Zoom. L’Association pour la promotion du cinéma en Suisse a remis son premier Filmmaker Award, un prix d’encouragement doté de 100 000 francs.
Stéphane Gobbo
Dans un pays comme la Suisse, où le cinéma est en grande partie subventionné par l’Etat et le service public, chaque initiative privée qui apporte un soutien aux producteurs et réalisateurs est à saluer. Comme celle de l’Association pour la promotion du cinéma en Suisse, fondée en décembre dernier, qui s’est donné pour noble mission de décerner chaque année un Filmmaker Award doté de 100 000 francs à un long métrage – fiction ou documentaire – ayant besoin d’un financement supplémentaire pour pouvoir démarrer son tournage ou achever sa postproduction.
Cette association d’utilité publique, née sous l’impulsion de Georges Kern, CEO de la marque horlogère IWC Schaffhausen, et réunissant le réalisateur Marc Forster, les directeurs du Zurich Film Festival (ZFF), Nadja Schildknecht et Karl Spoerri, ainsi que le CEO de Ringier (éditeur de L’Hebdo), Marc Walder, a reçu quarante-trois dossiers. Quatre finalistes ont d’abord été retenus par un jury, avant que, dans le cadre du ZFF, le lauréat ne soit dévoilé. Ou plutôt les lauréats, puisque le chèque a finalement été divisé.
Exporter le cinéma suisse
Composé de Marc Forster, Georges Kern et Karl Spoerri, le jury a en effet décidé de récompenser non pas un, mais deux des finalistes. Les producteurs Bernhard Burgener et Norbert Preuss, ainsi que le réalisateur Michael Steiner, ont ainsi reçu 75 000 francs pour Und morgen seid ihr tot, une fiction basée sur l’histoire vraie de deux ressortissants suisses kidnappés par les talibans au Pakistan en 2011, et dont le tournage doit démarrer en février prochain en Inde. De leur côté, la productrice Lisa Blatter et le réalisateur Jan Gassmann se sont vu remettre 25 000 francs pour le documentaire Europe, She Loves, déjà tourné, et qui brosse le portrait de cinq couples luttant pour survivre dans une Europe en crise. Les prix ont été remis par l’acteur autrichien Christoph Waltz, homme de théâtre révélé au cinéma par Quentin Tarantino.
Ces deux projets, espère l’Association pour la promotion du cinéma en Suisse, ont tout pour bénéficier d’une large distribution. Car c’est là son ambition: permettre au cinéma helvétique, souvent confiné sur son territoire, de partir à l’assaut des marchés internationaux, avec l’espoir louable que le succès appelle le succès, ou du moins attire l’attention sur une cinématographie qui reste, il faut bien l’avouer, fort discrète sur la scène européenne.