Salt, l’option court jusqu’au 9 du mois suivant et est reconduite automatiquement. Il ne faut donc pas oublier de l’annuler à son retour.
«Il existe aussi des abonnements qui comprennent de la téléphonie et de l’internet mobile en Europe, poursuit Ralf Beyeler. Mais ils sont relativement chers et s’adressent aux personnes qui voyagent très régulièrement dans ces pays, par exemple pour affaires.» Les prix de ces forfaits, dont les conditions varient chez chaque opérateur, oscillent entre 100 et 179 francs par mois.
Aux états-Unis, au Canada
Au tarif standard (sans option d’itinérance), surfer sur l’internet avec son smartphone aux Etats-Unis ou au Canada coûte 665 francs par gigabyte de données chez Swisscom, 1024 francs chez Sunrise et même 15 360 francs chez Salt, selon comparis.ch. L’achat d’un pack de données avant son départ permet de payer jusqu’à trente fois moins cher. «Sunrise a adopté une approche intéressante et applique depuis début mai les mêmes tarifs pour cette région que pour l’Europe», remarque Ralf Beyeler, de comparis.ch. Le pack de données coûte ainsi 9,90 francs pour 100 mégabytes. L’abonnement Sunrise Freedom Max, pour 100 francs par mois, couvre aussi les Etats-Unis et le Canada. A l’autre bout du spectre des prix, le pack de Salt coûte 100 francs pour 200 mégabytes. Chez Swisscom, la même quantité de données est facturée 25 francs.
«Se munir d’un pack de données est judicieux, commente Ralf Beyeler. Mais acheter une carte SIM locale représente une solution encore plus avantageuse. La démarche est vraiment intéressante pour les Etats-Unis et le Canada, où le roaming est plutôt cher, alors qu’en Europe elle ne vaut pas forcément la peine car l’économie réalisée ne se monte qu’à quelques euros.»
Dans un pays exotique
Hors de l’Europe et de l’Amérique du Nord, «les prix varient énormément d’un pays à l’autre, constate Ralf Beyeler, de comparis.ch. Cela peut vite coûter très cher, avec l’internet mobile facturé 10 ou 15 francs par mégabyte et des minutes de conversation à 5 francs.» La possibilité d’acheter des packs de données existe, mais ces offres ne couvrent pas tous les pays et peuvent être assez onéreuses. Si l’on prend l’exemple du Brésil, Swisscom propose un pack de 200 mégabytes pour 25 francs. Pour la même quantité de données, l’offre de Sunrise se monte à 78 francs et celle de Salt à 100 francs.
«Pour les destinations lointaines, l’achat d’une carte SIM locale représente d’autant plus une solution avantageuse, poursuit Ralf Beyeler. Pour quelques francs, on obtient un produit local de bonne qualité. Dans de nombreuses destinations, par exemple la Thaïlande, le Vietnam ou Singapour, il s’agit d’une démarche très facile.»
Il faut toutefois tenir compte du fait que la couverture du réseau est parfois mauvaise et que l’internet mobile de dernière génération n’est pas disponible pour certaines destinations. «Sur une plage de Thaïlande, il n’y aura aucun problème, précise Ralf Beyeler. En revanche, la situation peut devenir plus compliquée dans les régions rurales.»
Cinq conseils pour éviter les mauvaises surprises
1. Désactiver le service «données à l’étranger» sur son téléphone et miser sur le wifi gratuit des hôtels ou des restaurants pour surfer sur l’internet.
2. Désactiver l’actualisation automatique des applications.
3. En cas d’utilisation de l’internet mobile, acheter un pack de données et éviter les vidéos, la musique, les podcasts, les systèmes de navigation et le téléchargement de nouvelles applications, qui utilisent une quantité importante de données.
4. Les clients de Swisscom et de Sunrise ont la possibilité d’adapter leurs paramètres d’itinérance via l’internet sur la page appelée «cockpit», accessible facilement depuis leur smartphone. Ils peuvent y indiquer qu’ils souhaitent utiliser des données à l’étranger uniquement sous forme de pack de données. Chez Salt, la modification des options de roaming est possible avec l’application Salt Mobile.
5. Désactiver sa boîte vocale.