Eclairage. Malgré les risques qui pèsent sur la représentation féminine, la relève existe. Du côté des hommes, certains élus peuvent craindre pour leur siège.
Genève alerte à gauche
Dans ce canton aussi, la représentation féminine peut régresser. La gauche est en état d’alerte maximale. En 2011, elle avait raflé 7 des 13 sièges de la députation, étant ainsi surreprésentée par rapport à sa force électorale. Aujourd’hui, le PS comme les Verts risquent de perdre les sièges que viennent de quitter Maria Roth Bernasconi et Ueli Leuenberger au National. S’il n’est pas exclu que l’extrême gauche gagne un siège, il est plus probable que le centre droit se renforce.
Le PLR et le PDC, dont les sortants n’ont rien à craindre, affichent un regain de forme dans ce canton. Le premier table sur l’administrateur et consultant Benoît Genecand, le second sur la vigneronne indépendante Claude Bocquet-Thonney, dont le profil rappelle beaucoup celui du conseiller d’Etat Luc Barthassat.
Quant à la droite dure (deux sièges pour l’UDC et un pour le MCG), qui a récolté 26% des suffrages au total, elle devrait maintenir ses positions.
Vaud
Femmes connues et reconnues
Dans ce canton, les femmes ne risquent pas grand-chose: leur action est connue et reconnue, à l’image de celle de Cesla Amarelle, la socialiste qui a accompli une première législature brillante. Ce sont plutôt les coups de poignard entre amis qui ont défrayé la chronique ces derniers mois. Ainsi, la présidente de l’UDC Fabienne Despot a survécu de justesse à un scandale qui l’a vue enregistrer illégalement une séance à l’insu de certains de ses colistiers. Après avoir lavé tant de linge sale en public, le parti aura de la peine à maintenir ses quatre sièges. Quant au PDC, il n’a pas réussi à arbitrer le conflit entre ses deux illustres retraités: le doyen du Parlement Jacques Neirynck (84 ans) et l’ancien directeur de La Poste Claude Beglé (66 ans), qui se retrouvent sur deux listes séparées.
Alors que le PS (25% de parts électorales et six sièges) doit se battre pour confirmer son triomphe de 2011, le PLR rêve de profiter des bisbilles internes de ses adversaires. Réunis pour la première fois lors d’une échéance nationale depuis leur fusion, radicaux et libéraux devraient gagner un siège, probablement au détriment de l’UDC ou du centre. Malgré cela, les places seront chères. Deux prétendants, le président du parti cantonal, Frédéric Borloz, et le syndic de Montreux, Laurent Wehrli, ont de bonnes chances d’être élus. Ces deux machines à serrer des mains menacent le sortant Fathi Derder qui, lui, a souvent boudé les assemblées cantonales de son parti.
Valais
Une favorite pour succéder à Darbellay
Trois bêtes politiques, Christophe Darbellay (PDC), Stéphane Rossini (PS) et Oskar Freysinger (UDC) viennent de quitter l’hémicycle. Bonne nouvelle ici! Le président du PDC pourrait être remplacé par une femme: syndique de Grimisuat, Géraldine Marchand Balet mène une campagne gigantesque qu’elle chiffre à 90 000 francs, mais que les observateurs estiment à plus du double. Envoi de 30 000 lettres, distribution de 4000 bouteilles de sirop, participation à une Ladies Night: on la voit mal échouer.
Le Valais gagne cette année un huitième siège au Conseil national, sur lequel lorgnent tous les partis. Avantage au PDC et à l’UDC, les partis les mieux implantés dans le haut du canton. La nouvelle députation comptera beaucoup de nouvelles têtes: outre Géraldine Marchand Balet pour le PDC, Franz Ruppen et éventuellement Grégory Logean pour l’UDC, Gaël Bourgeois pour le PS si celui-ci conserve son deuxième siège, Léonard Bender ou Philippe Nantermod si le PLR gagne un second mandat.
Neuchâtel
Gare au scénario catastrophe
Pour les femmes, le scénario catastrophe, soit leur disparition totale des deux Chambres, n’est pas à écarter après le départ de Sylvie Perrinjaquet (PLR) et de Francine John-Calame (Les Verts). Les hommes rafleront-ils toute la mise? Le PLR a de réelles chances de sauver l’honneur féminin avec Marlène Lanthemann, enseignante secondaire et conseillère communale à Milvigne. Lors de la désignation des candidats de son parti, elle a viré en tête, mais ses colistiers masculins ne lui feront pas de cadeaux.
Le canton de Neuchâtel perdant l’un de ses sièges au Conseil national, la grande question est de savoir quel est le parti qui en fera les frais. La chance du PLR réside dans l’affaiblissement de l’UDC, qui pourrait perdre son unique siège. A gauche, le PS maintiendra ses positions, tenues par deux hommes, Didier Berberat et Jacques-André Maire. Sur la liste des Verts, très équilibrée, les espoirs féminins reposent sur la cheffe de l’Office de la politique familiale et de l’égalité du canton, Nicole Baur.
Fribourg
Trois Femmes sous haute pression
Elles avaient été aspirées au Conseil national dans le sillage de la tornade Berset-Levrat, en seront-elles chassées au moment où celle-ci sera apaisée? Valérie Piller Carrard et Ursula Schneider-Schüttel jouent leur survie à Berne sur une forte liste socialiste avec deux outsiders ambitieux: Pierre Mauron, député et président de l’Asloca, ainsi que David Bonny, président du Grand Conseil. Si elles échouent, l’électorat des camarades sera déchiré: dommage pour l’égalité des sexes, dont le PS se fait le chantre, mais force est de reconnaître que les deux sortantes ne se sont pas imposées à Berne.
A Fribourg, l’UDC, emmenée par un Jean-François Rime devenu président de l’influente USAM, convoite un second siège qu’elle avait raté de justesse en 2011. Elle compte sur Emanuel Waeber pour le ravir au PDC ou au PS. C’est le parti de Dominique de Buman et de Christine Bulliard-Marbach. Encore une femme menacée! Voilà quatre ans, le PDC avait chuté de 4,5% et n’avait dû son deuxième mandat qu’à ses apparentements au centre droit. Il perd d’ailleurs cette année l’un de ses alliés, le PBD.
Jura surprise possible
Dans les médias, ces élections se résument au duel qui oppose Anne Seydoux-Christe à Pierre Kohler pour le siège PDC au Conseil des Etats. La sénatrice sortante a fait du bon travail, mais le roublard Pierre Kohler s’était aussi révélé un excellent avocat du Jura lors de son passage au Conseil national. Léger avantage à l’ex-maire de Delémont, qui n’a jamais perdu une élection.
Pourtant, l’autre ticket PDC, concernant le Conseil national cette fois, promet une lutte tout aussi intéressante. Jean-Paul Gschwind part certes favori, mais sa colistière Karine Marti pourrait créer la surprise. Parce que le premier n’a convaincu personne sous la Coupole. Et parce que l’ancienne Madame Egalité et actuelle cheffe de l’Office jurassien des véhicules mène une campagne aussi active que décomplexée.
A gauche, les jeux sont faits. Les deux socialistes sortants, Pierre-Alain Fridez (Conseil national) et Claude Hêche (Conseil des Etats), n’ont rien à craindre.
Berne Les vertes tremblent
Deux des onze femmes de la députation sont en danger dans un canton qui ne comptera plus que 25 conseillers nationaux: Aline Trede ou Christine Häsler chez les Verts et Kathrin Bertschy chez les Vert’libéraux. Côté romand, Manfred Bühler a de bonnes chances d’y représenter le Jura bernois.