Neuchâtel: le haut du canton retrouve son rythme de croisière

Jeudi, 24 Septembre, 2015 - 05:55

Après avoir brièvement flirté avec la pénurie, les Montagnes regorgent de nouveau de logements abondants et bon marché. Ailleurs, la stabilité est toujours de mise.

Patricia Michaud

La tension aura été de courte durée. Alors qu’en 2013 le marché immobilier du haut du canton de Neuchâtel connaissait un inhabituel coup de chaud – dopé notamment par l’activité horlogère –, les choses sont revenues à la normale. «L’intensité de la demande est globalement à la baisse dans cette région», observe Yvan Schmidt, partenaire chez iConsulting. Ce retour de balancier, le président de la section neuchâteloise de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier (USPI), Patrice Pasquier, le met sans surprise en lien avec la dégradation de l’optimisme chez les fabricants de garde-temps. Le taux de chômage a bondi dans la branche depuis le début de l’année, confirment des chiffres publiés par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

La détente «s’apprécie particulièrement à La Chaux-de-Fonds, qui n’est pas loin de se retrouver hors pénurie avec un taux de logements vacants de 1,47% cette année (contre 1,23% en 2014)», souligne Gérard Geiser, chef du Service cantonal de statistique, se basant sur des données provisoires. Pour mémoire, un marché est considéré comme équilibré si ce pourcentage dépasse 1,5%. Au Locle, le taux de vacance fait une remontée encore plus fulgurante, passant de 2,65% à 4,11%. Couplée à la douceur des prix (un 4 pièces en location coûte en moyenne 1080 francs sans les charges à La Chaux-de-Fonds et 836 francs au Locle), l’augmentation de l’offre va-t-elle attirer de nouveaux habitants dans la région? Rien n’est moins sûr, les observateurs s’attendant plutôt à une poursuite du ralentissement en 2016.

Grande constance

Ailleurs dans le canton, la stabilité a continué à régner en maîtresse en 2015, à l’image de ces dernières années. «On est loin du grand écart enregistré d’un an à l’autre sur l’arc lémanique», commente Patrice Pasquier. Si on le compare avec un canton au dynamisme assez similaire sur dix ans, à savoir Fribourg, on constate que Neuchâtel a fait preuve entre 2014 et 2015 d’une grande constance des prix des PPE et des villas, selon des chiffres du CIFI. Le président de l’USPI Neuchâtel n’en sent pas moins un tassement se profiler du côté de certains types de biens. «Les professionnels de l’immobilier ont dû consentir cette année des baisses de l’ordre de 5% sur les logements de seconde main.» Le spécialiste estime que les maisons et appartements neufs échapperont encore à ce phénomène en 2016. Mais il n’exclut pas que leurs prix s’adoucissent davantage «si le ralentissement économique se poursuit».

Sur le front de la demande, le marché neuchâtelois sent passer les incertitudes ambiantes, qui «rendent les clients frileux, poursuit Patrice Pasquier. Depuis quelques années, il est devenu plus facile de vendre des appartements de petite taille. A l’inverse, les objets de luxe s’écoulent mal.» Le président de l’USPI Neuchâtel évoque notamment les points d’interrogation entourant l’Hôpital neuchâtelois, en raison desquels «certains médecins n’osent plus acheter». Les habitants du canton n’en sont pas pour autant devenus totalement réticents à l’acquisition de leur propre nid. «Je n’ai pas observé d’effet de report sur le marché locatif. Je crois que les gens réussissent à trouver, avec le temps ou grâce à des aides de la famille, les 10% de fonds nécessaires en complément de leur 2e pilier. D’autre part, la reconnaissance du salaire de l’épouse par les banquiers facilite aussi la tenue des charges.» La preuve? Neuchâtel, conclut Patrice Pasquier, a vu la part des propriétaires croître «de 2 à 3% ces dernières années».