Quantcast
Channel: L'Hebdo - Cadrages
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2205

Miracle suisse: les ingrédients d’une recette qui fait des jaloux

$
0
0
Jeudi, 17 Septembre, 2015 - 06:00

Dossier. François Garçon publie une ode à la réussite helvétique. Une lecture agréable et instructive alors que les conditions-cadres qui ont favorisé notre prospérité sont remises en cause.

Il est loin, le temps où la Grande Nation servait de phare au monde entier. Le french bashing (l’expression est anglaise, et ce n’est pas un hasard) est à la mode. C’est un vrai filon éditorial, comme l’ont montré le succès du pamphlet d’Eric Zemmour Le suicide français ou la fiction autoflagellatrice de Michel Houellebecq Soumission, il y a quelques mois.

Auteur du Modèle suisse en 2011, François Garçon pratique une variante beaucoup plus constructive du dénigrement français. Il compare avec un autre pays, la Suisse, pour mettre en avant les faiblesses de la France et suggérer quelques pistes d’amélioration ou d’inspiration (lire son interview en page 10). Sa nouvelle ode à nos vertus, qui paraît ce 17 septembre, s’intitule La Suisse, pays le plus heureux du monde. Il y combat les clichés et réhabilite avec conviction nos qualités. Il explique que, si nous sommes champions dans les classements de compétitivité, cela n’est dû ni au hasard ni à notre seule place financière.

Vues de Suisse, ses louanges sont appréciables. Le sentiment d’être méprisés par les élites françaises, ou tout simplement ignorés, domine l’histoire de nos relations compliquées avec notre grand voisin.

Pourtant, si le livre de François Garçon tombe bien pour les Français, en panne de solutions pour faire redémarrer leur économie et pacifier le climat civil, il constitue peut-être pour nous un cadeau empoisonné.

Cet exercice flatteur de comparaison risque de nous faire verser dans l’autosatisfaction stérile, l’autre face du manque de reconnaissance. La persistance de la crise dans l’Union européenne nourrit chez nous un certain aveuglement sur l’état de la Confédération. Comme dans un magasin de porcelaine, il ne faudrait rien changer, rien bousculer, alors qu’au contraire tous les succès de la Suisse dans la longue durée viennent de sa capacité à s’adapter pragmatiquement à son environnement international.

L’auteur met en avant l’atout de la démocratie directe qui fabrique du consensus, de la responsabilité citoyenne, et corsète les tendances à l’expansion folle de l’Etat. Il encense le système alors que celui-ci vient de connaître un de ses plus grands ratés avec la votation du 9 février 2014. L’acceptation de l’initiative «Contre l’immigration de masse» marque une rupture avec la sagesse et la modération dont fait traditionnellement preuve le peuple quand on lui soumet des propositions «déraisonnables», selon l’auteur, comme celles de s’accorder plus de vacances ou d’introduire un salaire minimum. Réputée hyperprévisible et fiable, la Confédération ne l’est plus ni pour les investisseurs ni pour les diplomates.

Pour les lecteurs helvétiques, la description minutieuse de notre système de formation et de notre capacité d’innovation est particlièrement intéressante. François Garçon pointe du doigt un aspect méconnu: notre tissu de PME nettement plus orientées à l’exportation que l’allemand et, bien sûr, le français. Mais il minimise l’impact du 9 février sur cette précieuse internationalisation de l’économie et de la recherche tout comme il ne s’étend guère sur celui, potentiellement ravageur, du franc fort sur notre position de premier de classe.

Edition: 
Rubrique Print: 
Image: 
Dessin original Matthias Rihs
Rubrique Une: 
Auteur: 
Pagination: 
Pagination visible
Gratuit: 
Contenu récent: 
En home: 
no

Viewing all articles
Browse latest Browse all 2205

Trending Articles