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Christian Levrat: le taureau qui récitait des alexandrins

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Jeudi, 25 Juin, 2015 - 06:00

Portrait. Le président des socialistes suisses a remis les pendules de son parti à gauche, du côté de la justice sociale. Quitte à perdre plusieurs votations. Mais qui est Christian Levrat? Comment est-il devenu le parlementaire le plus influent du pays? Et que deviendra-t-il l’automne venu?

A Géraldine Savary qui lui parlait mariage, il déclarait sa flamme en alexandrins: «Oui, c’est l’unique but où tend ma destinée / Et je vous donne ici ma foi que dès demain / Je vais où vous voudrez recevoir votre main.»

Lui que beaucoup comparent à un taureau ou à un bulldozer sait se glisser dans un rôle, manier le verbe avec nuances. Le président du Parti socialiste suisse, Christian Levrat, 45 ans et une voix de basse, a tâté du théâtre quand il suivait le gymnase de Bulle. Face à celle qui siège aujourd’hui au Conseil des Etats pour le canton de Vaud, l’étudiant fribourgeois récitait du Molière dans L’école des maris, mince comme un fil. Tempi passati.

Aujourd’hui, on le connaît pour ses larges épaules. De celles qui assurent quand le parti perd en votations comme en ce dimanche 14 juin. Quelque chose de physique. Le courage de celui qui ne craint pas d’en découdre, de prendre des coups, d’en décocher, allié à l’intelligence du joueur d’échecs qui les anticipe. Ses coups, il les assène aussi bien en français qu’en allemand, comme récemment sur le plateau d’Arena. «Il vous faut retourner en classe de mathématiques, c’est incroyable, lance-t-il à Natalie Rickli lors du débat sur la redevance radio-TV. Avant de mettre à nu la jeune UDC zurichoise, rappelant qu’elle travaille pour une entreprise qui vend de la publicité pour les concurrents de la RTS. Qu’elle défendrait son employeur plutôt que la population.

«Intimidant, oui, il peut l’être», sourit le conseiller national Cédric Wermuth, ex-chef des Jeunesses socialistes et régulier contradicteur de son président. «On a intérêt à se préparer avant de l’affronter.» Les plus europhiles du parti le savent bien, les Roger Nordmann, Cédric Wermuth ou Eric Nussbaumer. A la suite du vote sur l’immigration de masse du 9 février, le président n’a pas aimé qu’ils insistent pour que le parti affiche une ligne plus offensive sur l’Europe. «Nous en avions parlé lors de quatre assemblées d’affilée. Tout le monde sait que nous sommes le dernier parti proeuropéen!» rétorque-t-il. Il sera beaucoup pardonné à Christian Levrat. «Il n’étouffe pas le débat, insiste Roger Nordmann. Comme président, il est le gardien de la tactique et de la communication. Il les maîtrise, et c’est sa force.» Bref, les socialistes s’estiment heureux parce que, s’il a parfois le pouvoir solitaire, «Christian» est l’homme de la situation, un leader naturel.

Dès lors, à quatre mois des élections fédérales d’octobre, nous avons tenté de comprendre comment Christian Levrat est devenu ce qu’il est, à savoir le parlementaire le plus influent du pays (lire L’Hebdo No 9 du 26 février), le faiseur de rois qui a permis l’ascension d’Alain Berset comme la chute de Christoph Blocher, mais aussi le président qui a stabilisé le Parti socialiste, qui l’a positionné à gauche et focalisé sur les questions économiques et sociales; et comment il défend sa ligne alors que les Suisses rejettent les initiatives de la gauche. Même si la dernière à avoir passé remonte à 1918…

Le Gruérien qui vise le château

Pour comprendre Christian Levrat, il faut prendre le train. «Son» train. Celui qui relie Berne à Bulle, qu’il a réussi à imposer avec le conseiller national UDC Jean-François Rime. Une petite heure et vous voici au cœur d’un amphithéâtre naturel qui court de la Dent de Broc au Moléson, dans une cité qui boome: Bulle, 7000 habitants il y a quarante ans, 25 000 aujourd’hui. Ici, la terre façonne de fortes têtes, des frondeurs épris d’indépendance. Sur la place du Marché, la statue de Pierre-Nicolas Chenaux en témoigne, le poing dressé contre le château, alors fief du bailli de Fribourg. En souvenir du soulèvement contre les familles patriciennes de Fribourg qui s’étaient emparées des alpages gruériens.

