Analyse. Quelle est la visibilité des conseillers nationaux et aux Etats suisses sur les nouvelles plateformes de communication?
Texte Matthias Halbeis
Infographie Priska Wallimann
En démocratie directe, le mode de formation de l’opinion publique évolue: les citoyens sont toujours plus nombreux à préférer Facebook ou Twitter au café du Commerce. Strategiedialog21, une fondation qui entend promouvoir le débat constructif en politique suisse, a examiné le phénomène de plus près. Sa directrice, Nathaly Bachmann Frozza: «Nos analyses établissent clairement que les jeunes surtout – les citoyens de demain – utilisent déjà intensivement les médias sociaux pour se forger une opinion.» C’est pourquoi ces canaux sont de plus en plus importants en politique.
Strategiedialog21 a voulu savoir quels parlementaires sont particulièrement visibles sur les médias sociaux et a fait évaluer par des experts les 246 conseillers nationaux et conseillers aux Etats. Le chiffre Klout sert de base. Cette valeur est fournie par l’entreprise américaine du même nom, à l’aide d’un algorithme secret, et indique le rayon d’action d’une personne sur l’internet. Cette valeur – plus elle est élevée, meilleure elle est – dépend du nombre de followers et du nombre de réactions que suscite une intervention sur la Toile.
Jeunes et urbains en tête
Les auteurs de l’analyse ont confronté avec le chiffre Klout le nombre d’interventions et le taux d’absence. Il en ressort que ceux qui se montrent zélés et sont rarement absents sont aussi les plus présents sur les médias sociaux. Selon Nathaly Bachmann Frozza, on peut en conclure que, pour les politiques, il reste important de faire du travail politique classique, «mais, en même temps, ils ne doivent pas négliger les réseaux sociaux, car ce sont eux qui contribuent à la communication directe avec le citoyen».
Les couronnés de Klout utilisent aussi le fil direct avec leur base. Ils publient des interventions, commentent tel développement et – c’est essentiel – réagissent aux commentaires. Selon Strategiedialog21, les plus jeunes et les plus urbains sont les plus actifs. Le peloton de tête le montre: parmi les dix meilleurs, on ne trouve que des parlementaires jeunes (des deux sexes). A l’instar de l’élue Verte de la ville de Berne Aline Threde, 32 ans, de son collègue de parti zurichois Balthasar Glättli, 43 ans, et du socialiste vaudois Jean Christophe Schwaab, 36 ans.
Reste que des élus plus âgés se débrouillent également bien sur les médias sociaux, comme le suggère le onzième rang de Christoph Mörgeli, 55 ans, UDC zurichois, qui toutefois finit toujours par gaffer sur les réseaux. Exemple: un post sur Facebook montrant un esquif surchargé de réfugiés avec le commentaire: «Les experts arrivent.»
© Ringier Infographics /Sonntagsblick
traduction et adaptation Gian Pozzy