Jura, Berne francophone. Pas d’à-coups sur le marché le moins cher de Suisse romande. Sauf à Bienne et ses alentours, où les promotions tirent les prix vers le haut.
Patricia Meunier
Très orienté sur la villa individuelle, le marché immobilier jurassien respire le calme. Il n’y a pas eu de hausse exagérée des prix comme dans d’autres régions romandes. Les biens résidentiels restent abordables pour un large public d’acheteurs. Du côté de la demande, la région étant caractérisée par une industrie d’exportation importante, elle pourrait subir le contrecoup de l’incertitude en lien avec l’emploi.
Une terre pour investir
Les investisseurs en quête de rendement s’intéressent à l’option Jura. Il n’y a pas de pénurie et il ne faut pas se battre contre des prix trop élevés comme dans d’autres cantons.
Les acquéreurs de logements pour propre usage tendent à se fixer à proximité des villes principales et des axes de transports. Dans ces zones, le marché de la propriété garde son importance, influencé par des conditions d’emprunt à taux bas.
«Les constructions se concentrent sur des lieux dynamiques comme le Noirmont, Saignelégier, Porrentruy ou Alle. Et surtout, dans le district de Delémont, à Courtételle, Courrendlin et Courroux. Il s’agit principalement de maisons individuelles et, de plus en plus, de petits immeubles locatifs ou en PPE», explique l’architecte-aménagiste Dominique Nusbaumer, ancien responsable de l’aménagement du territoire du canton du Jura.
Dans la capitale jurassienne, située à moins d’une demi-heure de Bienne et dont la population s’accroît à un rythme soutenu, toute une série de nouveaux projets sont en cours. Au centre, l’écoquartier du Gros Seuc prévoit la construction de 300 logements, dont 10% en loyers modérés. Ou encore le complexe immobilier Bonhôte qui offrira une soixantaine d’habitations.
Des prix toujours sereins
Le Jura reste l’un des cantons les moins chers de Suisse. A titre d’exemple, un 4,5-pièces neuf situé sur un des axes principaux se paie entre 4000 et 4500 francs le mètre carré.
Selon les chiffres du CIFI, le prix d’une PPE a progressé de 3,8% en une année. Pour une villa, la hausse annuelle se monte à 4%. «Les prix des maisons individuelles ont eu tendance à augmenter jusqu’en début d’année. En revanche, au troisième trimestre 2015, on constate une stabilisation», analyse Philippe Kaufmann, responsable de la recherche immobilière au Credit Suisse.
Selon Wüest & Partner, les prix les plus élevés pour une habitation standard de 120 m2 se trouvent tout au sud du Jura bernois, dans la commune de Mörigen, aux portes de Bienne sur la rive gauche du lac, et, juste en face, à Douanne-Daucher, avec respectivement 993 000 francs et 1 065 000 francs. «Dans la région de Bienne, le taux de vacance dans le segment de la location devrait augmenter en 2016 à cause d’une forte activité de planification depuis 2013», explique encore Philippe Kaufmann.
Le marché local est caractérisé par des loyers faibles dans les immeubles anciens, souvent vétustes, et par quelques nouvelles réalisations de qualité, dès lors plus chères. «De grands projets urbanistiques sont prévus au bord du lac, à Nidau. La question d’une suroffre à venir se pose dans cette région», précise encore Hervé Froidevaux, du cabinet de conseil Wüest & Partner.
Les prix des biens les plus bas se retrouvent dans les communes de La Chaux-des-Breuleux et du Bémont situées dans le district jurassien des Franches-Montagnes. Un appartement standard y coûte approximativement entre 360 000 et 390 000 francs. Quant au Jura bernois, il affiche des prix très proches de ceux du canton du Jura. Il reste parmi les zones les moins coûteuses de Suisse.
Sommaire:
Vaud: les années de croissance soutenue des prix sont terminées
Genève: le marché atterrit en douceur, mais il reste cher et compliqué
Fribourg: la détente du marché vaudois menace les promoteurs fribourgeois
Valais: en plaine, les prix progressent. En montagne, ils sont sous pression
Neuchâtel: le haut du canton retrouve son rythme de croisière
Jura & Berne: un marché stable et empli de quiétude