Aujourd’hui, le château de Bulle abrite toujours l’autorité, la préfecture, dont Christian Levrat a tenté l’assaut. C’était il y a quatorze ans, c’était sans doute un peu trop tôt. Il ne récolta que 16% des voix. Mais il influença déjà le cours de la politique. Son appel à voter Maurice Ropraz, actuel conseiller d’Etat, fit la différence et permit, pour la première fois de l’histoire, l’entrée d’un radical à la préfecture jusqu’alors PDC.

Entre cette Gruyère et Christian Levrat, c’est l’histoire d’une vie. «Pour la plupart, mes amis proches étaient déjà des copains d’école.» L’école, d’abord, sera celle de Vuadens, le village qui prolonge Bulle, où Christian Levrat a grandi avec son frère et sa sœur, où il habite encore avec son épouse enseignante et leurs trois enfants. Si la Gruyère a une âme, Christian Levrat habite tout près. S’il contemple l’horizon, il voit le Moléson. S’il longe le champ qui jouxte son jardin, il arrive à la Pinte des Colombettes, lieu mythique de l’hymne des armaillis: le Ranz des vaches et son lyôba déchirant. Et c’est à carnaval, tradition vivace dans la région, qu’il tombe amoureux de sa femme, une fille d’ici qu’il connaît depuis toujours. Un 14 février!

Martine et les enfants, 10 à 16 ans, il ne les expose pas. Même s’il en parlera souvent ce jour-là. «Poser avec sa famille, c’est peut-être bien pour l’image, cela donne un petit air de Kennedy des Alpes. Mais, au moindre problème, votre femme ou votre enfant se retrouvent dans le Blick.» Il admet ne pas avoir été un père très présent mais se dit plus disponible depuis quatre ans. «J’ai décidé d’être moins dans les médias, de laisser davantage de place à la relève en cette année d’élections.»

L’homme de gauche qui défend les paysans

Quand l’enfant, c’était lui, Christian jouait au foot avec ses potes des fermes d’à côté, râtelait les foins, gagnait quelques sous en piégeant des taupes. «Je ne vais pas raconter. Trop trash pour des oreilles citadines.» Aujourd’hui encore, bon nombre de ses copains sont agriculteurs ou fils d’agriculteurs. Alors, il est un domaine où il vote toujours contre son parti: «Je défends le revenu paysan, inférieur à la moyenne pour une tâche plus harassante que la moyenne.»

Il connaît la petite entreprise aussi. Son père, proche du Parti radical et de Jean-François Rime, dirigeait le garage Peugeot de Bulle et s’activait pour la Chambre de commerce. Sa mère a servi au lac Noir, puis s’est lancée dans la décoration. Rude en débat, le politicien a le verbe tendre quand il parle de ses parents, de ce qu’il leur doit. Des choses pratiques comme la cuisine. Des virées dans des villes d’Europe. Le goût pour la discussion politique, le théâtre, la lecture. Issus d’un milieu très modeste, de pères sans formation, les parents Levrat ont pu grimper l’échelle sociale «et nous en avons profité».

Le fils de garagiste qui veut étudier

Avant de grimper, Christian commence par trébucher. Quitter sa petite école de Vuadens pour rejoindre mille gamins à l’école secondaire «fut un petit choc. Résultat: 1,5 de latin, 3 de maths.» Ses enseignants ne lui trouvent aucune aptitude aux études. Ils veulent le sortir de la filière prégymnasiale. Il dit non, insiste pour redoubler. «Je voulais faire des études.» C’est lui qui veut, jamais ses parents ne l’ont poussé. «J’ai commencé à travailler.» A travailler sur lui, aussi. Sa mère, convaincue que ses problèmes scolaires proviennent du stress, l’envoie suivre des cours de sophrologie. Qui lui servent encore. Parce que, malgré toute la belle assurance qu’on lui prête, Christian Levrat a le trac. Il l’avait jeune homme avant d’entrer sur scène au théâtre. «Je l’ai toujours. Avant de commencer à parler, je deviens tout blanc et mon estomac se noue.» Mais il maîtrise. Quand vient l’angoisse, il applique les techniques de respiration apprises en sophrologie. «Tu pompes avec les mains, tu fais monter l’énergie et tu te calmes.»

