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La cote d’amour du Conseil fédéral

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Jeudi, 19 Novembre, 2015 - 05:59

Sondage. S’il en avait la prérogative, qui le peuple choisirait-il de maintenir au gouvernement ou de renvoyer à la maison? Quels sont les ministres les moins appréciés et ceux dont l’action politique est la mieux jugée? A trois semaines de l’élection des membres de l’exécutif, notre sondage, qui confronte les avis des Alémaniques, des Romands et des Tessinois, réserve quelques surprises éclairantes.


 

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L’une a décidé de partir, il faut donc lui trouver un remplaçant, et les spéculations sur le nom du futur heureux élu vont bon train. Mais le 9 décembre prochain, c’est bien l’entier de notre équipe gouvernementale que l’Assemblée fédérale, «Chambres réunies», selon l’expression consacrée, est chargée de composer. Une tâche centrale qui amène à s’intéresser au bilan de chacun, pour savoir s’il est digne de gouverner et d’incarner un septième du pouvoir helvétique quatre ans encore.

Ou du moins devrait… car une tradition bien établie sous la Coupole consiste à réélire les conseillers fédéraux qui le demandent, à moins d’avoir profondément démérité (ce fut le cas de Christoph Blocher en 2007) ou que les équilibres politiques, issus des élections législatives, privent l’un ou l’autre de sa légitimité (Ruth Metzler en 2003).

Les parlementaires décideront donc, mais que ferait la population à leur place? Que pensent les citoyens de ceux qui les gouvernent? Qui apprécient-ils? Qui les convainc moins? Quelle est la cote de satisfaction du gouvernement?

En collaboration avec il Caffè, L’Hebdo a lancé un sondage pour répondre à toutes ces questions de manière détaillée, et disposer de clés de lecture régionales. Lorsqu’il s’agit d’évaluer l’action de nos ministres, les avis des Romands, des Alémaniques et des Tessinois divergent-ils ou convergent-ils?

Tessinois très fâchés

Les résultats de l’enquête d’opinion conduite par l’institut M.I.S Trend sont pleins d’enseignements et réservent quelques bonnes surprises, comme la première place des deux Romands, Didier Burkhalter et Alain Berset. Mais d’autres tendances, plus désagréables, émergent: Johann Schneider-Ammann, chargé de l’Economie et de la Formation (deux secteurs vitaux pour le maintien de la prospérité générale), ne convainc pas. Le libéral-radical bernois, qui va devenir président de la Confédération en 2016, ne serait pas réélu par le peuple; dans leurs jugements, les Tessinois se montrent très sévères avec le gouvernement, un signe de colère, d’inquiétude et de désarroi, qui devrait déclencher une réponse politique d’envergure dans la prochaine législature.

Cote de satisfaction

Six sur dix, c’est la moyenne. Les Suisses sont dans l’ensemble satisfaits de l’action du collège gouvernemental, mais sans plus. Lors de précédentes enquêtes menées pour nos confrères de L’illustré, en 2011 par exemple, la cote d’amour des Sages flirtait avec les 80%. Une année après le sauvetage d’UBS, en 2009, elle s’était effondrée en dessous des 40%. La comparaison doit toutefois être nuancée, explique Mathias Humery, directeur associé de M.I.S Trend, puisque le sondage inclut désormais les Tessinois, qui se montrent plus durs dans leurs appréciations. Normal, ils n’ont plus de représentant au Conseil fédéral depuis le retrait de Flavio Cotti en 1999, et ils se sont beaucoup plaints qu’aucun ministre ne leur avait rendu visite avant la votation du 9 février 2014.

Les Romands sont plus positifs sur l’action gouvernementale que les Alémaniques et les Tessinois, peut-être parce que leurs deux ministres sont aussi parmi les plus appréciés.

Compte tenu de la bonne tenue collégiale des sept Sages, on aurait pu s’attendre à une meilleure note. L’opinion semble marquée par les inquiétudes dues au franc fort, à la crise migratoire et à la mise en œuvre de l’initiative «Contre l’immigration de masse», qui hypothèque la poursuite des relations bilatérales avec l’Union européenne.

Il faut voir ce résultat comme le signe que le gouvernement n’a pas encore apporté à toutes ces questions des solutions claires qui rassurent la population.

De fortes personnalités

Sur la composition du Conseil fédéral, la population est moins fétichiste que la classe politique. L’octroi d’un second siège à l’UDC divise les Suisses. En revanche, la présence de trois Romands au gouvernement serait acceptable pour une courte majorité, alors que l’absence d’un Tessinois ou d’un Vaudois au sein du collège depuis plus de quinze ans n’est pas ressentie comme un problème grave. Les indices concordent: l’essentiel pour le souverain est que ses gouvernants aient l’étoffe du poste. Seule compte la qualité des personnalités, l’appartenance partisane ou régionale doit être relativisée.

