Balade. Du col du Grand-Saint-Bernard à Ferret, en passant par les lacs de Fenêtre à la beauté surnaturelle: un itinéraire aussi spectaculaire que peu fréquenté.
Un lieu envoûtant. Par sa nudité, son silence. Et par sa beauté qui tend au surnaturel. Surtout quand les lacs de Fenêtre sont encore partiellement recouverts d’une fine pellicule de glace au début du mois de juillet. Ou quand ils offrent la vision, en reflet, du Grand Golliat et du Mont-Blanc.
Avant de profiter de ce cadre intime, faut-il encore y arriver. L’itinéraire part du col du Grand-Saint-Bernard, de cette liaison entre l’Italie et la Suisse fréquentée depuis au moins cinq millénaires, comme l’attestent notamment des coutumes funéraires identiques pratiquées sur les deux versants du passage. La congrégation fondée par saint Bernard de Menthon, qui donna son nom à cet axe, s’y établira au XIe siècle en y édifiant l’hospice pour apporter réconfort et sécurité aux voyageurs.
La frontière traversée, le tracé longe sur quelques centaines de mètres la route avant de s’élever gentiment en direction de la Fenêtre de Ferret, de la Suisse. Une montée accompagnée de cris de marmottes. Les derniers lacets franchis, les 2695 mètres d’altitude atteints, le panorama porte alors sur les Alpes italiennes, françaises et suisses.
C’est d’ailleurs par ce même «passage constamment couvert de neige qu’on transporte à l’hospice le bois de la vallée de Ferret» où le couvent du Saint-Bernard est propriétaire d’une forêt de sapins, précise le Dictionnaire géographique et statistique de la Suisse dans son édition de 1836. Une exploitation sylvestre qui avait débuté en 1189 pour s’arrêter en 1905, quand le train est arrivé à Orsières et que le charbon a remplacé le bois.
De ce col commence la descente sur les trois lacs, le long de la Têtede-Fonteinte. Et, au fil des pas, les contours des plans d’eau deviennent toujours plus concrets. Le premier d’entre eux, le plus séduisant de par sa forme, sa position dominante sur la vallée et son ouverture sur les sommets, se découvre pleinement depuis la butte par laquelle il faut passer avant d’atteindre ses rives. D’ici, la vue se focalise sur le Mont-Dolent ou encore les Grandes Jorasses. Surprenant.
Imprégnée de cette nature sereine, épargnée, la balade reprend en direction de Ferret, pour une longue descente sur un sentier bordé de chutes d’eau, de massifs de rhododendrons ou encore d’anthyllides alpestres avec, en face, le glacier de l’A Neuve, les Aiguilles-Rouges et le Tour-Noir. Seul et unique regret: l’absence, en cette période, de bouquetins, qui occupent le «plateau» au printemps et reviennent en automne.
Le parcours (facile): col du Grand-Saint-Bernard – Fenêtre de Ferret - lacs de Fenêtre – Ferret.
Durée: 4 h 30.
Cette balade s’effectue de fin juin à septembre en raison de la neige.
Transport: d’Orsières au col du Grand-Saint-Bernard en bus. Et retour en bus depuis Ferret.
L’hospice, son histoire, son musée, ses possibilités de retraite et de logement: www.gsbernard.net
Pour découvrir ou redécouvrir le passé du col du Grand-Saint-Bernard, de la préhistoire au XXe siècle, lire l’article du «Dictionnaire historique de la Suisse». www.hls-dhs-dss.ch
AUTRES ITINERAIRES
Bisse de Niwärch
Dans le sauvage Baltschiedertal
Creusé dans une paroi abrupte, avec des passages vertigineux au-dessus d’un vide de centaines de mètres, le bisse de Niwärch s’impose comme l’un des plus spectaculaires du Valais. Sa construction, datant du XIVe siècle, magnifie d’autant cette balade.
Perchée sur le flanc ouest de la vallée du Baltschiedertal, cette étape aérienne requiert de petits efforts pour la rejoindre. Au départ du village d’Ausserberg, monter en direction du hameau de Niwärch et se diriger ensuite, à travers des prairies sèches, vers Choruderri. Là, l’aventure commence. Se succèdent alors des pontons de bois accrochés à la falaise, avec des cordes comme main courante, des passes étroites sur des planches, de petits tronçons dans des pierriers. Puis, très vite, le cheminement retrouve tout son calme jusqu’à Ze Steinu avec, au fond de la vallée, le Stockhorn. Le retour à Ausserberg s’effectue par le bisse inférieur de l’Undra.
Le parcours (prudence conseillée): Ausserberg – Niwärch – Choruderri – Ze Steinu – Mili – Ausserberg.
Solution de rechange au passage vertigineux: un tunnel qui part aussi de Choruderri.
Durée: 4 heures.
Arolla – La Gouille
Pique-nique au lac Bleu
Jolie promenade parmi les mélèzes et les aroles, sur un sentier agréable d’où il est possible d’apercevoir des chamois et des marmottes. Destination le lac Bleu, un plan d’eau qui doit sa couleur vive à l’action conjuguée des algues et des argiles glaciaires. Superbe. Et plus encore en automne.
Le parcours (facile): Arolla – Pramousse – lac Bleu – Louché – La Gouille. Et retour en bus.
Durée: 2 h 15.
Tour du Mont-Noble
A la découverte de l’Ar du Tsan
A chaque fois, c’est la même surprise, le même plaisir en arrivant à l’Ar du Tsan, un marais d’altitude qui s’est développé le long des méandres de la Rèche. Ce site magnifique, d’importance nationale, recèle notamment une flore palustre rare en Europe. Cette balade sur les hauts du vallon de Réchy part de l’alpage du Chieso, emprunte ensuite le versant est du Mont-Noble avant de parvenir à la cascade qui jaillit du marais. De ce plateau, il faut grimper au col de Cou et redescendre avec un coup d’œil sur le Mont-Blanc ou encore sur les Dents-du-Midi.
Parcours (facile): Le Chieso – l’Ar du Tsan – col de Cou – Tête-des-Planards – Le Chieso.
Durée: 4 heures.