Doué pour l’oral quand même, le jeune homme se distingue «par son goût prononcé du débat et une soif de comprendre quasi inextinguible», se souvient son ancien prof d’histoire, Jean-Marc Purro. Un cérébral, le président socialiste. Lui qui affirme avoir «appris à penser» avec un futur évêque: l’abbé Genoud, qui lui enseigna la théologie et la philosophie. «C’est la grande force de ces thomistes, cette approche hyperrationnelle.» Oui, il surprend parfois son monde, Christian Levrat, comme quand, lors d’un débat sur le fondement philo­sophique de l’initiative 1:12, il parle de la notion de justice chez Thomas d’Aquin alors que le PDC Pirmin Bischof, lui, se réfère à Max Weber. Croyant, actif aux jeunesses chrétiennes, il a accompagné des enfants à la confirmation, accompli des retraites à Taizé. La Weltwoche n’a pas tout tort quand elle lui prête un «habitus de jeune prêtre».

Christian Levrat n’est pas le type cool qui gratte une guitare pour épater les filles. Sous sa coupe en brosse, il rêve «de voyages sac au dos et de devenir avocat». Nourri par ses lectures, influencé par Camus et son sens de l’engagement, il fonde un groupe de solidarité avec le tiers-monde. Comme s’en souvient son ami Pierre Mauron, devenu son beau-frère, avocat à Bulle et président du groupe socialiste au Parlement fribourgeois: «Il a toujours mené mille activités de front. Jouer aux échecs à un niveau national, organiser un convoi pour soutenir Lech Walesa en Pologne, des stands pour Amnesty.» Soif d’agir et de saisir la complexité du monde. «Quand il a lu Dostoïevski, il a tout lu, idem pour Tolstoï et même San Antonio. A son arrivée à la Faculté de droit, à Fribourg, il insiste pour pouvoir aussi s’inscrire en philo.»

Le socialiste qui naît en Angleterre

Il entrera aux Jeunesses radicales. Parce qu’en Gruyère, c’est là que se passe le débat. Même s’il est déjà contre l’armée.

Le déclic socialiste vient plus tard. Un peu par hasard. Dans la première volée d’étudiants qui profite du programme Erasmus, il part pour l’Angleterre avec en tête une chouette année de vacances à apprendre l’anglais. Taratata. Un professeur de Leicester somme le jeune Helvète de passer un master en sciences-po. L’étudiant découvrira un pays ravagé par le thatchérisme, des infrastructures privatisées qui tombent en ruine, une pauvreté qu’il ne connaît pas.

De retour au pays, il met ses connaissances juridiques au service des demandeurs d’asile. Bénévolement. Puis Caritas créera un poste afin qu’il poursuive. Le passage à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) s’enchaîne naturellement. Durant ces années-là, Christian Levrat intervient à la télévision. Il devient un personnage public et adhère au Parti socialiste en 1998.

A Fribourg, il se lance dans un pas de deux avec un certain Alain Berset. On connaît la suite, la Constituante, qui se révèle un tremplin, la marche sur Berne en 2003, leur livre-programme Changer d’ère. Ils passeront à l’acte avec l’élection d’Eveline Widmer-Schlumpf. Poids lourds, toujours en avance d’une guerre, ils excellent en politique économique alors que l’UBS file la honte au pays, et ce seront eux qui, les premiers, réclament l’arrimage du franc suisse à l’euro.

De l’OSAR il part brusquement. L’organisation choisit un secrétaire général, pas lui, alors qu’il était candidat. Le Fribourgeois a 30 ans, un enfant, plus d’emploi. Nouveau hasard, on lui signale que le Syndicat de la communication cherche quelqu’un. Comme Pierre-Yves Maillard à la FTMH, Christian Levrat y soufflera un vent nouveau. Le grand retour du rapport de force. Un ancien cadre de La Poste évoque ce jeune homme «rusé, pointu, dur, qui mettait La Poste sous pression, proférait des menaces et les mettait à exécution». Comme quand il bloquera trois centres de tri postal.