Le courage paie

Si l’on considère la performance de chacun des ministres, force est de constater que ceux et surtout celles qui ont géré les dossiers les plus difficiles recueillent l’estime des Suisses: Eveline Widmer-Schlumpf est très bien notée, ce qui devrait faire réfléchir ceux qui lui reprochent d’avoir été la «fossoyeuse du secret bancaire». Manifestement, les Suisses ont aimé son sens des réalités, son pragmatisme, sa détermination et son courage.

Son exemple prouve que l’on peut être populaire tout en menant des politiques complexes voire impopulaires. La remarque vaut aussi pour Alain Berset et Doris Leuthard, qui portent deux réformes essentielles, celles de notre système de prévoyance et de la transition énergétique, et qui seront les ministres les plus exposés aux changements de cap de la nouvelle majorité au Conseil national, plus à droite que la précédente.

Présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga n’a pas vraiment engrangé les dividendes que la fonction confère à son titulaire, et dont son prédécesseur, Didier Burkhalter, profite encore.

Comme Johann Schneider-Ammann, Ueli Maurer n’est pas très apprécié des Suisses. Ses piètres notes montrent qu’il ne suffit pas d’être UDC pour être un conseiller fédéral convaincant et respecté. La légitimité n’est pas un gage de qualité.


Fiche Technique

Sondage réalisé sur l’internet du 3 au 5 novembre 2015 par l’institut M.I.S Trend, à Lausanne, auprès de 1259 citoyens suisses âgés de 18 ans et plus, soit 496 en Suisse romande, 543 en Suisse alémanique et 220 au Tessin. Pondération des résultats pour correspondre à la structure démographique de la population suisse. Marge d’erreur sur le total: +/– 2,8% (marge d’erreur pour les sous-groupes régionaux: +/– 4,4% pour la Suisse romande, +/– 4,2% pour la Suisse alémanique et +/– 6,6% pour le Tessin).


Pas de Tessinois au Conseil fédéral?
Le polentagraben est profond

Selon vous, est-ce un problème que le Conseil fédéral ne comprenne actuellement pas de membre tessinois?

La revendication des Tessinois d’avoir un représentant au Conseil fédéral déclenche une empathie très modérée. Si 78,2% d’entre eux considèrent que c’est un problème, les Suisses ne sont que 38,7% à compatir. Le Poltentagraben est profond, même si les Tessinois peuvent compter sur un brin de solidarité latine de la part de 49,8% des Romands.
Dans leur majorité, les Alémaniques (52,6%) ne voient pas le problème.


Pas de Vaudois au Conseil fédéral? 
Et alors?

Selon vous, est-ce un problème que le Conseil fédéral ne comprenne actuellement pas de membre vaudois?

Cela consolera-t-il les Tessinois? Le lamento des Vaudois sur le même thème – eux non plus n’ont plus d’élu au gouvernement, depuis 1998 – émeut encore moins le reste des Confédérés: six sur dix ne voient pas le problème. Mais, retour de politesse entre Latins, les Tessinois sont 49,9% à déplorer cette absence, alors que les Romands ne sont, eux, que 37,3%. Des résultats qui tendent à démontrer que les critères de représentativité régionale s’effacent devant la qualité des élus.
Comme le disait le Valaisan Pascal Couchepin, on est conseiller fédéral pour la Suisse, pas pour son canton.


Combien d’UDC au Conseil fédéral?
Enthousiasme très mesuré pour deux élus

Selon vous, combien faut-il de représentants de l’UDC au Conseil fédéral?

Alors que, de gauche à droite, la classe politique dit admettre la revendication d’un second siège au Conseil fédéral pour l’UDC, les citoyens font preuve de moins d’automatisme: ils ne sont qu’un tiers à penser qu’il faut deux élus pour le parti parvenu en tête des élections au Conseil national. C’est en Suisse alémanique que l’idée est la plus populaire: 37,2%. Les Romands sont 17,8% et les Tessinois 19% à penser qu’il n’en faudrait aucun. L’idée d’en avoir trois ne séduit qu’un Suisse sur dix. Il est à noter que 24,1% des femmes et 33,3% des apolitiques n’ont pas d’avis sur cette question d’équilibre des forces.


Trois Romands au Conseil fédéral?
Pourquoi pas?

Trouveriez-vous acceptable qu’un troisième Romand soit élu au Conseil fédéral?

Cette perspective séduit logiquement 77,1% des Romands eux-mêmes, mais de manière plus surprenante 50,1% des Suisses. Encore un indice que, dans l’absolu, la qualité des élus prime sur la stricte représentation régionale ou cantonale. L’idée enthousiasme plus à gauche qu’à droite. Les jeunes la voient d’un meilleur œil que leurs aînés. Ce résultat ne peut être interprété comme un plébiscite pour MM. Parmelin ou Freysinger, si l’on considère l’enthousiasme très mesuré des Suisses à l’idée d’avoir deux UDC au gouvernement ou la nécessité d’y propulser un Vaudois.

 

         

 

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Christian Grund / Maurice Haas
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