Danse. Prof de danse orientale à Fribourg, Maryam Ribordy a renoué avec ses racines iraniennes grâce à ses enfants.
Magnifiques yeux marron et chevelure aux reflets auburn, sourire lumineux et corps sensuel, Maryam Ribordy, professeure de danse orientale, a tout pour elle. Psychologue de formation, cette mère de quatre adolescents est aussi titulaire d’un postgrade en dansethérapie à Genève. «J’aime la vie, même dans les moments difficiles. J’ai cette étincelle de vie que mes parents ont perdue. Je dis toujours à mes élèves: «Même quand on descend très bas, il faut garder cette part de rêve qui nous donne envie de remonter.» Pour Maryam, cette étincelle de vie, c’est la danse orientale, qu’elle a découverte à 16 ans. Depuis, elle n’a cessé de se passionner pour cet art. Voici douze ans, elle a ouvert sa propre école au centre de Fribourg. Elle donne également des cours à Lausanne et des stages dans toute la Suisse romande.
Que de chemin parcouru depuis son arrivée en Suisse! Elle a alors 10 ans et a fui son pays, en compagnie de sa famille, depuis deux ans déjà. «Je suis née et j’ai grandi dans le nord de l’Iran. Il y avait les montagnes et la mer. C’était la Suisse de l’Iran.» Mais la guerre contre l’Irak éclate. Professeur de chimie, maths et biologie et directeur d’un collège pour garçons, son père est alors opposé au régime né de la révolution islamique. «Notre maison est devenue un refuge pour les jeunes hommes qui ne voulaient pas partir à la guerre et un lieu de passage pour les moudjahids. Une femme a fini par nous dénoncer, sous la torture, et mon père a été jeté en prison où il a fait une grève de la faim.» La mère de Maryam, couturière-styliste, récupérera son mari au bord de la mort. Une cousine infirmière le sauvera, restant plus de deux mois à son chevet. «Dès qu’il a pu marcher, nous avons fui en n’emportant rien d’autre que les habits que nous avions sur nous, car notre maison était surveillée.» Des passeurs les emmèneront en Irak où la famille séjournera deux ans, dans des camps, mais également au sein d’une tribu nomade kurde, «les meilleurs souvenirs» de la vie de Maryam.
Dualiste et accueillante
La Suisse accueille la famille à bras ouverts en 1985. Maryam s’intègre très rapidement. «Trois mois après notre arrivée, je servais de traductrice aux autres Iraniens. J’ai tout fait pour être considérée comme une Suissesse.» Ses parents, eux, ont de la peine à refaire surface. «Ils ont épuisé leur réservoir d’énergie. Par la suite, ils ont fait des petits boulots.»
La jeune femme épouse un avocat de la place à 19 ans et est mère de quatre enfants à 25 ans. Son côté iranien? «Je suis très dualiste; à mes yeux, c’est blanc ou noir. J’aime également beaucoup inviter et recevoir. Mes racines sont iraniennes, mes valeurs sont suisses.» De fait, ce sont ses enfants qui lui ont de nouveau donné envie d’être Iranienne. «Physiquement, ils sont différents de leurs copains. Ils jouent là-dessus. Ils revendiquent les deux moitiés, mais paisiblement; ils ne veulent pas connaître les traumatismes vécus par la famille. Leur côté iranien est une richesse.»
Ce que les Helvètes devraient apprendre de ceux qui viennent d’ailleurs? «La confiance dans l’autre et ne pas mettre tous les étrangers dans le même sac. Nous avons aussi des choses à apporter aux Suisses…»
Ecole de danse orientale et thérapie, chemin Monséjour 11, Fribourg
Née en Iran
Prénom: Maryam
Nom: Ribordy
Profession: professeure de danse orientale
En Suisse depuis: 1985
Nationalité: suisse
Du Kosovo au Chalet suisse
Le prince indien du Valais
La Suisse comme deuxième patrie
Le cinéphile qui se rêvait explorateur
Le trader devenu glacier
Les meilleures empanadas de Lausanne
Mauro Botazzi, l’Italie au cœur
Au croisement des nationalités
Une passion pour l’art suisse
Un coin d’Espagne aux Pâquis
L’héritage des saisonniers
Racines iraniennes, valeurs suisses
Le chef dont le Tout-Berne raffole
L'homme qui ne s’arrête jamais
Un barbier kurde en quête d’identité
La mélodie du Tennessee
Un pionnier de l’hôtellerie
Le chef qui aimait «Othello»
La kiosquière qui se rêve horlogère
Entre deux notes, une raclette africaine
Sur l’alpe, un provocateur musical
Reine du gommage oriental sur Léman