Le président qui gagne

Sous la Coupole, ça bouillonne. L’opération Blocher a réussi, mais le Parti socialiste a subi une débâcle aux élections fédérales de 2007. Une ligne floue, trop gentille? La faute aux syndicats? Les opinions divergent, mais les regards convergent. Vers lui. Vas-y, sinon le parti vire à droite, lui disent Maillard et les autres. Il ira. Et prendra une de ces décisions qui changent la vie: il ne briguera pas le Conseil fédéral. Pour sa femme, devenir épouse de conseiller fédéral est exclu. Et les enfants sont trop petits. «Quant à moi, je n’étais pas prêt à ce sacrifice, cette charge de travail, cette vie sous surveillance.» Alain (Berset) ira, plus séducteur, plus diplomate, plus ambitieux. Levrat prend donc la présidence du Parti socialiste en mars 2008. Il le remet clairement à gauche et travaille avec ses nouveaux alliés du centre: le PDC et le PBD.
Plus nerveux qu’on croit, il peut se détendre après les élections fédérales de 2011: l’hémorragie socialiste est stoppée à 18,7%. Le parti perd 0,8%, bien moins que les autres. Il gagne même des sièges (parfois grâce à un résultat très serré) et onze socialistes déboulent à la Chambre des cantons. Du jamais vu. Quant à lui, il devient un sénateur écouté au-delà des frontières partisanes, fiable, fidèle à l’image qu’ont de lui les bourgeois de son canton. Il prouve qu’il sait changer de rôle. Tout en continuant, comme président, à proférer des menaces. Par exemple: pas de soutien à l’extension de la libre circulation des personnes sans renfort des mesures d’accompagnement. Une position qui aurait contribué à semer le doute avant le vote du 9 février. Pourtant, Christian Levrat n’en démord pas: une meilleure protection des conditions de travail reste «une nécessité absolue face à la pression migratoire».

Le président qui console

Aujourd’hui, à quatre mois des élections fédérales, la nervosité remonte et la jambe gauche de Levrat tressaute.

Les camarades gémissent après la récente série d’initiatives qu’ils ont soutenues mais que le peuple a refusées sèchement. Soupirs amplifiés par l’éjection du PS de deux exécutifs cantonaux cette année, à Lucerne et à Bâle-Campagne. Pourquoi passer tant de temps, dépenser tant d’argent à défendre des propositions issues d’autres groupements et qui ne convainquent pas ses propres électeurs? Le président qui bombait le torse après le oui à l’initiative contre les rémunérations abusives, qui affirmait que ce n’était qu’un début avant 1:12, le salaire minimum ou les forfaits fiscaux rassurait les troupes ce 14 juin, dernier dimanche de votations. Il s’est employé à rappeler que le parti a progressé dans les parlements, récemment à Lucerne et à Zurich. Et à défendre la ligne: «Même si elles n’émanent pas de nous, nous avons soutenu ces initiatives parce qu’elles vont dans le bon sens. Même perdues, elles déploient leurs effets. Durant la campagne pour un revenu minimum, des centaines de milliers de salaires ont été augmentés!» Et pas question de mettre le seul PS du côté des perdants: «A part l’initiative Minder que nous avons soutenue avec succès, aucune initiative portant sur des questions financières ou économiques n’a réussi, ni à droite ni à gauche.» A part le 9 février.

A la veille des fédérales, une autre inquiétude habite Christian Levrat: «Si le centre gauche perd sept sièges au Parlement, la majorité bascule.» Cette majorité qui a permis de belles avancées aux idéaux socialistes en cette législature, de l’énergie verte à la protection des travailleurs. Or, le PLR – cible préférée du président socialiste, qui n’a cessé d’attaquer les conseillers fédéraux Hans-Rudolf Merz puis Johann Schneider-Ammann – reprend du poil de la bête. Tandis que les alliés Verts, PDC et PBD perdent des plumes. Bref, le scénario qui verrait entrer un deuxième UDC au Conseil fédéral en décembre menace.

