Zoom. Les journalistes Etienne Dubuis et Véronique Marti ont sillonné la Russie. Et signent un ouvrage qui retrace en images et en mots leur parcours de 9355 kilomètres.
Sou’al Hemma
«La Russie, ce n’est pas que la guerre. C’est aussi une histoire bouleversante, une géographie sans pareil, des gens fascinants… Allez-y!» Slogan publicitaire? Loin de là. Etienne Dubuis ne cherche pas à faire de la propagande. Ni à se retrouver catalogué de «pro-Poutine». Mais il n’en démord pas: le plus grand pays du monde mérite le détour. Lui, ce journaliste souriant à l’air toujours calme, y a passé un mois à l’été 2011, avec son fils, Vincent, alors âgé de 14 ans, et sa compagne, la journaliste à la RTS et photographe Véronique Marti. Quatre ans plus tard, le couple signe La Trans-sibérienne, un ouvrage qui relate ce périple qui les a menés de la place Rouge de Moscou jusqu’aux rives du Pacifique, en passant par les montagnes de l’Oural et les plaines de Sibérie: 9355 kilomètres de route parcourus en cent cinquante-six heures, à bord de 17 bus et treize voitures. Car c’est là la spécificité de cette aventure: elle a suivi la ligne du Transsibérien mais s’est déroulée sur l’asphalte.
Accueil, attention et chaleur
«Contrairement à l’usage, nous n’emprunterons ni l’avion ni le train. Nous prendrons la route, rien que la route, toute la route», écrivait ainsi Etienne Dubuis dans les pages du quotidien Le Monde avant son départ. Il n’aura fallu que quelques mots pour que naisse cette idée, quelques lignes d’une dépêche d’agence qui, annonçant l’inauguration du tronçon entre Tchita et Khabarovsk, a titillé la curiosité de cet homme féru de voyages depuis son plus jeune âge: cette route «était-elle aussi réussie que les autorités russes le prétendaient ou n’était-elle qu’un avatar moderne des «villages Potemkine», ces façades fabriquées de toutes pièces, selon la légende, par un amant de l’impératrice Catherine II pour cacher des réalités misérables?» se demande-t-il dans les premières pages de La Transsibérienne. Sur place, le trio a obtenu la réponse recherchée. Et bien plus encore. L’élément le plus marquant? L’accueil, l’attention et la chaleur des habitants. A l’image de cette famille qui, de manière spontanée, les a invités chez eux, à Ichim, le temps d’un repas et d’une nuit dont Etienne Dubuis garde un souvenir très touchant.
Au fil des photographies de Véronique Marti et des mots signés d’Etienne Dubuis, La Transsibérienne retrace leurs découvertes. Dix-huit chapitres qui présentent la profondeur et l’immensité de ce pays encore si méconnu. Les notes de base, complétées d’une multitude de précisions historiques, politiques et économiques, donnent à l’ouvrage des allures de guide de voyage. Les a priori tombent. Les deux auteurs, qui rêvent de mettre un terme à la mauvaise réputation et à la dangereuse diabolisation dont souffre cet Etat, réussissent leur pari. Et offrent avec leur livre «un pont entre la Russie et nous».
«La Transsibérienne. La Russie par la route, de Moscou à Vladivostok». De Véronique Marti et Etienne Dubuis. Ed. Slatkine, 184 p.