Un correctif que l’autre camp appelle de ses vœux. Fulvio Pelli, ex-président du PLR qui a beaucoup affronté le chef socialiste, critique son influence, néfaste à ses yeux: celle d’avoir entraîné le Conseil fédéral vers le centre gauche. Le Tessinois désapprouve ce gouvernement qui réglemente de plus en plus, l’aménagement du territoire comme le domaine financier. «Et puis Christian Levrat tient son parti trop à gauche, ce qui empêche toute collaboration. Sauf avec les partis qu’il a colonisés, comme celui d’Eveline Widmer-Schlumpf. A l’époque des présidents Hubacher et Bodenmann, le PS se montrait plus constructif avec nous.»

Le Ps qui doit renouer avec le PLR

Oui, travailler avec le PLR, ce parti qui a créé la Suisse et engendré de véritables hommes d’Etat, il faudra bien que le Parti socialiste passe par là pour sortir de l’impasse du 9 février et sauver les bilatérales. Idem pour réformer notre système de retraites. Renouer des liens, comme à l’époque de Franz Steinegger et de Pascal Couchepin. Comme dans le canton de Vaud où Pierre-Yves Maillard tient les affaires avec Pascal Broulis. Encore faudra-t-il dénicher ces PLR influents et progressistes avec lesquels les socialistes pourraient travailler au niveau national. A part Didier Burkhalter, on ne voit pas. De toute façon, personne ne bougera avant les élections. «Le PLR ne veut pas d’affrontement avec l’UDC. Après, le champ de négociations devrait être possible sur l’Europe ou la protection des travailleurs âgés», dit Christian Levrat. Il devra. D’autant plus que le Fribourgeois vivra un grand moment de solitude quand son ami Christophe Darbellay quittera la Coupole. Même âge, même job, même capacité à prendre des coups et même passion pour la politique, ils ont beaucoup «pédzé», comprenez: traîné à parler, plaisanté et bu des verres au lieu de rentrer.

L’homme qui a de l’avenir

Trêve de nostalgie, après l’automne électoral, qu’adviendra-t-il de Levrat? Démissionnera-t-il en vue du congrès ordinaire de 2016? Ou plus abruptement si le parti perdait sa place de deuxième force politique? Au contraire, restera-t-il pour renforcer encore le credo socialiste, son moteur personnel: la justice sociale, l’accès de tous à l’ascenseur social qu’ont connu ses parents tout comme lui? Il répond, laconique: «On verra APRÈS les élections.»

A plus long terme, monter sa petite entreprise, ça le démange depuis longtemps! Quant au classique fauteuil au Conseil d’Etat fribourgeois, ses proches pensent qu’il risque de s’y ennuyer. On le voit plutôt dans un combat inter­national, pour les réfugiés ou les victimes du sida. Parce que Christian Levrat, tout enraciné qu’il soit dans sa Gruyère natale, voit plus loin que le Moléson. Il a suivi la dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis, échange avec les camarades Sigmar Gabriel ou Frank-Walter Steinmeier, vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères allemands. Curieux des affaires du monde, il s’est rendu en Afrique du Sud, en Palestine. A Kinshasa, dans le cadre du Sommet de la francophonie, il a défendu la non-discrimination des homosexuels atteints du sida devant le Parlement congolais.

En Suisse, que dirait-il de la direction de La Poste, voire de sa présidence, lui qui connaît la maison? L’homme rougit. Mais ceux qui ont endossé des fonctions similaires se disent convaincus qu’il en aurait la trempe.

Et si finalement il tentait, une nouvelle fois, l’assaut du château?

Assis sur les marches de l’ancienne forteresse médiévale, le président du Parti socialiste suisse la regarde d’un sourire gourmand: «Préfet de Bulle, ça, c’est un job fantastique. Porte-parole de la culture et de l’identité gruériennes, il jouit de larges compétences, à la fois juge et président de l’Association des communes. Il décide seul. Pas besoin de se montrer collégial.» Un rôle taillé pour lui. Châtelain, Levrat pourrait se remettre aux alexandrins.

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Noe Flum / Zurich
DR / Jean-Roland Seydoux La Gruyère
DR / C. Haymoz La Gruyère / Alexander Egger Syndicom.ch / Steffen Schmidt Keystone
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